On se calme, on boit frais.
Pour l’instant, je me base surtout sur le livre de Costa, qui est excellent, et qui brise aussi pas mal de préjugés sur le haiku et l’orientalisme facile. Je n’ai pas le bouquin sous les yeux, alors je vais juste recopier mes notes.
Haiku et senryû ont été popularisés respectivement par Bashô et Senryû le Vieux.
Le haiku est un poème de 17 syllabes découpés en 3 parties de 5, 7, et 5 syllabes chacune. Le senryû possède aussi 17 syllabes, mais son découpage est libre. Le haiku, tel qu’il a été utilisé par Bashô, est souvent vu comme une représentation de la nature dans son instantanéité, et je ne sais pas si ce mot existe mais ça fait joli (et je viens encore de louper le début de Monster, mais passons). Mais selon Costa, il n’est en rien dérivé du bouddhisme ou du zen (assimilation abusive supplémentaire dans la rubrique “Clichés sur l’extrême-orient et ses particulatités particulières, chapitre trouze”).
Le haiku est un poème de l’instant, alors que le senryû a une portée subversive, caricaturale, voire contestataire. Costa cite l’exemple de Senryû le Vieux , qui animait des “ateliers d’écriture” de poésie grivoise, et se moquait souvent du clergé bouddhiste. L’ironie est mordante, le vocabulaire plus étendu que celui du haiku, et pas très académique. Le haiku, emploie au contraire un vocabulaire simple, épuré, pour pouvoir être compris du plus grand nombre. Il ne doit réclamer aucune explication hors-texte.
Il existe deux grandes catégories de haiku : le haiku de saison et le haiku de circonstance. Le haiku de saison évoque… une saison (si, si), soit en la nommant au moins une fois, soit en employant un groupe nominal qui la symbolise. Le haiku de circonstance, lui, décrit un instant particulier, “fixé” par le poète.
Le haiku n’est ni une maxime, ni une pensée, ni une réflexion. C’est le poème du “lâcher-prise”, mais, en dépit de ce que sa brièveté laisserait penser, il n’a rien à voir avec une inspiration subite, spontannée. Il est souvent le fruit de longues retouches, pour obtenir le meilleur rendu.
Exemple – Souvenir de la soirée Paris-Carnet de mercredi, dans un pub surpeuplé du 5e arrondissement
Foot à la télé
Sueur, foule, fumée nous gênent –
Quittons ce troquet !
(Plus tard, en terrasse d’un autre bar)
Volent la fumée,
Les paroles et les pensées
Dans un courant d’air
Edité par Lewis Scarole le 03-03-2006 à 18:29