Contes et légendes.

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  • Akiko_12
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    Akiko_12 le #117557

    Chaque peuple, chaque pays, chaque région et même parfois chaque famille a ses contes et ses légendes. Croyances, superstitions, histoires merveilleuses ou inquiétantes, nous en connaissons tous. Légendes rurales ou urbaines, elles font parties de notre imaginaire, certaines depuis notre plus jeune âge.

    Et vous, quelles sont les histoires qui vous ont le plus marqué, fait rêver ou au contraire fait trembler ?

    Akiko_12
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    Akiko_12 le #117558

    J’ouvre le bal avec une histoire qu’on m’a rapporté lorsque j’étais petite, et qui m’a beaucoup marqué (allez savoir pourquoi !).

    Elle m’a été racontée par une grand-mère conteuse, lors d’un après-midi scolaire à la bibliothèque (c’est une histoire régionale).

    Le Diable du Pont Valentré.

    Il y a très longtemps, au Moyen Age, la ville de Cahors était une grande cité prospère du Quercy. On y faisait beaucoup de commerce, les marchands étaient riches et les banquiers brassaient beaucoup d’argent.

    Pour accroître encore la prospérité de la ville, l’évêque et le conseil décidèrent de faire bâtir un grand pont, magnifique et ambitieux, qui enjamberait le Lot et faciliterait encore plus les échanges.

    Un architecte fut désigné pour accomplir la mission. L’homme était brave et avait beaucoup d’expérience, il semblait parfaitement à même de réaliser la merveille attendue. Tout le monde lui fit confiance, et il commença son œuvre.

    Lentement, sûrement, l’homme dessina ses plans et entreprit de poser les premières pierres. Tous les habitants de la ville étaient heureux de voir commencer la construction, et tous suivaient, les yeux brillants, la naissance du chef-d’œuvre de pierre qui dompterait le fleuve tumultueux.

    Mais malheureusement, le sort s’abattit bientôt sur la construction, et les eaux furieuses emportèrent l’édifice à peine commencé. L’architecte ne se découragea pas, et reprit les travaux ; mais chaque fois que le pont commençait à prendre forme, le fleuve emportait tout. Le temps passait, l’argent de la ville se dilapidait dans cette construction coûteuse, et aucun pont digne de ce nom ne prenait forme. Le peuple s’impatientait, la ville semblait ralentie dans son essor, moins fière, moins prospère. Des bruits commencèrent à courir sur le maître d’œuvre, on dit de lui qu’il n’était pas compétent, et même qu’il buvait. Bientôt, la décision fut prise de le renvoyer.

    C’est alors qu’un jeune architecte prometteur arriva en ville. Comme tout le monde vantait ses talents, l’évêque et le conseil lui proposèrent de reprendre la construction du pont. Le jeune homme, tout sourire, assura qu’il s’acquitterait de sa tâche sans aucun problème. Le conseil décida de lui laisser carte blanche, mais posa une condition : l’édifice devait être achevé avant les premières vendanges, sinon l’orgueilleux jeune homme serait exécuté pour avoir manqué à sa promesse.

    Les travaux recommencèrent. Le jeune homme était enthousiaste, les ouvriers aussi, et toute la ville semblait avoir retrouvé le sourire.

    Cependant, il se reproduisit bientôt les mêmes catastrophes qu’auparavant : le Lot se mettait soudain en crue, et les eaux emportaient tout ce qui se bâtissait. Le moral des troupes redevint morose, des bruits courraient en ville : on jurait que ce pont était un gouffre financier, mais aussi trop ambitieux, orgueilleux, et maudit par le Diable…

    Le temps passait dangereusement, et dans les vignes, le raisin commençait à mûrir. Aucun doute, les vendanges seraient d’un jour à l’autre, et le pont n’était presque pas commencé…

    L’architecte se désespéra et trembla pour sa vie : il avait été trop ambitieux, seul un miracle pouvait encore le sauver. Un miracle, ou bien… ? Une idée traversa l’esprit du jeune homme, qui n’avait de toute façon plus rien à perdre : il décida de demander son aide au Diable. Il ne fut pas difficile de le trouver, car le Diable guettait l’architecte depuis bien longtemps, l’observant, se moquant de ses malheurs.

    Le démon surgit des eaux du Lot, et parla au jeune homme désespéré.

    « Si tu le souhaites, je construirait ce pont, dit-il. Mais en échange, tu devras me céder ton âme ».

    Pris au piège, l’architecte accepta mais posa une condition :

    « Si tu veux mon âme, il faudra que tu m’obéisses au doigt et à l’œil, et que tu réussisses tout ce que je te demanderai d’accomplir. »

    Le Diable accepta et le pacte fut conclu.

    Le lendemain, tout le monde remarqua sur le chantier la présence d’un nouvel ouvrier. Personne n’avait jamais vu homme plus zélé, appliqué, et surtout fort et rapide dans son travail ! Le personnage travaillait comme cent hommes, comme mille, et le pont prenait forme sous les yeux médusés des gens !

    A la fin de la journée, l’édifice était quasiment terminé, immense, magnifique, le plus beau pont qu’il fut donné de voir. Les dernières pierres étaient en train d’être posées au sommet des tours, et le Diable se frottait les mains : bientôt, l’âme de l’architecte serait à lui…

    C’est alors que le jeune homme l’interpella, lui tendant un crible : « Va apporter de l’eau aux maçons en haut des tours, pour qu’ils pétrissent leur ciment. »

    Le Diable cessa de rire en regardant le crible. Il alla à la rivière, le remplit, vola de toute la force de ses ailes vers la tour… Mais l’eau s’était déjà vidée.

    Rageur, le Diable s’acharna, encore et encore, jusqu’à l’épuisement. Mais il dû se rendre à l’évidence : il lui était impossible d’accomplir sa mission. L’architecte l’avait trompé mais il avait accepté la clause, il ne pouvait donc plus prétendre à emporter son âme… Vexé et impuissant, le démon cracha et insulta, mais dû se résoudre à se retirer.

    Lorsque le jour suivant se leva, le soleil s’éleva au-dessus du Lot resplendissant, et par-dessus les tours magnifiques du Pont Valentré. La liesse fut grande, et les dernières pierres furent posées sous le regard de tous. L’architecte fut fêté et récompensé à la juste valeur de son travail, de son audace et de son intelligence ; lui remercia le Ciel de cette heureuse issue.

    Et depuis, on raconte que par dépit, le Diable errerait parfois la nuit sur le pont, notamment en haut de la tour centrale. Il viendrait, et tenterait régulièrement d’arracher, sans succès, les pierres qu’il a lui-même posées autrefois…

    Edité par akiko_12 le 12-07-2008 à 02:45

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #117559

    Marrant, le petit diable accroché aux pierres !

    Je dois dire que des contes de ce genre, je ne suis pas sûr qu’on soit nombreux sur la banquise à en avoir été sérieusement marqués… mais en étendant le concept à “tout récit un peu féerique ou fantastique” il y aurait de quoi meubler ce topic peut-être ?

    Par exemple moi, les fantômes, vampires, diables ou monstres m’ont toujours laissé de marbre, aussi loin que je remonte dans mes souvenirs d’enfance. Par contre ma soeur et moi on avait un grand album condensant les 2 récits de J.-M. Barrie “Peter Pan in Kensington Gardens” et “Peter Pan and Wendy “, album superbement illustré par une certaine Marianne Clouzot. On était quasiment hypnotisés par ce récit, et je m’entends très bien avec ma frangine, mais quand il s’agit de savoir aujourd’hui qui de nous deux doit posséder l’album, ça devient chaud…

    Je croyais dur comme fer à l’existence réelle de Peter Pan, et bien sûr à celle du Pays Imaginaire. A mon premier voyage scolaire à Londres, on a failli me perdre parce que je m’étais éclipsé du groupe devant Hyde Park pour tâcher de trouver l’endroit : quelle émotion de lire le panneau à la douce musicalité “Kensington Gardens” ! et de voir de mes yeux l’île Serpentine ! par contre la statue en bronze de Peter m’avait déçu car il ne ressemblait pas à celui de mon album, évidemment ! de même le dessin animé de Disney me paraissait complètement inauthentique, déformant et édulcoré ( en effet, l’adaptation de cet antique album était assez fidèle à l’oeuvre de Barrie ).

    Quand j’ouvre l’album – dont j’ai réussi à priver ma soeur – les dessins me font un étrange effet, ça réveille des synapses engourdies, et pouf ! j’ai dix ans ! alors je le referme assez vite, pour pas que ça s’évapore…

    Edité par Lord Yupa le 14-07-2008 à 23:48

    Sharbet
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    Sharbet le #117560

    Citation (Lord Yupa)
    Je dois dire que des contes de ce genre, je ne suis pas sûr qu’on soit nombreux sur la banquise à en avoir été sérieusement marqués… mais en étendant le concept à “tout récit un peu féerique ou fantastique” il y aurait de quoi meubler ce topic peut-être ?

    Ah si. Enfin, moi, oui, j’ai été marquée par des contes de ce genre. Il existe une foultitude de variantes du conte d’Akiko qui prouve que le diable est un mauvais gestionnaire dans le secteur bâtiment.

    Citation (Lord Yupa)
    Par exemple moi, les fantômes, vampires, diables ou monstres m’ont toujours laissé de marbre, aussi loin que je remonte dans mes souvenirs d’enfance.

    Ah non. Plus c’était monstrueux et sanglant, plus j’adorais. A l’exception des contes d’Andersen: ceux-là me plongeaient dans un malaise confus.

    A mon tour, avec l’un de mes préférés quand j’étais petiote. C’est un conte russe.

    Un pauvre paysan mourant de faim décide de surmonter sa honte et d’aller voir son riche frère pour lui demander de quoi manger pendant les fêtes de Pâques. Le frangin, aussi avare que méchant, ne lui donne qu’un sabot de boeuf en maugréant “Prends ça et va au diable”.

    “Tiens, c’est une idée”, se dit le pauvre. Et hop, le voilà parti dans la forêt chercher Satan. Chemin faisant, il croise des bûcherons: “Où vas-tu, moujik?

    -Je vais porter ce sabot à Satan.

    -Fais attention! il t’offrira de l’argent pour ça?

    -C’est vrai?

    -Oui, mais tu ne dois pas accepter! après, il te proposera de l’or?

    -Vraiment?

    -Oui, mais tu dois refuser aussi! demande-lui sa meule à main!

    -Mais j’en fais quoi, après?

    -Tu verras bien…”

    Le paysan arrive donc chez le diable et lui offre son sabot. Satan le dévore aussitôt et lui dit:

    “Pour ce bon repas, je vais t’offrir de l’argent, beaucoup d’argent!

    -Non merci! je n’ai pas besoin d’argent, Satan!

    -Alors, de l’or? de l’or par brouettes!

    -Non, Satan! Pas d’or non plus!

    -Des pierres précieuses? autant que tu pourras en porter!

    -Non plus! je veux ta meule à main!”

    Le démon n’est pas content, mais il est obligé de lui donner sa meule à main. Cette meule est magique: quand on prononce”Mouds, ma meule, mouds!” elle produit tout ce que l’on veut, et, pour l’arrêter, il faut dire “Meule de Satan! cesse de moudre à l’instant!”

    Le paysan rentre chez lui, passe les meilleures Pâques de sa vie, et devient rapidement très riche.

    Bien sûr, le frangin est jaloux. Il invite l’ancien pauvre chez lui pour lui demander le secret de sa soudaine réussite. Mais il ne veut rien dire… Il finit cependant par lui arracher son secret grâce à quelques verres de vodka.

    “Prête-moi cette meule!

    -Pas question!”

    Le riche a beau prier son frère, celui-ci reste inflexible. Il change donc de tactique:

    “Tu pourrais avoir un geste pour moi, ton frère! après tout, c’est grâce à moi que tu as pu offrir ce sabot de boeuf à Satan! tu devrais m’en être reconnaissant!”

    L’ancien pauvre accepte.

    Le riche prend la meule et embarque sur un bateau marchand. Une fois en pleine mer, il songe: “En ce moment, le sel est cher. Si la meule m’en fabrique, je le vendrai à un bon prix, et deviendrai encore plus riche!”

    Ainsi fait-il. Il ordonne à la meule de moudre du bon sel. Quand il a rempli tous ses sacs, il dit: “C’est bon, arrête, j’en ai assez.” Mais la meule ne s’arrête pas… et oui, dans son avidité, le frère avait oublié de demander la formule qui arrêtait la meule! Et le bateau finit par couler sous le poids du sel qui l’envahissait…

    La meule, depuis ce temps-là, ne s’est jamais arrêtée. C’est pourquoi l’eau de mer est salée.

    Je reviendrai avec d’autres ^^

    Edité par Sharbet le 15-07-2008 à 17:04

    Akiko_12
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    Akiko_12 le #117561

    Excellent ton conte Sharbet, maintenant je sais pourquoi la mer est salée ^^ !!

    Ce conte russe me rappelle un proverbe (russe) qu’on m’avait appris au primaire (et qui n’a rien à voir d’ailleurs, mais je le mets pour le plaisir ^^ !).

    “Si une personne te dit que tu es un cheval, ris lui au nez.

    Si deux personnes te disent que tu es un cheval, réfléchis-y.

    Si trois personnes te disent que tu es un cheval, alors tu ferais mieux d’aller t’acheter une selle !”

    Citation (Lord Yupa)
    Je dois dire que des contes de ce genre, je ne suis pas sûr qu’on soit nombreux sur la banquise à en avoir été sérieusement marqués… mais en étendant le concept à “tout récit un peu féerique ou fantastique” il y aurait de quoi meubler ce topic peut-être ?



    Bien sûr, j’ai raconté un conte régional mais le topic est ouvert à absolument tout ^^ ! (depuis les crocodiles dans les égouts de Paris – légende urbaine – au “pourquoi passer sous une échelle peut être aussi néfaste” ^^ !)

    Citation (Sharbet)
    Ah non. Plus c’était monstrueux et sanglant, plus j’adorais. A l’exception des contes d’Andersen: ceux-là me plongeaient dans un malaise confus.



    J’ai été beaucoup marquée par les Cygnes Sauvages d’Andersen. Maintenant encore, dans mon esprit, l’image de la jeune fille aux mains abimées reste un concept ultra romantique, en référence à Elise qui tisse ses tuniques d’orties… Dans la pratique, je ferais mieux de trouver cette idée moins attrayante, surtout en hiver, quand je contemple mes mains se dessécher après avoir encore oublié de mettre du Nivea… Ce concept est plutôt douloureux et pas très esthétique ^^° !

    Et une petite histoire pour la route, la grand-mère conteuse est encore passée par là. Voilà un petit conte qui prouve que le Diable est non seulement mauvais en bâtiment, mais aussi dans le secteur des transports… (quel bon à rien !).

    Il était une fois sept frères, qui étaient en retard sur le chemin de la messe (et être en retard à la messe, c’est TRES MAL).

    Cheminant vers le village, il s’arrêtèrent devant un grand fleuve qui leur barrait la route : pour le franchir et atteindre le village, ils étaient obligés de faire un grand détour pour rattraper un pont. Or, ce détour leur ferait perdre encore plus de temps !

    L’un des frères se lamenta en regardant tristement l’eau : “Si seulement nous pouvions franchir ce fleuve ici dit-il, nous pourrions gagner un temps précieux !”.

    Ses frères approuvèrent.

    Alors qu’ils commençaient à partir en direction du pont qu’on apercevait au loin, ils remarquèrent un âne qui se tenait là, à demi dans l’eau. L’animal s’avança vers eux et leur parla :

    “Je vois bien votre embarras, et suis tout prêt à vous aider. Si vous le souhaitez, vous pouvez monter sur mon dos, et je vous ferai traverser le fleuve pour vous raccourcir le chemin.”

    Les sept frères se regardèrent. Il n’y avait guère la place que pour deux d’entre eux sur le dos de la bête. Cependant l’aîné parla : “Que deux d’entre vous montent, au moins nous ne serons pas tous en retard !”

    Deux des frères approuvèrent et montèrent. Il apparu cependant qu’une troisième personne avait aisément la place de monter aussi. Un troisième frère monta donc, puis un quatrième, puis un cinquième, puis un sixième…

    Voyant que le dos de l’animal semblait s’allonger inexplicablement, le septième et benjamin de la fratrie soupçonna quelque diablerie. Il fit un signe de croix…

    L’âne se mit soudain à hurler. Les frères furent projetés dans l’eau, tandis que la bête semblait bouillonner en poussant des cris terribles et démoniaques. Le Drac (sorte de Diable dans le folklore occitan), car s’était lui, s’en retourna au plus profond des eaux du fleuve en maudissant le benjamin, par la faute duquel il venait de perdre un copieux repas. Car son projet avait bien été d’entraîner les jeunes gens crédules au fond des eaux pour les y dévorer…

    Les sept frères repartirent vers le village, en remerciant le Ciel et la clairvoyance du plus jeune ; plus jamais ils ne seraient tentés d’opter pour un raccourci, pour la solution facile.

    Tiens, et bonus folklore famillial, concernant le Drac (je tiens l’histoire de ma mère, tradition orale sans doute ^^ ! – nul ne sait de quel “arrière grand-père” il s’agit en vrai, ni s’il avait bu ou pas ^^°…) :

    Mon arrière grand-père s’en revenait d’une foire aux bestiaux, un agneau sur les épaules. Alors qu’il traversait un pont, l’agneau lui parla : “Descends-moi imbécile, tu vois bien que je peux marcher tout seul !”. Mon arrière-grand père, interloqué, regarda l’animal, et le posa sur le chemin… Puis s’enfuit sans demander son reste !

    Edité par akiko_12 le 18-07-2008 à 01:06

    Sharbet
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    Sharbet le #117562

    Je ne connaissais pas celui-là! ^^

    Citation (Akiko_12)
    J’ai été beaucoup marquée par les Cygnes Sauvages d’Andersen.

    Moui, il était pas mal, celui-là. Moi, j’ai plutôt été traumatisée par la Petite Sirène qui avait la sensation de marcher sur des aiguilles lorsqu’elle était humaine et dont la fin me laissait perplexe. Il y avait aussi l’histoire de cette mère qui partait dans le jardin de la Mort pour sauver son enfant, et elle faisait un voyage terrifiant pour une gamine comme moi… brrrrrr…

    Aujourd’hui, un célèbre conte japonais:

    Urashima était un modeste pêcheur. Un jour, sur la plage, il surprend une bande de sales gosses garnements en train de torturer une tortue. Pris de pitié, il offrit quelques piécettes aux gamins pour qu’ils la laissent tranquille. Les gamins acceptèrent, et Urashima la relâcha dans la mer.

    Quelques jours plus tard, il lançait son filet, comme il en avait l’habitude, mais il demeurait vide…

    “Monsieur Urashima!

    -Qui me parle?

    -Moi! moi la tortue que vous avez sauvée!

    -Vous ne devriez pas traîner dans le coin, avec les mômes qui rôdent…

    -Je suis revenue pour vous chercher, M. Urashima! j’ai parlé de vous à la princesse des mers, et elle veut vous remercier personnellement!

    -C’est très aimable, mais comment vais-je y aller?

    -Vous monterez sur mon dos, M. Urashima. Il y a bien assez de place.”

    Et la tortue grossit, grossit, à tel point que le pêcheur put s’asseoir confortablement sur son dos, et ils parvinrent ainsi au merveilleux palais de la princesse. Il fut reçu avec force plats délicieux, sakés exquis et toutes sortes de distractions, si bien que le pêcheur perdit très vite le souvenir de son village et la notion du temps.

    Un jour, pourtant, il s’en souvint:

    “Combien de temps suis-je resté ici?

    -Trois mois, lui répondit la princesse.

    -Il faut que je reparte… Ma maman doit s’inquiéter de ne plus me voir…

    -Soit. Mais avant, voici un cadeau.”

    Et elle lui tendit une jolie boîte. Elle lui recommanda de ne pas l’ouvrir, puis la tortue le ramena chez lui.

    Une fois au village, Urashima fut très étonné de n’y plus reconnaître personne et d’y constater autant de changements. Pourtant, il n’était parti que depuis trois mois… et tout le monde le regardait comme un fou lorsqu’il disait qu’il était Tarô Urashima… Il demanda à un vieillard: “Qu’est devenue la famille Urashima?

    -Il n’y a pas d’Urashima ici. Le dernier a disparu en mer, et sa mère est morte peu après… c’était il y a sept cents ans!”

    Pris de panique, Urashima ouvrit la boîte, espérant trouver une réponse, et une vapeur blanche en sortit. Lorsqu’elle se dissipa, il vit ses mains nouées et crochues de vieillesse.

    Alors, en pleurant, il regagna la plage. Il s’étendit sur le sable pour attendre la montée de la marée, en récitant les prières des agonisants.

    Edité par Sharbet le 18-07-2008 à 20:49

    Akiko_12
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    Akiko_12 le #117563

    Pauvre Urashima, c’est triste T_T !

    Merci pour ce conte Sharbet ^^ !

    Pour ma part je me pose en ce moment des questions sur les Sorcières aux Joyaux, j’ai surfé un peu sur Google mais je n’ai pour l’instant rien trouvé à ce sujet… En fait ça fait deux fois que je trouve dans un anime une sorcière tirant ses pouvoirs de pierres précieuses : Satella dans Chrno Crusade, et Tohsaka dans Fate Stay Night. Plus éloignées mais dans une thématique assez proche, les Rozen Maiden ne sont pas sorcières mais sont aussi allemandes et leurs prénom sont celui de joyaux… Je me demande donc s’il y a un fond commun, une légende ou un mythe que je ne connais pas, ou si ce n’est qu’une fantaisie de la part de nos amis créateurs japonais, avec le côté “exotique” de l’Allemagne (Asuka aussi grommelait des mots allemands dans Eva… D’ailleurs Tohsaka a la même coiffure, et le même côté “prétentieuse”.)

    Existe-t-il vraiment une légende allemande de Sorcière aux Joyaux, ou Tohsaka doit-elle plutôt être considérée comme un mix entre Asuka et Satella ?

    Si quelqu’un a des infos, je suis preneuse ^^ !

    (Sinon, un de ces quatre je vous raconterai l’histoire de la fabuleuse ville d’Ys et de la princesse Dahut)

    Edité par akiko_12 le 03-08-2008 à 15:02

    Akiko_12
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    Akiko_12 le #117564

    Tiens, ce soir j’aimerais causer d’un auteur pas tellement connu et c’est bien dommage. J’ai en effet remarqué que, dans mon entourage en tous cas, si je cite Edgar Poe ou Oscar Wilde les gens savent de quoi je parle. En revanche, quand je parle de Le Fanu c’est de suite beaucoup plus trouble…

    Sheridan le Fanu est un écrivain irlandais du XIXe siècle (je suis certaine que plusieurs d’entre vous ont déjà lu une ou plusieurs de ces oeuvres ^^ !). Fils de pasteur, il était contemporain de Poe (qu’il admirait), et a fréquenté les parents du petit Oscar… Wilde. Le Fanu officiait dans l’écriture de récits fantastiques, et a écrit notamment le roman “Mon oncle Silas” et la fameuse nouvelle “Carmilla” (je vais surtout causer de cette dernière nouvelle).

    Carmilla est sans aucun doute une pierre essentielle du roman et de mythe des vampires, 20 ans avant le Dracula de Bram Stoker. L’histoire, racontée à la première personne (comme beaucoup de nouvelles fantastiques), raconte comment une jeune fille innocente accueille, dans son château gothique perdu en pleine forêt, une jeune voyageuse mystérieuse ayant eu un accident de carrosse. La visiteuse, nommée Carmilla, est formidablement belle, intelligente et charmante. Un lien se lie entre la châtelaine pure et la vénéneuse Carmilla, un lien étrange d’attirance entre proie et prédateur…

    La nouvelle se lit très très vite, et laisse une très forte impression !! Dérangeante à souhait, fascinante, c’est surement l’une des meilleures nouvelles fantastique que j’ai lu. Pour son époque, je trouve que Le Fanu avait des idées vraiment novatrices et surement pas très répandues. Pour un fils de pasteur, raconter un tel lien tout en finesse entre deux femmes en restant toujours aussi fin et subtil, ce n’était surement pas très courant ! C’est ce rapport, l’imaginaire gothique et romantique, ainsi que certaines images fortes et effrayantes (à la chapelle notamment, pour ceux qui ont lu), qui font de cet écrit quelque chose qui marque vraiment !

    Bref, si vous aimez les histoires de vampires (et même si vous ne les aimez pas ^^ !) vraiment ruez-vous sur Carmilla. En plus on peut trouver le bouquin à 1 euro 50 en librairie (édition Livre de Poche), alors que demande le peuple ^^ ? Le Fanu est un auteur fascinant à mon avis trop peu connu, et personnellement dès que j’aurai le temps, je lirai son roman “Mon Oncle Silas”.

    Sharbet
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    Sharbet le #117565

    Je plussoie Akiko, “Carmilla” est très agréable à lire.

    Et j’ajoute ceci à ce topic que j’avais oublié:

    Un jour, un homme me raconta cette histoire:

    “Il y a très très longtemps, il y avait ici une grande et belle ville. Un grand fleuve la traversait, et les champs à l’entour était fertiles grâce à ses eaux.

    Un jour, on vit un poisson énorme remonter le fleuve, avec une merveilleuse jeune fille sur son dos. Au début, les habitants en eurent peur, mais la jeune fille les rassura: il n’était pas agressif du tout. Presque tous les jours, la jeune fille revenait voir la ville et ses habitants, toujours à cheval sur son poisson (ça se dit, ça?).

    Le roi du pays en entendit parler, et voulut voir la jeune fille. Dès qu’il la vit, il en tomba amoureux, et lui demanda de l’épouser. La jeune fille lui répondit:

    “Je suis flattée de votre demande, mais je suis la fille du roi des mers, qui commande à toutes les eaux du monde, et je suis fiancée à un prince marin. Je viens ici parce que je trouve votre cité magnifique, et le spectacle de la vie terrestre me plaît.”

    Le roi ne dit rien… mais chaque fois qu’il revoyait la jeune fille, il réitérait son offre, et elle refusait toujours.

    Au bout de plusieurs jours, le roi en eut assez. Il décida que si la jeune fille ne le suivait pas de bon gré, elle le ferait de force! il ordonna à ses tisserands de fabriquer un immense filet pour capturer le poisson, et à ses soldats de se cacher, armés, au bord du fleuve, pour le tuer. Privée de sa monture, elle serait obligée de le suivre.

    Ainsi fut fait. La jeune fille revint bientôt se promener. Quand le roi en donna le signal, les pêcheurs relevèrent le filet et les soldats sortirent de leur cachette, brandissant leurs lances.

    Le poisson, affolé, se débattit, noyant plusieurs pêcheurs, et la jeune fille poussa un cri si terrible qu’il alarma son père au fond des mers… quand il vit que le roi avait essayé d’enlever sa fille, sa colère fut terrible!

    Le rois des mers fit s’arrêter le fleuve. Mais il ne s’en tint pas là: il ordonna à la mer de se soulever et de balayer la cité. La mer obéit, et tous les habitants périrent avec leur roi. Puis elle se retira, laissant le paysage tel que tu le vois aujourd’hui.

    -C’est bien beau, mais cette histoire n’est pas vraie, dis-je.

    -Ah non? dans ce cas, explique-moi pourquoi on trouve, aujourd’hui encore, dans les pierres, des traces de poissons et de coquillages.”

    D’après Bernard Clavel.

    Edité par Sharbet le 08-10-2008 à 17:28

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