Bonjour à toutes et tous,
Je vous envoie ce petit mot parce que je viens de voir le second des nouveaux films d’Evangelion : Evangelion 2.0 : You Can (Not) Advance. (en fait, la version 2.22, mais peu importe…) Et voilà ce que j’en ai pensé :
Mais BBBIIIIIPPPP de BBBBIIIIIIPPPPP !!!!!!!, qu’est-ce qui lui a pris à Anno !!!!!!! Il nous fait une dépression nerveuse, le pépère !!!!!!! Il est en pleine phase maniaque ?!?!?! Non, parce que, pour oser se saboter de la sorte, il faut soit avoir totalement renoncé à la raison, soit avoir fumé un truc bien trop fort !!! Il est tout à fait fou, ce type-là !!! Qu’est-ce qui lui a pris de détruire à ce point sa propre série, de rabaisser ses personnages à de vulgaires stéréotypes à peine dignes d’un Gundam de sous-bas-étage ? Je sais que, depuis la conclusion tant controversée de la série originelle, il n’a de cesse de triturer son œuvre pour la rendre acceptable aux yeux du plus grand nombre, mais, là, toutes les bornes ont été allègrement franchies, et même outrageusement dépassées ! Quand je vois ce qu’il a fait à nos pauvres héros, les BIIIIIIIIIIIIP m’en tombent au fond de la culotte ! Ca c’est sûr, on risque pas d’avancer avec un truc pareil !
Alors, par où commencer ?
Misato : alors, elle, maintenant, c’est la bonne maman poule sur les bords, la gentille remplaçante d’une famille simplement démissionnaire qui se charge, avec force bravade et sans langue de bois, de remettre tout le monde sur les rails de la réconciliation, avec force dissections analytiques de comptoir (ah, la binouze et ses ravages…) et en droite ligne de ce qu’exige aux yeux de la bonne morale la piété filiale logiquement due à ses géniteurs. Exit la contrepartie jeune adulte d’un Shinji déboussolé qui ne réussira à prendre quelques marques dans cette ville inconnue que grâce à l’influence presque immédiate qu’aura sur lui cette jeune femme si attachante, aussi ambiguë et sympathique que perdue face aux évidentes contradictions qui la rongent et les mystères qui la dépassent. Finis les rares et précieux têtes à têtes entre ces deux grands cœurs brisés qui constitueront l’un pour l’autre le seul semblant de noyau familial que l’un comme l’autre auront connu depuis bien longtemps, si ce n’est depuis toujours. En lieu et place de cet étayage lacunaire qu’elle dispense dans la série avec force pudeur et parcimonie, n’osant jamais s’ouvrir réellement à l’objet de son affection, elle n’aura de cesse d’encourager son poulain à se laisser aller à ses émotions les plus personnelles (je savais pas qu’Anno avait bossé sur ‘plus belle la vie’…), voire même ses tendances quasi suicidaires en face du Dixième Shito, pour les beaux yeux d’une Ayanami qui lui inspire la plus tendancieuse des tendresses. La femelle idéale, quoi !!! Vite, une Yebisu et ça repart !!!
Shinji : lui, il a choisi une autre approche : la pitié par la bouffe ! Fini le gamin mou, lâche et rébarbatif, en plein questionnement sur lui-même et la place qu’il daignera accorder aux autres dans son propre développement, on a affaire à un adolescent quelque peu perturbé, mais lucide quand aux sentiments des autres, à peine bloqué par quelques entraves infantiles que Misato aura tôt fait de cerner chez lui (pas bien difficile, vous me direz, c’est devenu l’équivalent pseudo-militarisé de ‘Pause Café’ !!). En arrosant tout le monde de bentôs préparés avec amour, il finira par se mettre son entourage dans la poche, nonobstant son petit caractère à peine renfermé. Exit le blackout total sur son enfance, source originelle du malaise premier du personnage. Il est juste un peu embarrassé de discuter de ces choses avec ‘Super Tutrice’, et risquera le tout pour le tout, dans un ultime dépassement de soi, afin de sauver Ayanami des griffes (des lamelles, en fait, mais vu comment il est gaulé, ça va être mal pris…) du sylphide Zeruel, après que celui-ci ait purement et simplement avalé Zerogôki (Il devient cannibale Anno, ou quoi ?), alors qu’il se tape comme de l’an quarante du fait que son Eva ait failli ne faire qu’une bouchée de la pauvre Asuka, dont il ne daignera même pas prendre la moindre nouvelle. C’est du joli, tout ça !!!!
Ritsuko : bon alors, ils lui foutent quoi dans son café, à la Nerv ?!?! De l’opium ?!?! Aux fraises, la mémère !!! Quand elle ouvre la bouche, c’est pour mélanger en un gigantesque foutoir métaphysico-pseudo-philosophico- religieux les divagations piochées dans les lectures sous acide de Saint Augustin et du Reader’s Digest !!! Impardonnable !!! De plus, elle est quasi-absente de cet épisode. Remarquez, quand on l’aperçoit, on a qu’une envie, c’est qu’elle retourne en désintox !!! Comment peut-on massacrer de la sorte un personnage aussi important pour la compréhension des mystères qui englobent la trame de l’intrigue dans la série ? Je sais qu’on y est pas, mais quand même !!! Réduire à ce point une femme aussi brillante à une telle somme de poncifs, c’est une honte !!! La Voix de la Raison muselée de la sorte… C’en est à se flinguer, purement et simplement…
Ayanami : elle non plus n’échappe pas à la boucherie généralisée d’un carnage dont on se demande où il prendra fin. Comment peut-on oser toucher à Rei ?!?!?! Evacué, le spleen métaphysique d’un personnage dont l’apparente vacuité intérieure dissimule les doutes des plus profonds au sujet d’un passé et d’un avenir dont elle finira par se rendre compte qu’ils lui échappent totalement, et, par là même, le vecteur introjectif propre à chaque spectateur au sein d’un univers dont les codes qui le régissent seront distillés au compte-goutte de la plus judicieuse des manières. A la place, elle se la joue Première de la Classe un peu gauche sur les bords (exactement ce pour quoi Asuka essaie de la faire passer à nos yeux dans la série), dont la seule préoccupation est le rapprochement ‘papa-Fiston’ d’une famille dont on se demande quel intérêt véritable elle a à jouer en son sein (ignorant l’ascendance pourtant filiale qui les lie), et comment elle se sera rendue compte (justement) du lien qui l’unit à ces deux tierces personnes, sans passer par le sacrifice ultime dont elle aura à s’acquitter en face d’Armisael. Quand on en vient à profaner aussi gaiement l’image quasi mystique d’une icône de cet acabit, on s’aperçoit qu’on a vraiment touché le fond !!!
Asuka : Ah là, non !!! J’ai vraiment cru qu’elle et Ayanami allaient finir par se faire des câlins (la scène de l’ascenseur : j’avoue m’être étranglé même sans bretzel !!!) !!!! On est pas chez Dorcel !!! Sans parler du grand débarquement au milieu du foutoir qu’elle a savamment entassé dans le réduit de Shinji. Depuis quand la grande Sôrhyu Asuka Langley se laisse aller à des confessions avec autrui (ils lui ont même changé son nom !!! BIIIP de BIIIIP !!! Je m’en souviens plus et je m’en fous !!!!) ? Elle s’est ramollie à ce point ? J’ai même cru qu’ils allaient le faire à un moment donné (le gros plan sur les pieds au dodo, dont la perspective récupérée dans la série n’a plus rien d’évocateur). Et on lui file même une poupée avec laquelle elle est à la limite de la gâterie de bas étage. Elle déteste les poupées !!!! C’est le terme générique qu’elle emploie pour désigner tout ce pour quoi elle a de l’aversion !!! Et puis, quand elle commence à devenir encombrante, on la colle joyeusement dans Sangôki et on la fait bouffer (!!!!) en lieu et place de Tôji par Shogôki !!! C’est juste moi, ou tout cela devient totalement risible ? Terminé le personnage de tout premier plan à l’importance vitale, la jeune femme à la fois si forte et si fragile dont tout un chacun, pourvu qu’il s’en donne la peine, peut appréhender avec la plus grande affection les forces évidentes et les faiblesses si touchantes. Un des miroirs indispensables au Plan de Complémentarité passé à la trappe de la sorte, c’est tout simplement criminel !!!
Kaoru : alors, lui, il parle sur la Lune… rien de moins !!! Bon, OK, c’est un Ange, mais bon, vu qu’ils sont à 99,89 % identiques à nous, et vu qu’il est de forme humaine, on peut supposer (à part quelques talents particuliers, comme la lévitation, l’A.T. Field et le contrôle à distance du Nigôki) qu’il obéit à peu près aux mêmes contraintes d’ordre physique que nous… Ah bin non… Je savais Tabris balèze, mais alors à ce point…. Y’a pas d’oxygène sur la Lune !!!!! C’est pas moi qui le dis, c’est une loi physique !!!! Et, en plus, il dit bonjour à Papa qui le regarde, moitié méfiant, par le hublot !!! Mais bon, c’est que de la physique, après tout… Si tout le monde se torche avec, faut pas s’étonner que tout fout le camp à va l’eau…
Et Marie Je-Ne-Sais-Trop-Quoi ? C’est qui la pilote d’Eva provisoire à roulettes ? Et pourquoi pas Zerogôki en skate tant qu’on y est ?!?!?! Son seul talent, c’est ce don sorti d’on ne sait où pour faire passer quasiment à volonté le Nigôki en mode Berserk… Bref… En plus, la demoiselle se synchronise avec une Eva qui n’est pas la sienne, sans même que la Koa ne soit changée (bon, pareil avec Asuka et le Sangôki, mais bon, je vais pas y revenir sans cesse…)… Bon bin, si c’est si simple, z’ont qu’à m’embaucher comme chair à canon, à la Nerv !!! Moi qui bave depuis onze ans sur Misato, je pourrai satisfaire à tous mes fantasmes !!! Et Ryoji ? Il est un peu tendancieux avec Shinji, ou c’est moi ? En tout cas, sa vanne n’a fait rire personne, et surtout pas moi qui suis pourtant un grand admirateur du personnage depuis le début. Et puis, maintenant, on se balade avec le sample d’Adam dans le métro, avec une simple valisette munie d’une menotte au poignet, genre « Dévaliseeeeeez-moiiiiiiiiii !!! Je vaux un paquet de thunes au marché noiiiiiiiiiiiir !!! ». On s’en cogne à ce point du top-secret à la Nerv, maintenant ?!?!?!
Ah, pis aut’ chose : ils avaient quelque chose contre le logo originel de notre chère organisation ? Ca le fait plus la feuille d’érable ? Non, maintenant, c’est la pomme (Dans le QG. Qui c’est le vrai boss derrière tout ça ? Il s’appellerait pas Jacques ?), et en plus à moitié pelée ! Comme pour mieux marquer l’ascendance de la Seele sur un Gendô qui m’a paru un peu trop docile durant tout le film ? Non, là, ce n’est plus une réécriture, c’est de profanation, pure et simple !
Et on nous colle du religieux à tout va. Et vas-y le traité du Vatican ou je ne sais trop quoi d’autre, la loi bidule qui interdit à un pays de posséder plus de 3 Evas en même temps (le prétexte idéal pour dégager notre si chère Asuka…), et on en rajoute à gogo !!! Si ça, ça simplifie quelque chose, j’ai pas tout pigé. Le point fort justement de cet aspect de la série était de ne pas nous noyer en permanence sur les références occultes qui n’auraient de toutes façons rien apporté de plus à la légende qui entoure Eva depuis son apparition. Z’ont pas fini de faire paraître des Artbooks pour expliquer la loi machin et le décret bidule (Ah !!! c’est pour le pognon !!! Gomen, pas tout compris…) ! Et les personnages ! Misato est colonel, et Asuka est capitaine dans l’armée européenne ?!?!?! Je me souviens vaguement qu’elle se foutait quelque peu de passer Major, à une certaine époque, elle avait bien d’autres choses en tête… Et je savais Asuka précoce, mais capistan à quatorze ans, chapeau ! (On justifie même ça par son diplôme universitaire ! Boudiou de boudiou !!!) Ce sont des gens normaux, ils l’ont toujours été, qui valent autant par leurs blessures et leurs traumatismes que par leurs talents véritables, par leurs difficultés à communiquer et à appréhender les autres que par le déni ou le mutisme volontaire dans lequel ils se noieront pour échapper à leurs craintes séculaires, jusqu’à la libération finale ; n’en faites surtout pas des arrivistes et des super-héros !!! P****n !!! Ils ne le seront jamais !!! Ils sont comme vous et moi, et c’est pour cela qu’on les aime à ce point !!!
Fini le mensonge, la solitude et l’enfermement de chaque personnage qui les pousseront à agir au final dans des buts strictement personnels, piliers centraux du message de la série, et qui justifiaient le Plan de Complémentarité interprété du seul point de vue de Shinji dans les épisodes 25 et 26, ces mêmes épisodes problématiques qui auraient dû rester les seuls épilogues de cette série monumentale, n’en déplaise à certains frustrés qui n’ont jamais assimilé le mensonge mystique originel que constitue la forme expressionniste de ce média qu’est l’anime en général, et Eva en particulier. J’accorde que, par son traitement et sa mise en forme, la série a largement contribué au malentendu qu’elle a généré par son final, aux yeux d’un public qui n’a jamais réellement vu ni compris le message véhiculé tout au long des 24 épisodes ‘préparatoires’, disséminant l’information d’une façon aussi disparate qu’intelligemment répartie qu’elle s’est noyée aux yeux aveugles du monde dans les codes et schémas préétablis d’une plastique qui ne servait que de support au message final : la quête de soi, et le rôle que ceux que nous avons et choisissons de garder à nos côtés ont à y jouer. De par son contexte, incluant des références (religieuses, philosophiques et psychanalytiques) qui pourtant, à elles trois, peuvent constituer à bien des égards les pierres fondatrices de ce genre de recherche intérieure pour qui se donnera la peine de manier ces armes avec la dextérité qu’elles méritent, elle a été adoptée par une cible qui justement regarde ce genre de programmes pour soigneusement éviter d’avoir à se poser ce genre de questions, et donc de conflit. En cela, Eva restera un des plus grands monuments de l’animation contemporaine, osant le pari insensé qui est justement revenu en plein visage de son génial créateur, terreau malheureusement fertile de cette hérésie calculée à laquelle j’ai eu le désespoir d’assister.
D’un point de vue plus léger, je reconnais quelques qualités à l’aspect graphique, quoi que, le design des Eva a un peu trop changé pour moi. Je les trouve beaucoup moins réussies que dans la série. Oui, l’introduction de l’animation par ordinateur apporte un sacré coup de jeune, et même une patine plutôt agréable à une série qui aurait mérité les avantages de cette technologie à l’époque de sa création (et encore, quoi que…). Les quelques scènes dans le Geofront montrant la technologie qui entoure les Eva, ou encore le design du Huitième Shito (mélange entre Leliel et Saraquiel) sont plutôt réussies. De même, les vues sur Tokyo 3 sont très agréables, à part quelques exagérations typiquement Gundamiennes à mon goût (le super virage relevé que Shogôki emprunte pour l’interception du Huitième Shito… On est pas dans ‘Death Race’ !!!) Mais cela reste au niveau de l’arrangement cosmétique sans aucune valeur ajoutée. Tout au plus un trompe misère. Honnêtement, il faudra que l’on m’explique ce que ce « chef-d’œuvre » apporte en plus à la série en elle-même (le premier qui me dit ‘une réinterprétation de l’original’, je lui fais sauter toutes les dents !!!…). Si Hideaki Anno veut péter les plombs à ce point, qu’il se paie une Porsche, ou une île aux Seychelles, mais, surtout, qu’il ne passe plus Eva à la moulinette comme cela. Je crains le pire pour l’épisode 3.0, le fameux « Q », que, de toutes façons, je ne suis pas sûr de vouloir regarder !
C