Scénario : Dwayne McDuffie – Réalisation : Sam Liu et Lauren Montgomery
Basé sur le comic JLA : Earth 2 de Grant Morrison et Frank Quitely.
"I'm here because I'm the best of the bad. Anybody who've ever stood in my way is dead. Everybody !"
Sur une autre Terre, Luthor est le leader de la Ligue de Justice, dont il est aussi le dernier survivant. Tous les autres membres ont été tués par un groupe de surhommes, connus sous le nom de Syndicat du Crime, qui règnent par la peur. Si les pouvoirs en place font mine de les ignorer afin de maintenir l'ordre (n'ayant comme seul moyen de dissuasion que la menace nucléaire), le syndicat apprécie de moins en moins cet état de fait.
Le Syndicat du Crime fonctionne comme une organisation mafieuse. Les six super-vilains (Ultraman, Owlman, Superwoman, Power Ring, Johnny Quick, le Martien J'edd J'arkus) sont chacun le boss d'une "famille", ayant chacun à ses ordres des milliers de criminels.
Les lieutenants les plus dignes de confiance se voient offrir en récompense des super-pouvoirs, ils sont alors appelés "Made Men".
Owlman a fini son "Projet Damoclès", une arme qui met un terme à la dernière once de pouvoir qui restait au gouvernement. Plus rien n'empêche le Syndicat du Crime de prendre le pouvoir sur Terre.
Après avoir dérobé au Syndicat un élément important de ce projet, Luthor réussit à traverser les dimensions pour demander l'aide d'une autre Ligue de Justice.
Si la plupart des membres de la Ligue décident de venir en aide à cette autre Terre, Batman déclare qu'ils ont déjà assez à faire avec leur monde.
"You take care of Ultraman's pal, I got the big guy."
Crisis on Two Earths est le deuxième film réunissant la Ligue de Justice dans le DCUAOM, après Justice League : The New Frontier. De par son côté précurseur, il a essuyé quelques plâtres (notamment dans son rythme et son équilibre). Il s'en sort plutôt bien, mais !
Les graphismes sont plus que plaisants, avec un chara-design très agréable à l'oeil. L'animation est assez fluide. Les scènes de combat ne sont pas les meilleures du DCUAOM (que ce soit par leur chorégraphie ou leur durée de mise en scène, je leur préfère Justice League – Echec, Superman / Batman – Apocalypse et Justice League – Flashpoint Paradox, par exemple), mais elles sont quand même très bien fichues.
On appréciera aussi quelques petites références par-ci par-là, comme Jimmy Olsen dans la Terre d'Ultraman, appelé "Ultraman's pal", ou encore le singe du Jester appelé "Harley", qui apportent un surplus de "vie" bienvenue à ce monde parallèle !
Le doublage comporte quelques surprises, comme James Wood qui apporte à Owlman un timbre particulier lui conférant tout son charme, ainsi qu'une aura de mystère des plus bienvenues !
Dans le même ordre d'idée, James Patrick Stuart, dans le rôle de Johnny Quick, le bolide du Syndicat, lui apporte un accent difficilement compréhensible, lui donnant un côté rigolo de service.
Gina Torres apporte à Superwoman une véritable présence et un côté dure à cuire de fort bon aloi ! ^^
Mais passé ces trois voix marquantes, le casting est un peu pâlichon pour le reste des supers, je trouve. William Baldwin dans le rôle de Batman et Mark Harmon dans celui de Superman sont loin d'être inoubliables.
Nolan North campe à la fois Green Lantern et son alter-ego criminel Power Ring, sans que cela choque, vu que de toute façon, ce dernier ne doit pas avoir quatre lignes de texte dans tout le film. Là encore, on est loin de l'excellente interprétation de Nathan Fillion dans plusieurs des autres films du DCUAOM mettant en scène Hal Jordan, ou même de Josh Keaton dans Green Lantern TAS, qui est ici la voix d'un Flash très Wally Westien !
Vanessa Marshall, de son côté, s'en tire bien mieux en Wonder Woman (elle a d'ailleurs repris le rôle pour Flashpoint Paradox).
La bande-son du film a des accents parfois très space-opéra ! Christopher Drake, habitué du DCUAOM, accompagne ici James L. Venable, connu pour avoir oeuvré sur des séries telles que Le Laboratoire de Dexter, Samurai Jack ou encore le film des Super Nanas, ainsi que sur certains films de Kevin Smith (comme les deux Clerks et Jay and Silent Bob Strike Back).
Ce qui me gêne dans ce film, en fait, c'est surtout le peu de temps alloué à certains de nos super-héros.
Wonder Woman a son quota de baston, mais elle n'a guère beaucoup de répliques. Idem pour Green Lantern. Le Limier Martien a une histoire intéressante avec la fille du président des états-unis (un certain Slade Wilson !), mais ça reste superficiel jusqu'au bout. Quant à Flash, il est essentiellement présent pour la vanne… et pour le développement d'une sous-intrigue : Batman est-il l'être monolithique et associal qu'il tend si fortement à montrer tout au long du film ? Oui, il y a une réponse à cette question qui mine le pauvre petit Flash ! Une réponse qui bien sûr fait également écho au pendant négatif de Batman, Owlman.
L'intérêt du film est bien évidemment dans cet effet miroir (littéralement, les organes sont inversés dans le corps de Luthor par exemple) que renvoie cette Terre parallèle, où les rôles sont inversés.
Et d'ailleurs, je parlais de certains des super-héros en retrait, mais l'effet miroir marche aussi dans ce sens, avec le Syndicat du Crime ! Parce que malheureusement on n'a guère le temps de s'attarder sur le passé des personnages du Crime Syndicate, ce qui les rend assez nébuleux. Hormis Ultraman, Superwoman et Owlman, les autres font presque de la figuration, et ne parlons pas de J'edd J'arkus !
Le fait est qu'il y a plus de place pour l'action que pour la parlote, ce qui devrait plutôt encourager Warner à rallonger la durée moyenne des films du DCUAOM à 1h30, plutôt qu'une heure quinze, surtout dans une histoire mettant en scène la Ligue de Justice.
En ce qui concerne la confrontation pure et dure super-héros contre super-vilains, Justice League – Echec est bien mieux maîtrisé, puisqu'il accorde à chacun de vrais moments où ils sont mis en valeur.
"- If we're really alike, you know this is wrong… you must have been a good man once.
– No. Not good. After all, I'm only human."
Cependant, il faut aussi reconnaître que le film offre une intéressante vision du pendant maléfique de chaque héros DC (quand celui-ci est développé), plus particulièrement pour la Trinité (Batman-Superman-Wonder Woman). La confrontation Batman / Owlman est à ce sujet très intéressante.
Owlman est au centre du film. Opposé de Batman, c'est un personnage profondément nihiliste. Il veut détruire les mondes parce que rien n'a d'importance. Peu importe le choix que l'on fait, sur une autre Terre, c'est l'autre choix qui est fait. Ce qui réduit l'être au néant, à moins que le néant. Il pense qu'il existe une Terre originelle (la Terre-Prime) et que s'il trouve et détruit cette Terre en particulier, toutes les autres seront aussi détruites. Voilà heureusement le personnage le plus développé parmi les super-vilains (avec Superwoman), nous emportant totalement dans l'histoire et sa dernière ligne droite, renvoyant Ultraman a un rôle de marionnette pathétique (voire d'épouvantail) n'ayant finalement que peu d'emprise sur le film !
Justice League : Crisis on Two Earths est en définitive un très bon film, qu'on prend plaisir à revoir. Mais il souffre d'un déséquilibre visible entre action et dialogues, certainement dû à son roster trop conséquent de supers et surtout sa durée trop faible pour un tel contenu.
On sent bien que le film se cherche, mais qu'au final il se trouve le fondement coincé entre deux chaises. Restent quelques magnifiques scènes de combat, un humour parfois lourd, mais pas toujours, et surtout une confrontation finale Batman / Owlman qui vaut à elle seule le visionnage du film ! A voir donc ! <img src="style_emoticons//happy.gif” style=”vertical-align:middle” emoid=”^_^” border=”0″ alt=”happy.gif” />
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead