Bon, voilà, je viens d’avoir l’occasion de voir le film de Cowboy bebop sorti début septembre au Japon, et j’aimerais livrer mes impressions.
Tout d’abord, un petit préambule pour préciser la manière dont j’ai appréhendé la série.
Ah, Cowboy bebop… Cowboy bebop… sacré phénomène que cet animé qui s’est démarqué tant par la (demi-)déception qu’il a engendré en moi de par ses premiers épisodes, que par l’enthousiasme et le plaisir que m’ont procuré les dernières “sessions”.
Oui, car il faut bien avouer que les premiers opus ne m’ont pas paru bien exceptionnels en soi; et peut-être que cela est dû à la trop grande ferveur d’avant-repas (émanant de mes proches), qui a poussé le débit d’encens jusqu’à son paroxysme (donc jusqu’à asphyxie, il faut bien le dire). “Cowboy bebop, c’est magnifique !”, “une des meilleures séries de fin de siècle”, “se démarque par sa puissance scénaristique autant que par sa qualité graphique” etc…
Autant d’allégations qui avaient réveillé en moi le vil carnassier amateur et prédateur de beautés d’animations…
Certes, je ne nie pas tout le tralala graphique, les prouesses d’animation, ou encore la sublime bande son (Yoko Kanno, si mes oreilles ont repris goût à la vie après une dure période de semi-depression, c’est à vous qu’elles le doivent), c’est un “beau bébé” à ce niveau là… mais (car il y en a toujours un) j’ai trouvé la trame scénaristique des premiers épisodes non pas fades, mais plutôt avares en sensations: disons que je n’ai pas pris de réel plaisir à la contemplation (du moins pas autant que pour Eva, Lain et j’en passe…).
Une appréciation timide qui s’en est pourtant retournée vers d’autres cieux à la découverte des fabuleux épisodes “Jupiter Jazz”, “Cowboy funk”, “Pierrot le fou”, ou encore “Brain Scratch” (Diantre, il en aura fallu du temps pour que je devienne réellement “accroc”). Le lien psychique, intime, presque amoureux m’attachant aujourd’hui à cette série ne se sera finalement dessiné qu’au 12e épisode.
Bon, voilà pour l’intro (y’a encore quelqu’un ?).
Parlons du film ^^
Déjà, le générique d’ouverture m’a enchanté tant par l’aspect musical (“Ask DNA”… marvelous !) que par les petites scènes (fortement américanisées, ne nous voilons pas la face) de vie quotidienne, citadines essentiellement, qui l’accompagnaient (Et oui !quand c’est Miss Yoko qui signe la bande son, c’est la musique qui se voit “accompagnée” par les images, et non l’inverse ^^ (j’exagère ?)).
Car ces scènes opérent un véritable “bouleversement temporel” dans l’esprit des spectateurs qui n’auraient pas encore réalisé le génie qu’accomplit Cowboy bebop au niveau du mélange de genres.
Un microcosme où vaisseaux spaciaux, “gates”, colonies spaciales dotées d’une atmosphère propre, bref technologies de pointe, côtoient bizarrement simples armes à feu, “saloons”, quartiers urbains et bidonvilles, donc tout un tas d’éléments qui pourraient paraitre bien anachroniques au vu des merveilles de technique précitées…
Que nenni mon frère ! Car force est de constater que cette intéraction entre futur et présent ne choque pas, et cela est sans doute dû à la modération constante qui caractèrise le “futurisme” de Cowboy bebop (ex: le “Bebop”, par son aspect “vieux tas de féraille”, vient tempérer l’état d’avancée technologique qu’il laisse présumer).
Aussi, le spectateur, bien que contemplateur de la coexistence d’un futurisme patent et d’un traditionnalisme persistant, ne va pourtant pas s’y éterniser et se laisse doucement entrainer par “le monde merveilleux de”… Cowboy bebop.
Un mélange qui prend donc magnifiquement et qui nous embarque spontanément sans laisser une seconde place à une démarcation trop nette, trop destabilisante, trop incohérente…
Ceux qui avaient déjà apprécié cet abord dans la série vont encore plus s’exalter à la vue de la stupéfiante intégration des architectures de type marocaine en plein milieu d’une cohue de tendance plutôt New-Yorkaise, tout cela agrémenté de sauce niponne (bien entendu), voire… d’une petite touche de Parisianisme (Nd: je suis bel et bien le roi du néologisme).
D’où un Carton rose très justement adressé aux décors somptueux de réalisme, de beauté, de pureté.
Côté scénario ?
Et bien ce film nous permet de retrouver nos protagonistes favoris plongés dans une intrigue plutôt interessante, bien ficelée, haletante, mais tout de même plus portée vers l’action que vers l’intellectuel (et ce n’est pas péjoratif).
Il faut savoir que, respectueux de la relative indépendance qui caractérisait déjà nos héros dans la série (rares étaient les fois où ils faisaient sciemment appel l’un à l’autre pour règler leurs problèmes personnels), le réalisateur ne laisse les personnages principaux de la série s’exprimer, intervenir de manière effective dans l’histoire que tour à tour (un moment ce sera Spike, puis Faye, puis Ed etc…).
Seul regret : Jet est une nouvelle fois relayé au placard des protagonistes, et ne fait que “superviser” l’action au lieu d’y participer pleinement ; enfin… on y était un peu habitués avec la série.
Les personnages créés uniquement pour le besoin du film ne sont pas en reste du point de vue qualité (design, charisme, aptitudes…), et c’est sûrement leur présence qui vient justifier une pâleur relative de Jet et consorts, mais je vous laisse le soin de découvrir tout ça ^^.
A noter la présence de certains personnages (très) secondaires de la série qui feront une petite irruption.
Si j’ai tout à l’heure penché la balance plutôt en faveur de l’action, c’est en partie grâce aux merveilles de scènes de combats, de poursuites et autres du genre, qui parsèment ce long métrage.
Ainsi, beaucoup s’enthousiasmeront à voir Spike “manier le balai” à sa manière (qui n’est pas sans rappeler les frasques de certains acteurs de films HK tout droit sortis de l’Opéra de Pékin), ou nous emmener en excursion dans les cieux à bord de son très nerveux “Swordfish II”.
Quant à la scène d’action finale, j’en suis resté bouche bée tellement celle-ci, bien que fournie, a fait montre d’une fluidité explosive.
Bon, on va encore m’accuser de cirage de pompes intensif (et intempestif), mais le chef d’orchestre est à applaudir, à vénérer, à idôlatrer tellement ses compositions ont magnifié le visuel de la chose.
Voilà voilà, ou comment parler du film sans trop en parler et gâcher ainsi le plaisir des éventuels futurs spectateurs (et futurs aficionados, je n’en doute pas). bref, un chouya de texte qui aurait bien mérité sa place dans un certain mensuel dont le nom commence par “Animeland”, non ? 😛
(comment ça “non !!!!” ? Bon, puisque c’est comme ça, je m’en vais offrir mes services à euh… (zut ! ils n’ont pas de concurrents)).