Bon, c’était plus possible, c’est un sujet très intéressant qui ne méritait pas d’être traité entre deux tranches de pain politique. Beaucoup de choses ont été dites, et tant pis si ça fait un thread court…
D’abord, je te demanderais, Saffran, de clarifier ton opinion. Je ne comprends pas cette phrase-ci:
Je n’arrive pas à trancher entre les différentes interprétations possibles. J’avoue, j’ai un peu basé ce post sur l’interprétation la plus négative, à savoir “Il est impossible que la génétique soit à l’origine d’une fragilité particulière”. Si ce n’est pas ça, considère la dernière partie de ce post comme nulle et non avenue.
Malgré tout:
Là, et malgré toute l’estime que j’ai pour toi, je ne peux pas ne pas réagir. (A vrai dire, j’avais déja un peu tiqué sur le “triplés d’un mental de loque humaine”, j’espère pour toi que jamais tu ne sera plongé dans le désespoir comme certaines personnes ont pu l’être). C’est peut-être que ça me choque parce que je n’arriverai jamais à écrire une telle chose, laissant transpirer tant de certitudes. Ce qui prouve que les caractères ne sont pas déterminés non plus par l’astrologie…
J’ai envie de dire, qui es-tu pour avoir une position aussi tranchée sur un sujet aussi complexe ? Crois-tu qu’on fait de la génétique et de la psychiatrie comme on fait de la météo avec ses rhumatismes ? La seule approche que tu puisses avoir naturellement de ces choses-là, c’est ta propre expérience en tant que toi, et je pense que les passagers d’une voiture, s’il peuvent en expérimenter le confort, n’ont absolument pas leur mot à dire sur la mécanique…
A vrai dire, ce genre de certitudes me rappelle ma grand-mère, qui me soutenait mordicus qu’à Motus, plus on mélangeait les boules et moins on avait de chances de tomber sur la noire, ou mon arrière grand père, qui jusqu’à son lit de mort n’a jamais pu croire que l’homme était allé sur la Lune. L’histoire humaine est pour ainsi dire jonchée de certitude de savoir qu’on mélange aveuglément avec la croyance, notions semblables mais au fond si différentes.
Tu vois, tu m’aurais dit, “Je crois que ce que vous racontez c’est de la connerie, Dieu nous a donné le libre arbitre”, là au moins j’aurais compris. Mais là…ta phrase me fait presque peur. “Le diable est l’arrogance de l’esprit, la vérité qui n’est jamais effleurée par le doute.”
Prenons un exemple. Typiquement, le trouble bipolaire. Que nous apprends wikipédia ?
“
La dimension génétique complexe du trouble est clairement établie. Elle offrirait une fragilité particulière du sujet au stress, lequel est amené en réaction à développer ou non le trouble. Il y a ainsi souvent un ou des facteurs environnants déclenchant le trouble ; puis, peu à peu, les cycles tendent à devenir autonomes.Le principal facteur de risque est le risque génétique avec un risque relatif de développer un trouble bipolaire de l’humeur multiplié par 14 chez les sujets ayant un parent du premier degré atteint d’un trouble bipolaire. Les études génétiques de liaison permettent d’identifier les régions chromosomiques porteuses des gènes probablement impliqués dans cette maladie, en particulier les régions 13q31 et 22q12. L’autre facteur de risque clairement identifié est d’être orphelin de mère avant l’âge de cinq ans.
“
Voilà pour les causes, maintenant les effets:
“
Les troubles anxieux et en particulier le trouble panique (20% dans l’étude ECA) : la prévalence sur la vie entière des troubles anxieux est d’environ un patient bipolaire sur deux. Ils sont en particulier associés avec un jeune âge de début, une plus forte tendance à faire des tentatives de suicide. On estime que 20 % des TB I ET TB II décèdent par suicide. Du fait des addictions diverses et des troubles du comportement, il semble qu’une personne bipolaire non traitée ait en moyenne une espérance de vie inférieure de 20 ans à l’espérance de vie présente dans la population en générale. Le bipolaire a de longues périodes de rémission durant lesquelles il va bien. Les phases du cycle du bipolaire ne dépendent pas de facteurs externes.
“
On le voit, les trois aspects du suicide sont étroitement liés: facteur de risque (Génétique, alcoolisme, drogue, perte précoce maternelle,etc…), situation à risque (Stress, perte de l’emploi, perte d’un être proche…) et stimulus (Arme à feu dans le tiroir, médicaments à portée de main, passage d’un train…). Si il est stupide de dire “le suicide c’est dans les gènes”, il est tout aussi stupide de dire “Il s’est suicidé parce que sa femme l’a quitté”.
Et dans le cas précis des bipolaires, ce qui est frappant, c’est que l’expression génétique peut apparaître tout à coup. Même toi, qui te pense sans doute à l’abris de toute velléité suicidaire, pour peu que quelque chose dans ta vie le provoque, tu pourrais tout aussi bien te retrouver bipolaire et avoir une chance sur cinq de te suicider…moral de loque ou pas.
Edité par Reiichido le 04-04-2007 à 23:26