Et bien moi, j’adore, et j’argumente aussi (chouette !).
Premièrement, je pense fermement que Togashi n’a pas faibli dans sa manie de nous surprendre avec brio. Non, franchement, qui s’attendait (sans avoir eu de spoilers auparavant) à la simple question “quelle est ta date de naissance ?” en ouverture du manga, alors que nous étions tous en droit d’imaginer une éventuelle remise en place musclée de Nobunaga par Kuroro ?
Mais plus que tout, ce volume 12 est l’occasion de faire connaissance avec un membre de la brigade resté relativement discret jusqu’à présent : Pakunoda. Togashi nous émerveille en nous faisant découvrir les profondeurs psychologiques de ce personnage a priori peu bavard (quoi de plus normal pour quelqu’un qui accède à la mémoire des autres que de consacrer plus de temps à la réflexion qu’à l’action ?) : ses doutes, ses inquiètudes, ses interrogations.
Il est clair que pour ceux qui attendaient d’HxH un manga “purement orienté vers la dure baston”, le volume 12 déçoit quelque peu (mais à ce moment-là, ces mêmes lecteurs auraient dû lâcher en cours de route depuis quelques volumes déjà).
Mais pour ceux qui apprécient le savant dosage d’action et d’introspection, qui ont l’habitude de savourer autant les temps forts que les scènes de transition, qui aiment avoir “ezplikazione” à tout élément si anodin soit-il, HxH est tout simplement un chef-d’oeuvre 😁
Concernant le nen. Au contraire, je vois dans cet élément d’importance un “renouvellement” de la part de Togashi, qui en plus de s’écarter du stéréotype “je te balance des boules de feu sans savoir pourquoi ni comment”, introduit une raison d’être, une logique de l’énergie, qui rend les combats plus palpitants car nettement plus “stratégiques”.
Le nen est également un élément qui tend à nous montrer à quel point nos jeunes hunters ont tout à apprendre (on s’écarte encore d’un stéréotype, celui du “je suis déjà très fort, et je n’ai quasiment plus rien à apprendre”). Les héros n’ont pas seulement à accroître leur force ou leur vitesse (Dragon Ball), ni à commencer l’apprentissage d’une super-technique-mortelle-hyper-destructrice-comme-jamais-auparavant (Ranma, encore Dragon Ball), et encore moins à se procurer une nouvelle baguette magique top-tendance-de-la-mort-plein-de-paillettes (je vais me faire tuer par les fans de magical girls, moi ^^).
Ils doivent s’imprégner de l’essence même du nen, le comprendre, le ressentir, se familiariser avec lui, l’assimiler ; et ne pourront l’exploiter de manière optimale dans l’immédiat (c’est encore rompre avec les stéréotypes que de laisser Gon et Kirua, avec les seules bases du nen, affronter la Brigade Fantôme, et se rendre compte de leur totale impuissance face à ces vétérans du combat qui ont réussi à développer une technique propre. De même, il y a une sorte de respect qui s’établit vis-à-vis de Kurapika, qui a de son côté assimilé le nen en un temps record !! Le rapport des forces entre les protagonistes s’en voit entièrement bouleversé).
Enfin, la diversité narrative ouverte par le nen et ses multiples applications rend bien service à l’originalité de l’ouvre, en ce qu’il permet d’introduire des ennemis aux profils variés (pas uniquement “super-puissants-d’arrache-moi-l’pouce” ).
Je tiens également à faire remarquer que Togashi n’est pas novice au point de nous faire un pot-au-feu où aspect tactique et action s’entremêleraient de manière désordonnée et nuisible.
Les aspects tactiques (pourcentages etc…) n’interviennent qu’à des périodes de calme dans l’action (séquences-dialogues, comme dans le volume 12). Togashi ne se risquerait sûrement pas à introduire “ses histoires de pourcentage” entre deux coups de poings, mais préférera user malicieusement de flash-backs (v. fin du volume 9).
Regardez par exemple le combat entre Kuroro, Silva et Zeno. A-t-il été maladroitement coupé par maintes explications textuelles ou statistiques ? Non, Togashi a laissé Zeno divulguer les étapes de son raisonnement en période passive, et a laissé s’exprimer la “loi martiale” dans les phases actives.