Wonder Woman
(2009)(Scénario : Michael Jelenic – Réalisation : Lauren Montgomery)
“Follow the path of misery, of death and destruction and you will find Ares. May Gaïa be with you, Diana. All of Themyscira, all of the world, depends on you.”
Après des décennies d'esclavage, les Amazones sont en guerre contre Arès, le dieu de la guerre, et son armée de géants, cyclopes, minotaures, et autres monstres…
Alors qu'Hippolyta, la reine des Amazones, s'apprête à tuer Arès (après avoir décapité son propre fils, fruit du viol d'Arès), Zeus apparaît et lui ordonne de ne pas tuer son fils. Héra intervient aussi pour lui demander de garder Arès prisonnier. Elle pose des bracelets au dieu de la guerre qui le privent de ses pouvoirs divins et le ramènent au statut de mortel. Seul un dieu pourra les retirer.
Hippolyta contemple les pertes de son peuple. Ses hommes, sa terre, et maintenant sa vengeance.
Héra lui offre alors une nouvelle vie, sur une île nommée Themyscira, ou Paradise Island, où elles seront protégées du monde chaotique des Hommes et des ravages du temps. Là-bas elles pourront se créer leur utopie.
Enfin, elle lui promet qu'un jour elle se verra accorder son vœu d'avoir un enfant réellement désiré.
C'est donc sur Themyscira que quelques temps plus tard, Hippolyta créé un bébé modelé dans la terre, lui donne son sang, et l'éclair de Zeus lui donne la vie. Diana est née.
Plusieurs années ont passé. Diana est une jeune femme maintenant. Elle souhaiterait être un pont entre le monde des amazones et celui des hommes, mais sa mère considère ces derniers comme “mauvais, déloyaux, et par-dessus tout indignes de confiance“.
Quelques temps après, un accident intervient, Steve Trevor.
Pilote d'avion de combat, il se trouve avec deux de ses équipiers, attaqué juste au-dessus de l'île des amazones par des avions ennemis. Il est le seul rescapé, et sur un coup de tête, Hippolyta rend un instant son île visible, ce qui permet à Trevor d'atterrir sur Themyscira en catastrophe.
Après avoir fait la connaissance des autochtones, d'abord de manière douce (en épiant quelques donzelles près d'une cascade), puis de manière forte (Diana et Artémis), le voilà capturé. Constatant qu'il n'est pas une menace pour leur sécurité, la reine décide de le renvoyer dans son monde. Et celle qui l'accompagnera en tant qu'ambassadrice du peuple amazone sera choisie au terme d'une série d'épreuves, comme c'était le cas dans les anciens temps.
Alors que Diana remporte toutes les épreuves, Arès réussit à s'échapper de sa prison, grâce à une aide extérieure.
Le voyage de Diana aura donc un second but : Retrouver Arès et en finir avec lui.
Arrivée à New-York avec Trevor, Diana va donc découvrir le monde des hommes.
Comme toutes les amazones, elle a été élevée comme une guerrière. La façon dont elle explique à une petite fille qui veut jouer à l'épée avec les garçons comment tuer fait froid dans le dos !
Diana ne comprend pas évidemment les relations et les codes entre hommes et femmes. C'est assez comique de voir sa réaction lorsque Steve se fait draguer par Atta Candy ! 😂
Il y a aussi l'intérêt de voir le regard critique qu'elle porte sur la société moderne, lorsqu'elle parle du conditionnement des femmes à qui on apprend dès la naissance qu'elles ne peuvent pas faire certaines choses, ou qu'elles doivent utiliser leur féminité pour manipuler et négocier avec les hommes.
Cependant, ce regard acerbe ne se fait pas dans un seul sens, puisque Steve Trevor lui fera remarquer qu'elle condamne assez vite les hommes, alors qu'elle ne les connaît que depuis peu, et que les amazones ne sont pas non plus un peuple modèle (surtout question discrimination).
Cette critique du peuple amazone se fera même de l'intérieur, avec le personnage de Perséphone, qui reproche à Hippolyta d'avoir tourné le dos à la race des hommes, et ainsi à la famille et aux enfants, privilégiant le statut de guerrière à celui de femme.
L'un des nombreux points forts du film, c'est le traitement des méchants de l'histoire, qui ne sont pas dirigés uniquement par leur statut de vilains. Ils ne sont que le résultat du mode de vie des amazones.
Arès est bien sûr guidé par son état de dieu de la guerre, sa soif de destruction et de carnages. Mais pas seulement. Il nourrit aussi une vengeance à l'encontre de celle qui a décapité son fils, ainsi qu'un certain amour pour celle avec qui il a partagé sa solitude pendant ses années de captivité.
Quant à Perséphone, elle trahit son peuple pour avoir ce qu'elle n'aura jamais chez les amazones : Une famille, des enfants, une personne qu'elle aime.
De plus, les comportements des héros ne sont pas non plus exempts de tout reproche.
Artémis est intolérante envers Alexa, car cette dernière ne supporte pas la guerre et privilégie la lecture de “philosophes décédés“. Elle est très dure et ne reconnaît que les faits d'arme.
La reine Hippolyta a certes subi de terribles outrages de la part d'Arès (dont un viol à peine révélé), et elle mérite amplement sa vengeance. Mais le sort qu'elle fait subir à son propre premier enfant sans aucun remords est assez terrifiant en soi. Elle ne fait preuve d'aucune pitié et est extrême dans la plupart de ses décisions.
Par ces représentations contrastées, le film ne verse ainsi jamais dans le manichéisme primaire, à l'instar de la mythologie grecque, qui représentait les héros comme des guerriers ayant accompli des faits d'armes mais aussi de terribles meurtres (Héraclès était par exemple loin d'être un modèle de vertu).
Il y a dans ce film un air de tragédie grecque. Aucun des deux camps n'est totalement innocent. C'est une histoire de mythes, de parricide, de matricide, de jeux divins (voir la terrible scène de la rencontre entre Arès et Hadés), de manipulations, de complots, de meurtres, de péripéties !
Quelques passages comiques ponctuent le film, surtout dans la relation entre Steve et Diana, ou avec les amazones. Il y a un gimmick qui revient continuellement sur un mot particulier de Trevor que les amazones ne connaissent pas, et que Diana utilisera assez fréquemment ! 😂
En définitive, Wonder Woman est un film absolument épique, tragique et magistral ! Pas une seule fausse note ne vient ternir cet opéra !
Tout y est magnifique, du chara-design aux décors, de la mise en scène aux chorégraphies de combat ! Et la musique est un enchantement pour les oreilles !
Des chœurs dans le prologue, de puissantes percussions aux morceaux plus intimistes, y a rien à jeter ! Christopher Drake signe ici l'une de ses plus remarquables partitions du DCUAOM !
Question doublage, là encore, aucune fausse note ! Que ce soit Keri Russell (Diana), Nathan Fillion (Steve Trevor), ou encore Alfred Molina (Arès), Tara Strong (Alexa) et Rosario Dawson (Artémis), on est dans le haut du panier de ce qui peut se faire dans le genre !
Wonder Woman est un film incontournable, qui n'a malheureusement jamais atterri par chez nous ! Il ne reste plus qu'à espérer qu'un jour Urban Comics pensera à sortir cette perle en complément d'un comic sur la Princesse Amazone, comme ils ont pu le faire avec All-Star Superman (qui avait une vf) et bientôt avec Crisis on Two-Earths (qui n'en a pas) !
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead