Je comprends ton argumentaire Yupa, tout le monde ne peut pas avoir les mêmes goûts ! 😁
Cependant, je vais apporter quelques précisions car je trouve que limiter Fate/Zero à son aspect “RPG” est restrictif et injuste.
Pour ceux qui ne connaissent pas cette série, il faut savoir qu'elle est une préquelle à Fate/Stay Night, elle-même adaptée du visual novel éponyme. L'aspect “jeu vidéo” est donc inévitable puisque faisant partie du concept de base.
Pour le résumer, le pitch est très simple : tous les dix ans, sept mages (nommés Masters) s'affrontent en invoquant les esprits de héros légendaires (nommés Servants), pour obtenir le Saint Graal qui exaucera leur voeu le plus cher. Chaque Servant ou Esprit héros s'incarne dans une classe : Saber, Rider, Lancer, Archer, Assassin, Caster et Berseker. Les Masters disposent chacun de trois sceaux de commandement, qui obligent le Servant à leur obéir pour un ordre précis. Après, tous les coups sont permis…
Dans Fate/Stay Night, nous assistons à la 5e guerre du Graal. Nous faisons connaissance avec certains personnages, qui sont pour beaucoup la jeune génération de grandes familles de mages (Tohsaka, Einzbern, Matou…). Nous savons que Emiya Kiritsugu a combattu, échoué mais survécu à la guerre précédente, puis a adopté le petit Shirou. Nous savons aussi que le prêtre psychopathe Kotomine Kirei a aussi combattu et survécu, et a fini sa guerre avec Archer/Gilgamesh comme Servant. Le père de Rin, Tohsaka Tokiomi, fut quant à lui tué.
Dans Fate/Zero, nous allons revenir sur toute cette 4e guerre et apprendre comment nous en sommes arrivés à cette situation finale. L'important n'est donc pas l'affrontement en lui-même puisqu'on en connaît l'issue inéluctable, mais l'enchaînement d'événements, les cheminements psychologiques et les actes qui l'ont emmené…
Dans la première saison de la série, nous découvrons chacune des grandes familles et des participants à la 4e guerre. Ceux qui ne savent rien de la saga ne sont pas perdus car l'épisode introductif (40 minutes) présente chaque faction dans son propre cadre géographique, et l'on apprend beaucoup des différentes mentalités. Connaître l'univers au préalable n'est donc pas nécessaire pour apprécier, même si savoir les grandes lignes que j'ai donné au-dessus multiplie le plaisir des révélations.
Dans ces 13 premiers épisodes, l'action n'est pas en reste mais les affrontements restent en arrière plan. L'aspect psychologique est le plus mis en avant, nous apprenons à découvrir les motivations et les mystères personnels de chacun. De ce côté là, il y a fort à faire : non seulement les Masters ont leur propre histoire, mais aussi les Servants… Quel personnage légendaire se cache derrière chacun d'eux ? Et pourquoi ont-ils décidé de revenir au monde pour se battre ? Pourquoi veulent-ils le Graal ?
Certaines fantaisies avec l'Histoire occidentale, comme seuls les Japonais peuvent en prendre, jettent une lumière nouvelle sur certains mythes pourtant bien connus. Elles donnent lieu à des réécritures originales, rafraîchissantes, passionnantes et même bouleversantes.
La seconde partie de la série est, quant à elle, jalonnée de combats dantesques et sublimes. L'animation, la réalisation et la musique combinées donnent lieu à des séquences belles à pleurer. L'issue inévitable des affrontements, les rebondissements finaux laissent ébahi et retourné. On savait déjà comment cela finirait et pourtant, j'ai été scotchée jusqu'aux dernières minutes, si belles et si émouvantes…
J'ai vraiment adoré cette série, non seulement parce que toute la forme est magnifique et digne des plus grands long-métrages de cinéma, mais en plus parce que le propos est très poussé, avec des questionnements très adultes. Parfois très violente, autant dans les images que dans l'aspect psychologique, cette guerre est sans merci et portée par des personnages ultra charismatiques, complexes et prêts à tout.
La place de l'éthique et des idéaux est absolument centrale et délicieusement étriquée en tous sens. J'ai trouvé Kiritsugu et Saber merveilleux, duo totalement opposé que rien ne réunira jamais, et pourtant animés d'un même idéalisme aussi naïf que désespéré. Le courage, le sens de la vie, de la Quête, sont autant d'autres thèmes portés par ces Masters si humains (pour le meilleur, et pour le pire) et par ces héros revenus du passé.
L'association Type-Moon/Ufotable avait produit des OAV splendides avec Kara no Kyoukai, hélas malgré les qualités absolument évidentes de la forme je n'avais pas réussi à accrocher au fond… Avec la même formule, Yuki Kajiura toujours à la musique et l'apport de Gen Urobuchi au scénario, l'alchimie parfaite a été créée. Pour moi, Fate/Zero a sublimé cette saga et l'a fait entrer dans une sphère supérieure, réussissant à faire d'un postulat de base assez classique un vrai chef d'oeuvre.
(Comme j'ai finalement beaucoup écrit, je n'ai pas résisté à ajouter quelques fanarts 😛 … Rider est de Blueman et Saber de Archlich.)