Quand l’opinion se fait par le football, Loftstory et les Guignols de l’info, quand le président sortant refuse de débattre publiquement avec l’adversaire que le peuple a désigné, quand les battus du premier tour ne retirent aucune leçon du scrutin,… peut-on encore parler de ‘démocratie’ ? Vous ne croyez pas qu’il y a tout de même une caste de dirigeants qui essaie de se maintenir au pouvoir ? Si l’on peut avoir des préférences politiques, il ne faut pas non plus être naïf et croire tout ce qu’on dit : c’est la première démarche de toute critique historique. Personnellement, je crois que : 1. beaucoup de gens craignent le peuple,
2. il est impossible aujourd’hui d’être patriote et réactionnaire sans être traité de fasciste,
3. cette expression (‘fasciste’) est utilisée à tort et à travers pour insulter les gens qui ne pensent pas comme nous,
4. on fait beaucoup de procès d’intention (regardez l’Autriche, Israël, le Danemark, l’Italie et même les USA : l’extrême-droite est au pouvoir, et ça se passe très bien),
5. en France, le clivage gauche-droite est encore très présent : vous avez l’habitude des oppostions violentes, et non la pratique des coalitions (en Suisse par exemple, tous les partis sont au pouvoir ; en Belgique, il y a une coalition libéraux-socialistes-écologistes qui a mis le parti catholique (jusqu’alors au pouvoir depuis un siècle) dans l’opposition).
6. il y a un tabou sur l’immigration : or, tout peuple DOIT la contrôler, sinon il sera submergé par tous les malheureux du monde, perdant ainsi son identité, c’est ce qui s’est produit en Europe
(où l’on a introduit l’idée américaine de ‘tous égaux’ , or c’est oublier que les USA sont (était) un pays SANS identité). Chaque musulman est un problème, car il ne s’intégrera jamais, il sera toujours avant tout, pour lui, un membre de la communauté musulmane (ce qu’ils appellent l'”umma” je crois), et leur religion permet le terrorisme (on l’a vu avec le 11 septembre et les événements de Palestine). C’est un problème grave, à ne pas traiter à la légère. J’ai personnellement été horrifié quand j’ai vu des manifestations en France aux terroristes d’Arafat, du Hamas et du Hezbollah : toutes ces images de haine, de violence,… Pour un peu on se serait cru au Liban.
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Je citerais pour appuyer mes propos l’écrivain Max Gallo, un gaulliste de gauche :
“Je suis frappé, en effet, de ne découvrir que des antigaullistes. Ce n’est pas étonnant. De Gaulle n’a finalement jamais rencontré l’appui des élites. La presse était toujours contre lui, y compris Le Figaro où il aurait pu trouver un soutien. Je ne parle pas de la presse de gauche, Le Monde par exemple, qu’il appelait d’ailleurs L’Immonde . Cette défiance des élites à l’égard du Général trahit leur désintérêt à l’égard du destin national. Comment l’expliquer ? Je crois que les élites françaises de droite et de gauche restent hantées par le souvenir de la Révolution française. 1789 marque l’irruption, barbare par certains côtés, du peuple comme force irrépressible dans la vie politique. Il faut penser à ce qu’à représenté — pas seulement pour Chateaubriand qui le dit à merveille, mais aussi pour des tas d’autres gens — la brusque irruption de cette marée dans les rues, avec le saccage des statues, des églises, l’effondrement d’un monde. Tout cela a été redoublé par les épisodes révolutionnaires du XIXe, notamment la Commune de Paris, qui a traumatisé les intellectuels français. Ce peuple incontrôlable a entraîné une grande-peur des bien-pensants. Cela s’est passé une nouvelle fois en décembre 1995 avec des dirigeants qui ne comprenaient pas pourquoi le peuple descendait dans la rue. Pour les élites, la construction européenne est d’ailleurs le moyen de faire accepter par la France les mesures qu’elles regardent comme rationnelles et qu’elles ne peuvent pas faire adopter autrement. N’oublions pas cette preuve de la folie du peuple français qu’étaient les 25% d’électeurs communistes dans les années 50 ! C’était une démonstration supplémentaire que ce peuple n’était pas rationnel ! On le voit bien dans les discours de Giscard, qui veut en finir avec les oppositions permanentes et s’appuyer sur un groupe central.”
“Pour se débarrasser de l’idée de nation, il y a le Front national, dont la fonction médiatique semble de salir tout ce qu’il touche. Aujourd’hui, même les républicains patriotes qui se réclament de Danton, Clémenceau et Jean Moulin sont accusés de se laisser lepéniser
-C’est vrai que le Front national est bien utile à ceux qui font semblant de croire que tout patriote est un lepéniste. La force du Front national, c’est d’ailleurs d’avoir su exploiter le trouble sur l’avenir de la nation. A la Libération, le Front national , c’était le nom des résistances unies d’extrême gauche. La récupération d’un sentiment patriotique qui n’avait rien à voir avec l’extrême droite est évidente. Et puis il y a les problèmes concrets, en particulier le chômage. Mais je suis de ceux qui pensent que si le chômage baissait, le Front national ne baisserait pas pour autant. C’est une erreur d’imaginer que la cause principale de la montée du Front national sont les difficultés économiques dans lesquelles se trouvent aujourd’hui plongés un certain nombre de gens. Le Front national perdure parce que c’est le seul parti politique qui tient un discours fort sur la nation, même s’il parle d’une nation que je n’aime pas. Après cela, c’est vrai que les patriotes républicains ont en face d’eux des gens qui sont très contents de renvoyer le gaullisme, Jeanne d’Arc dans les bras du Front national. Est-ce que la captation de l’héritage national dans ses aspects caricaturaux par le Front national est suffisant pour discréditer l’idée de nation ? Est-ce que le fait que Jeanne d’Arc caracole aujourd’hui devant le défilés du Front national interdit de se référer à elle ? Je répond à ces questions dans un petit livre intitulé L’amour de la nation expliquée à mon fils qui paraîtra en janvier 1999. Qu’est-ce que ça signifie, aujourd’hui, être Français ? Est-ce que ça a un sens ? Lorsqu’on dit La France est notre patrie, mais l’Europe est notre avenir , comme Mitterrand, on sous-entend que la France n’a pas d’avenir. C’est d’ailleurs une des principales justifications de la construction européenne. Cela pourrait avoir une réalité. Nous pourrions voir les nations s’effacer les unes après les autres. Mais ce n’est pas du tout le cas.”
“Nous traversons une période de réaffirmation de la réalité nationale, hélas, définie souvent par l’ethnie et la religion. Les nations s’affirment. Cela va être de plus en plus vrai. Je suis persuadé qu’une nation comme l’Allemagne va désormais se donner des objectifs explicitement nationaux. Dans la construction européenne, comme elle se fait depuis cinquante ans, on peut d’ailleurs lire une réussite exemplaire, extraordinaire de la politique extérieure allemande. Les dirigeants allemands ont réussi à faire sortir leur pays de l’ostracisme et de la culpabilité, ils lui ont redonné une place économique de premier plan, ils ont réussi la réunification sans conflit. Cinquante ans après la fin de la guerre, l’Allemagne se retrouve avec presque toutes les cartes du jeu de la politique internationale entre les mains. Elle est aujourd’hui capable d’obliger ses partenaires à faire l’Europe à son prix, avec la Banque centrale à Francfort et un directeur qu’elle choisit. Le retour de la capitale à Berlin va d’ailleurs recentrer l’Allemagne à l’intérieur de l’Europe, à trois cent kilomètres de Varsovie. Au terme de ces cinquante années, la France n’a plus de cartes dans son jeu. Il y a des raisons qui tiennent à l’incapacité, à l’incompétence ou à l’aveuglement de nos gouvernants, mais il y aussi des circonstances objectives, comme ce qui se passe en Afrique du Nord, en Afrique Noire ou en Russie et qui nous privent de certains atouts.”
” La mise en place d’une monnaie unique européenne semble aujourd’hui inéluctable. Vous n’êtes pourtant pas de ceux, qui devant le fait accompli, se sont ralliés à l’euro ?
-L’euro sous-entend l’Europe fédérale, c’est-à-dire l’émiettement de la France en régions et le triomphe du communautarisme. Je ne suis certes pas en mesure de l’empêcher, mais je ne peux pas l’accepter. Libéralisme, fédéralisme, communautarisme : les trois piliers de l’Europe sont étrangers à l’Histoire de France. Je sais qu’il y a des gens pour s’en féliciter. On parle beaucoup de Charles Millon à cause de ses alliances avec le Front national. Je trouve tout aussi grave qu’il ait passé, lors de sa mandature précédente, un accord de politique agricole avec la Lombardie, la Bavière et la Catalogne et conçu une politique agricole qui échappait à la fois à Paris et à Bruxelles. Dans la construction européenne telle que nous l’avons acceptée, la France est assurément le pays qui souffre le plus dans son essence. Avec son système centralisé, sa république laïque et sa citoyenneté, la France est en totale discordance avec l’Allemagne, l’Angleterre et l’Italie. Telle qu’elle s’est bâtie, notre nation est une conquête, un lien individuel librement consenti d’individus qui adhèrent à des principes en échange de quoi ils ont des droits, mais aussi des devoirs. C’est cet ensemble là qui est remis en cause. Les appartenances sont désormais tribales, ethniques, religieuses. L’intégration n’existe plus. On ne peut pas demander à un immigré de s’intégrer à la France alors qu’on dit que la France doit se dissoudre dans l’Europe. Pourquoi un Tunisien, un Algérien ou un Malien chercherait-il à s’intégrer dans un pays en train de se désintégrer ? Je trouve qu’ils le font encore beaucoup.”