Merci à tous pour les voeux de bon retour, ça n'est pas de trop ! non que je déteste la France, j'adoooore cette atmosphère tendue, hargneuse, ces tronches sinistres dans le métro, chercher un appareil public qui fonctionne, me faire jeter d'une table où on peut mettre 4 personnes dans un café, me faire refuser mon billet de 50, ou insulter pour mes idées, etc., j'aime, j'aime, ça met du piquant dans la vie. Bof, on s'y re-fait vite. Et puis on y trouve de bons amis quand même, sur 64 millions.
Je vais commencer par parler un peu de ce qui nous intéresse le plus, les manga-animé.
Il existe un assez étrange "Musée du Manga" à Kyôto, en centre-ville. Etrange car installé en partie dans les locaux de la plus ancienne école de type occidental au Japon (1869) ; l'université qui a eu la bonne idée de créer ce musée a dû promettre de ne pas anéantir ce patrimoine, et donc on trouve des escaliers bizarres, cloutés en relief pour éviter que les gosses ne dérapent avec leurs geta en bois, le vaste et majestueux bureau directorial lourdement meublé 1930, quelques salles de classe à antiques cartes et pendules aux murs sans gaieté, des photos d'écoliers au crâne rasé et de tous les directeurs posant la mine sévère, des vitrines de manuels scolaires illustrés… qui font lien avec le reste, car ancêtres du manga. En effet, dans les autres zones du bâtiment, des "murs de manga" sont répartis sur 3 étages, et des sièges permettent de les lire. A l'accueil, en bas, une aire est réservée au manga traduit dans le monde, et un présentoir aux BD et comics. Sur ce dernier, bizarrement l'Allemagne et l'Espagne sont un peu mieux représentées que la France : un Sfar (Petit Vampire), un Cosey (Le Bouddha d'Azur), un album de Titeuf, un Morvan / Buchet (Nävis). Quelques comics US aussi, mais pas plus que la France. Notre paradisiaque pays mériterait un peu mieux aussi côté manga traduits, ce "mur de manga"-là laisse la part du lion à la Chine, la Corée et la Thaïlande. Pas loin, un "tableau d'honneur" montre des pages des oeuvres médaillées pour l'"International Manga Award 2010": c'est un Chinois qui a reçu la médaille d'or, puis il y a 3 médaillés d'argent ex-aequo, un Thaï, un Espagnol et (cocorico) un Français, Sylvain Runberg pour "Face Cachée" ; je ne connais pas ces gens, et leur style n'a rien des conventions du manga.
La plus vaste salle du musée est consacrée à l'histoire du manga : 4 murs immenses qui suivent la chronologie depuis les débuts du XXème siècle. Les rayonnages sont d'accès libre à partir de 1970 (avant c'est trop collector et sous vitrines). Bases de données nombreuses consultables, sièges, petits jeux pour enfants, tout le musée est excellemment organisé et ludique. A un étage, un étonnant bonimenteur de kamishibaï donne des séances à heures fixes, très suivies par des gens âgés. Mais lui est un jeune homme, plein de gouaille populaire, fort en gueule, ménageant des effets de surprise, habillé en "gars des rues" à casquette de 1930, dans un décor reconstitué.
Au rez-de-chaussée travaille en temps réel un jeune mangaka, déjà un peu publié d'après ce qu'il m'a dit. Il excelle en effets de profondeur et de mouvement et se nomme Eiyu Kojima.
L'ancienne cour de récré de l'école est recouverte d'une sorte de tapis synthétique où les gens se couchent volontiers, et fait expo d'art moderne en plein air, dans le genre farfelu et ludique. On y préparait un concert pour la soirée.
Bon, ce qui est le mieux, c'est de savoir lire le japonais pour apprécier pleinement la visite. Ce n'est pas mon cas, mais c'était très enrichissant quand même.
L'autre musée dont je vous parlerai ensuite, c'est celui de l'animation du "Eigamura" (village du cinéma) de la Toei, en banlieue de Kyôto.
PS : Shinji a raison, le yen était à mon départ très haut par rapport à l'euro, lui très faible : une piécette de 100 yens = 1 euro ! ce qui prouve davantage encore qu'en fait la vie n'est pas chère au Japon ; je suis revenu avec toute ma réserve de secours, et pas mal d'argent non dépensé. Sans me priver du tout de shopping et de voyages annexes.