Réalisation : James Tucker – Scénario : Bob Goodman – Musique : Kevin Kliesch
“J'incarne la puissance et la connaissance de dix milles mondes. Je suis chair et métal. Je deviens la somme de tout ce qui existe. Quant à toi, ton arrivée n'est qu'une rare occasion de me divertir.”
Un jour comme un autre à Metropolis : Loïs Lane est prise en otage par un commando de braqueurs de banque (ou je sais pas quoi d'autre, c'est assez flou). Mais cette fois, c'est Supergirl qui vient à son secours, devançant son cousin occupé avec un volcan quelque part ailleurs. Loïs est tellement habituée à être embringuée dans des situations périlleuses qu'elle serait certainement plus inquiète d'arriver à l'heure pour un rendez-vous.
Et c'est ce qui gêne Clark Kent, qui le lui fait savoir. Quant à Loïs, elle reproche à Clark de la surprotéger, arguant qu'elle peut très bien s'occuper d'un dragueur lourdaud comme Lombard. Elle lui fait aussi part de son envie d'officialiser leur relation et de faire savoir à tout le monde que Loïs et Clark vivent ensemble. Mais ce dernier élude le sujet, lui faisant comprendre que cela l'exposerait à un trop grand danger.
Quant à Kara (Supergirl), elle souffre du mal du pays bien plus que son cousin, ce qui est normal puisqu'elle était adolescente lorsque Krypton a explosé (et elle l'est toujours en fait, pour elle il ne s'est passé que quelques mois depuis cet évènement ! Un trou de ver l'a fait arriver sur Terre des dizaines d'années après son jeune cousin Kal-El).
Bref, pour Superman et les femmes de sa vie, c'est quelque peu compliqué.
Dans le même temps, un OVNI s'écrase sur Terre, près de la ville de Phoenix. Cet OVNI s'avère en fait être un robot, dont Superman parvient à se débarrasser. Kara reconnaît ce robot. Une armée de machines de ce genre furent envoyées par un certain Brainiac et ont littéralement emporté la ville de Kandor sur Krypton.
Le père de Kara, Zor-El, a étudié ces robots dans l'espoir d'éviter une autre invasion. Superman décide de continuer son oeuvre et de partir à la recherche de ce Brainiac afin de retrouver Kandor et ses habitants.
Grâce aux recherches de Zor-El, Superman découvre que Brainiac est un extra-terrestre dont l'objectif est de s'emparer “d'échantillons” des planètes proches de leur extinction, c'est-à-dire d'une de leurs plus grandes villes ainsi que de ses habitants, ceci afin de garder une trace de leur existence. Ces villes sont réduites à la taille de bibelots, ou d'objets décoratifs dans le vaisseau de Brainiac, faisant de lui le collectionneur le plus glauque et le plus dérangé de l'histoire de l'univers… juste derrière ce type.
Bref, la rencontre entre Superman et Brainiac promet son lot de mandales et de phrases-chocs !
“Franchement… tu te places au centre de la galaxie ! Tu es un petit peu égocentrique, non ?”
Superman contre Brainiac est un film qui s'intéresse autant aux relations développées par Clark Kent / Kal-El qu'à ce que son statut de super-héros implique, combats et sauvetages des masses en détresse ! L'équilibre entre ces deux aspects est plutôt bien trouvé.
Le côté “déphasé” de Kara est peu développé finalement, mais ça n'empêche pas Supergirl d'être touchante, à travers son caractère paumé et sensible, loin de l'insupportable garce égocentrique de Superman / Batman – Apocalypse.
Lois Lane, personnage féminin fort de l'univers DC, est d'une manière générale très fidèlement retranscrite. On remarquera qu'ici son côté “je plonge tête la première dans le danger” est tout autant mis en avant, jouant un peu avec la caractérisation du personnage dans les années 50 pour s'en moquer.
Dommage que ce développement ne soit pas du même niveau pour les autres occupants du Daily Planet. Lombard reste un macho, homosexuel refoulé, Jimmy Olsen un fan de Superman de la première heure, et Perry White un chef colérique qui cache un coeur d'or, et tous ne semblent être présents dans l'histoire que pour donner du relief à Lois Lane.
J'aimerais voir un film de Superman où Jimmy Olsen passe à un rôle de premier plan, pour une fois, et c'est pas les exemples qui manquent dans les comics, même dans Superman TAS d'ailleurs !
De toute façon, le film est centré sur Brainiac, Superman, Supergirl et Lois Lane, et le temps accordé ne peut permettre un autre développement sans que les autres ne perdent leur importance.
Superman fait preuve de grande répartie, et pas seulement face à Brainiac. Ses discussions avec Loïs et Kara ne le font pas passer pour un idiot, mais pour ce qu'il est : Un type quasiment invincible qui s'inquiète pour son entourage le plus proche, parce que Superman, c'est un éléphant qui vit dans un magasin de porcelaine en permanence. Alors forcément, il s'inquiète constamment pour les autres. Il le fait maladroitement, mais pour quelqu'un dont les limites restent floues, ce n'est guère surprenant. De plus, s'il se fait souvent faire la leçon sur sa façon de se comporter avec Loïs et Kara, il a lui aussi des choses à leur reprocher, et c'est ce qui rend leurs discussions vivantes, passant au-delà du simple recadrage du gros bêta mâle face aux femmes bien plus complexes, etc. etc. etc.
Brainiac est un extra-terrestre venant de la planète Colu, dont l'obsession est de sauver, dans le sens de garder une empreinte, sauvegarder, les planètes habitées qu'il croise dans son voyage interstellaire.
C'est un des ennemis de Superman les plus représentés en animation.
Si à la base, Brainiac est cet extra-terrestre à la peau verte, dans l'univers animé de DC, Bruce Timm en a fait l'intelligence artificielle originaire de Krypton, ayant joué un rôle dans la destruction de la planète et surtout la quasi-extinction de ses habitants.
Personnellement, j'ai toujours eu une préférence pour cette idée développée par Timm et Dini, d'avoir créé un lien plus fort entre Superman et Brainiac.
Néanmoins, le Brainiac présent ici, parfaite synthèse entre les différentes versions du personnage (devenu mi-être vivant, mi-machine), animées comme dessinées, et que nous devons à Geoff Johns, est une véritable réussite.
Dans Unbound, il est montré comme un contre-pied de Superman.
Toujours relié à des tubes, ne sortant jamais de son vaisseau dont la forme est ni plus ni moins un crâne, il est un collecteur de données. Sa façon de voir l'univers est propre à celle d'une machine. Il ne considère les êtres vivants que comme des données à sauvegarder, des photos. Dans sa pensée de logiciel, la vie n'est rien d'autre qu'une information, et une fois que la “photo” est prise, l'originale n'a plus aucune raison d'être, aussi il la détruit.
Brainiac s'est tellement assujetti à la machine qu'il s'en est lui-même constitué prisonnier. Le titre Unbound (libre, non lié) du film est à ce sujet une image très parlante sur ce qui différencie Brainiac de Superman.
Brainiac se voit comme le sommet de l'évolution, mais en s'étant lié à la machine, il s'est au contraire coupé de ce qu'elle définit : La vie, l'interaction avec son environnement et d'autres formes de vie, le mouvement..
Du côté de Superman, tout est question d'ajustements. Il doit constamment se redéfinir auprès de ses proches, agir en fonction de leurs sentiments, de leurs envies, tout en écoutant ses propres envies. Un éléphant dans un magasin de porcelaine !
Enfermé dans ce crâne robotique géant, Brainiac s'est réduit au stade de simple organe. Ce n'est plus qu'un… cerveau (brain), le cerveau d'un robot, dont la seule utilité est de collecter des souvenirs.
C'est sur ce point que sa confrontation avec Superman se concentre. Plus qu'un combat physique entre deux forces extraordinaires, c'est un combat d'idées qui a lieu, jusqu'au final qui appuiera le raisonnement de Superman et lui apportera la victoire morale, puisqu'il réussira à prouver à Brainiac qu'il avait tort.
Le Chara-design est spécial, mais à l'image de Superman contre l'élite, on finit par s'y faire, même si le visage très très anguleux de Kal-El me reste toujours perturbant.
Par contre, Kara est elle bien mieux mise en valeur.
Le vaisseau de Brainiac est hyper flippant, parce que peu importe la manière dont il est montré dans le film, ses deux “yeux” donnent toujours l'impression de fixer le spectateur.
Le design intérieur de ce vaisseau, en particulier la zone de stockage de specimens vivants de races intelligentes, rappelle énormément Matrix, que ce soient les tentacules à pinces ou les “cocons rouges”, tout comme le moment où Superman se débarrasse du tuyau enfoncé dans sa bouche.
En définitive, Superman Unbound est un très bon film, qui aurait très bien pu se perdre dans ce jonglage entre deux styles (actioner et film plus intimiste), mais qui s'en tire bigrement bien !
Le doublage vo est globalement bon, surtout la participation de John Noble en Brainiac, qui apporte une dimension supplémentaire à l'extra-terrestre vert. Par contre, pour Superman, j'ai eu du mal avec Matt Bomer…
En VF, ce sont les comédiens habituels pour la plupart, qui sont plus que rodés sur leurs personnages. Ma préférence va néanmoins à Véronique Augereau (Loïs Lane) et Karine Foviau (Raven dans Teen Titans, Artemis dans Young Justice et Carrie Kelley dans The Dark Knight Returns) qui interprète Kara / Supergirl pour la première fois, qui ont su jouer avec les différents aspects des deux femmes !
Les combats Superman / Brainiac sont d'excellente facture et bien mis en scène, en particulier le dernier.
La violence est le plus souvent suggérée, mais il arrive quand même qu'il y ait quelques gerbes de sang peu ragoûtantes.
Le ton est assez différent de la production habituelle du DCUAOM, surtout dans l'humour et les répliques de Superman, même si ça n’empiète heureusement pas sur l'intrigue.
Les relations entre les personnages principaux sont clairement établies, et de plus ne sont pas forcément résolues à la fin. Il y a une évolution notable (surtout entre Loïs et Clark), mais les choses restent en suspens (après tout, on ne sait pas quelle est la réponse de Loïs ici !).
Que dire de plus… à voir ! 😃
"With the first link, the chain is forged. The first speech censured, the first thought forbidden, the first freedom denied, chains us all irrevocably." -Jean-Luc Picard
Star Trek - The Next Generation / The Drumhead