C’est un peu fatigué que je me suis rendu à la séance de 10h10 ce matin pour voir donc, le nouveau Miyasaki. Je ne sais quasiment rien du film, si ce n’est l’article du dernier animeland.
Je vais être clair d’entrée : le film me procure un double sentiment. Je suis partagé car j’ai l’impression de voir un film “patchwork” fait de recyclages du passé et qui ne peut que avoir le goût du renoncement et de l’autre côté, un film doté d’une subtilité étonnante et d’une force du propos à des années lumières du “”” rival””” Disney.
Techniquement le film est , une nouvelle fois, époustouflant. L’intégration de la 3D (notamment dans les mouvements du château) est très réussie et le décalage est difficilement perceptible. Comme d’habitude, l’animation est magistrale et parfois impressionnante tellement les mouvements (du corps, équilibre des masses et des forces ) sont précis et réalistes. Techniquement, il y a donc une continuité et même un certain progrès après Chihiro.
Le premier couac (personnel) surgit dans le scénario. L’histoire en elle-même est tout à fait compréhensible. On la résume facilement du moins. Le premier problème concerne le rythme et le tempo de l’histoire. Il y a un certain déséquilibre. Des scènes trop rallongées (comme la montée des escaliers des deux “vieilles” par exemple) ou des informations qui mettent du temps à arriver donne un sentiment d’impatience, voir que ça traîne en longeur.
Deuxième problème, le personnage de Sophie s’impose trop vite. Du moins après l’incident déclencheur de l’histoire si sa réaction est de prime abord naturelle, l’intériorisation qu’elle fait de son nouvel état et donc la réflexion qui en découle, pour moi, arrivent beaucoup trop vite. Le troisième problème du scénario vient justement d’une nouvelle impression de patchwork, d’outils dramaturgiques déjà utilisés par Miyasaki : la fuite face à une attaque, aller à tel endroit pour y voir telle personne, tel incident à tel moment du récit. Je ne remets pas en cause les faits en tant que tels mais leur disposition dans le scénario, à peine chamboulée par rapport à Chihiro, Mononoke ou le Château dans le Ciel
Mais c’est bien là mon autre impression. les personnages ont une personnalité bien plus “poétique” dans le sens où leur personnalité se révèle par des changements de formes, des altérations physiques, si bien qu’à la fin, on ne sait plus très bien quel sortilège a agit et pourquoi il n’agit plus ainsi etc etc Pas surréaliste… mais un onirisme un peu plus poussé qui donne une sacrée force au récit. C’est là le point fort du film, enfin cela m’a bluffé. C’est le film le plus “”””” noir””””” de miyasaki (idée discutable, voilà pourquoi il y a tant de guillemets) Les idées sous-jacentes sont plus subtiles moins évidentes à distinguer . Le film est riche (peut-être trop pour une seule vision) et regorge d’idées sur la vie, pas forcément explicitées mais que l’on comprend.
Et là, nouveau problème : la jeune fille idéalisée de Miyasaki me rappelle beaucoup trop toutes ses héroines. Elles sont toutes semblables sauf leur manière d’apprendre justement, ce qui fait leur dénominateur commun à tous : l’apprentissage par le voyage, le travail, les rencontres…L’une découvre l’amour, l’autre s’épanouit et une dernière grandit. Ca semble différent mais ça ne l’est pas… Elles sont toutes courageuses, décidées, gentilles et tolérantes…. Ca fait un peu redondant…
Mais là, encore un problème : le héros est lui tout à fait original chez Miyasaki. Tourmenté. réellement tourmenté. Mais n’allez pas croire que vous aurez affaire avec un névrosé insomniaque lol. Non un personnage tourmenté, qui apprend à recevoir (devinez quoi !) .
Conclusion : Si tout comme par le passé, le film regorge de trouvailles (c’est une nouvelles fois impressionnant) en tout genres, que la poésie et l’onirisme sont encore bien présents, je ne peux que regretter cette (provisoire?) impression de synthèse. De recyclage des grandes idées et grand thèmes mais avec une approche un peu différente.
En tout cas c’est le film le moins abordable de Miyasaki.
Edité par Owa le 12-01-2005 à 21:34