Citation (NdJ)
Exemple 1.
Sur la vidéo disponible sur dailymotion, placez-vous à 7 min 30. Et regardez les noms des stations de métro. Oui, il y a eu un montage “temporel”, laissant croire que les deux jeunes filles ont parlé à tour de rôle, alors qu’il n’en est rien. Amusez-vous, si vous pouvez, à remettre les textes dans l’ordre chronologique : leurs répliques ont beaucoup moins d’impact.
Bien sûr, c’est inévitable, c’est d’ailleurs le principe même du montage… Même si je ne cautionne pas la façon dont a été traité le sujet, quand on se retrouve avec une trentaine de minutes de rushs (je fais une estimation, je ne connais pas le temps que met le métro pour faire le parcours), il faut bien choisir des images et des propos « parlants » (qui, dans ce reportage, vont aller dans le sens du commentaire). Ensuite, laisser une fille parler pendant trois heures est ennuyeux, on la fait donc alterner avec sa copine pour conserver l’intérêt du spectateur…
Un autre point intéressant dans cette séquence : la caméra est déjà dans le métro quand les deux filles entrent ; elle a donc été placée avant. Une des solutions est que le caméraman soit entré dans le train à une ou deux stations avant, le temps qu’il se pose bien. A l’arrêt indiqué, les filles entrent dans le bon wagon, par la bonne porte… hum, y’a pas intérêt de se tromper ! Je ne connais pas bien Paris, aussi je ne sais pas si la station où elles entrent correspond aux escaliers qu’elles descendent juste avant. Je suis d’avis qu’on leur a fait jouer la scène, du genre descendre et remonter dans le métro, à un moment où il n’y aurait pas trop de monde, pour ne pas gêner le cadreur. Et pour le raccord avec les escaliers juste avant, ça n’est pas forcément un problème : au besoin, si on est vraiment pointilleux, on retournera filmer les filles dans la rue, puis on les fera descendre les escaliers de la station où elles sont censées être montées… C’est magique !
Au sujet des coupes, même si je ne connais pas l’ordre des stations, elles sont quand même assez visibles (du genre on passe d’une station où le train est à l’arrêt à un plan ou le train roule, les gens derrière apparaissent ou disparaissent…). De toute façon, on ne peut pas couper impunément dans les propos de quelqu’un pour lui faire dire ce qu’il ne dit pas. C’est d’ailleurs un délit puni par la loi (15 000 euros d’amende et un an d’emprisonnement). C’est pour ça que dans beaucoup d’émissions on met des flashs blancs, des fondus, ou des cuts au sécateur pour montrer qu’il y a eu montage.
Sinon, par rapport au reportage, il est clair qu’il y a eu un gros travail. A Japan Expo par exemple, on montre un cosplay et on affirme « Nous sommes en pleine régression ». Ensuite, une fille vient dire « je suis tombée dedans quand j’étais toute petite », « j’ai grandi avec le club dorothée » ; association dans l’esprit des spectateur : Club do = émission pour enfants : effectivement, la fille a vingt ans et se déguise en héros de dessins animés : elle est en pleine régression ! Puis on continue l’enchaînement avec Olivier Fallaix, dont les propos servent malgré lui le commentaire : il confirme la date d’arrivée des mangas en France, puis introduit une notion qu’on n’osera pas exprimer clairement dans tout le reportage, celle du fameux « péril jaune », avec une phrase qu’on a soigneusement coupée (nul doute qu’elle se poursuivait et s’étayait d’exemples, mais on laisse sur une note forte) : « on a commencé à digérer, sans vraiment s’en rendre compte, de la culture japonaise ».
Conclusion : Nos braves enfants ont été contaminés petits, par le vilain Club Dorothée, et en plus sans s’en rendre compte, ce qui explique leur régression d’aujourd’hui.
Et voilà !!! C’est-y pas du beau travail ce reportage ? En tous cas, ils assurent, ils savent choisir, et ne font pas dire aux gens ce qu’ils n’ont pas dit : c’est juste une sélection et un enchaînement intelligents d’images et de sons.
En parlant son, j’aime beaucoup la petite musique qui suit l’intervention d’Olivier : ils auraient quand même pu mettre le générique des Envahisseurs tant qu’ils y étaient !! En tous cas, moi tant qu’à faire, c’est ce que j’aurai fait : effet maximal assuré !
Là je cite les propos d’Olivier : bien entendu, je ne lui jette absolument pas la pierre, d’ailleurs, son intervention m’a fait lever le nez de mon assiette, je me suis dit « tiens, c’est intéressant tout à coup, voilà un propos construit », je lève le nez et effectivement, c’est un pro qui parle. Mais M6 n’a pas insisté sur tout ce qu’il disait sur les persos fouillés, les intrigues aux couleurs nouvelles loin de Disney etc. On se contentera de couper au « bon moment », pour enchaîner avec la petite musique et la toulousaine. Bah, au moins, en faisant parler Olivier, les gens d’M6 se sont donnés bonne conscience : on tout dit, c’est juste qu’on va pas insister sur ce qui ne va pas dans le sens du reportage.
C’est pour ça que j’ai trouvé vos posts un peu durs parfois sur les filles qui témoignaient : avec un bon montage, on peut faire passer n’importe qui pour un débile ! Cela dit, je respecte totalement le travail du monteur, je lui tire même mon chapeau : c’est du bon boulot, et puis s’il ne fait pas bien son travail, il est viré et aussitôt remplacé. Dommage qu’à M6 on ne mette pas le talent des monteurs au service d’une vraie information (enfin, je dis M6 mais la plupart des chaînes font pareil… et puis, quoi qu’on en dise, on ne peut jamais être totalement objectif dans un reportage ou un documentaire).
Citation (NdJ)
il est vraiment temps qu’une section “analyse / lecture d’images” soit intégrée au sein de l’Education Nationale.
Une section existe bien, même si elle n’est pas exactement “analyse / lecture d’images”, c’est la section cinéma audiovisuel, qu’on peut prendre dès la seconde et comme spécialité au bac.
J’ai suivi la section et en seconde, on a beaucoup travaillé sur l’image fixe (notre prof était prof d’arts plastiques également, donc passionnée de BD, aussi on a pas mal travaillé dessus aussi). Le programme en seconde d’ailleurs, c’était, si mes souvenirs sont bons, “le plan”. En première on apprend l’écriture de scénario, et on commence à apprendre les bases du cinéma, en balayant rapidement l’histoire du ciné depuis l’invention de la photo à nos jours (le cycle est très général et se poursuit en terminale). On apprend à faire des analyses de séquences également, analyses de films mais aussi infos tv, pubs, etc. Et notre prof était un type super qui nous a proposé de faire un cycle de trois mois sur le sujet qu’on voulait. On a voté, et l’animation est sortie en majorité : on a donc fait un cycle sur l’histoire du cinéma d’animation. On a même abordé l’histoire des jeux vidéos, c’est dire ! Franchement cette section AV au lycée est super intéressante, et même si tous les profs ne sont pas pareils, je pense quand même que ce sont des passionnés pour la plupart. Il serait prétentieux de dire qu’en trois ans, on a tout vu de l’Histoire du ciné et tout ça : mais franchement, c’est une très bonne base, et la section sensibilise bien au traitement et à l’analyse d’images. Dommage qu’elle soit encore peu connue et que tous les lycées ne la proposent pas !
Edité par akiko_12 le 24-10-2006 à 18:20