Ce soir, je vous fait la présentation plus ou moins détaillé d'un scénario avorté que j'ai pu lire sur le net et que j'aimerais vous faire partager :
Je suis une Légende, adaptation du roman de Richard Matheson par John Logan
Ecrit en 1997 pour la Warner, réalisé par Ridley Scott (Alien, Blade Runner, Gladiator)
L’histoire débute à Los Angeles. Une étrange épidémie semble semer la mort partout dans le monde (jusqu’à la famille présidentielle).
Le protagoniste de l’histoire, Robert Neville, architecte de son état, est parti chercher son épouse, Virginia, atteinte d’une grave maladie, à l’hôpital. L’établissement est blindé de gens malade, et devant le refus du docteur Madden, le médecin de Virginia à laisser Robert la voir ou lui donner de nouvelles sur son état, Neville décide d’aller la chercher.
Il la retrouve dans la salle de mise en quarantaine. Les malades semblent particulièrement mal en point et hagards. Neville prend sa femme avec lui et s’enfuit de l’hôpital sous l’œil du docteur Madden qui le laisse faire.
Il parvient sans peine à sa maison, couche Virginia sur le lit et allume la télé ou passe un documentaire animalier : Un groupe de chacal attaque sauvagement un bison. L’émission s’arrête et l’image du téléviseur est brouillée…
Le scénario enchaine ensuite sur un petit bond dans l’avenir. La ville est déserte. Absolument déserte. Pas un chat, ni rien.
Une seule personne semble avoir survécu au cataclysme : Neville.
Apparemment le dernier homme sur Terre, d’humeur constamment dépressive, il vit dans une maison (qui n’était pas la sienne avant la catastrophe), et passe ses journées à regarder des vidéos souvenirs de sa femme (qui, victime du virus, c‘est suicidée sous les yeux impuissants de son mari), à déambuler dans la ville à bord de sa Rover, armé, en écoutant les Rolling Stones, et émet un message à la radio :
Je m’appelle Robert Neville. Tout les 3 jours,
À midi, je me rend au Branson Batiment, le plus
Haut de la ville. Vous ne pouvez pas me manquer…
Une bonne partie du scénario montre la journée de Neville, qui ne prononce mot, déambulant dans la ville avec son véhicule (c’est pour ça que je vais devoir abrégé, le scénario reposant vraiment sur l’atmosphère et non pas sur l’histoire en particulier et il ne s‘y passe alors rien de bien intéressant).
La nuit tombe, et on découvre enfin ce qui est advenu des autres habitants de la ville : Transformés, suite au fameux virus, en ce que l’auteur appel des Hemocytes, sortes de mort-vivants avides de sang et craignant le soleil, ils sont particulièrement bestiaux et ne semblent plus avoir aucune humanité.
Ils sont commandés par Le Cacique, le plus bestial d’entre tous.
Neville échappera à leur attaque cette nuit-là (et sera victime d’un piège qu’il avait posé ou il se retrouve la tête en bas, mais parviendra à s’en défaire).
Tel est donc le terrible destin de Robert Neville.
Un jour, il capturera l’un d’eux, pour tenter de trouver un remède contre leur maladie. Ne parvenant pas à le calmer, Neville lui donne un peu de son sang.
Et là, magie : Son sang semble être un sérum qui guéri l’Hemocyte, qui s’avère d’ailleurs être une femme du nom de Emma, qui retrouve son apparence humaine et toute sa raison.
Les réjouissances prennent fin lorsque les Hemocytes investissent la maison de Neville qui parvient à s’enfuir, seul, Emma ayant été tuée, après avoir eu le temps de se souvenirs de son mari et son enfant quand ils étaient en vie…
Alors que Neville se prépare à faire sauter la maison, nous voyons un enregistrement de Virginia, filmé peu avant sa mort, ou elle tente de rassurer son mari (qui regarderai la vidéo) en lui affirmant que le virus est l’œuvre de Dieu, que la page de l’histoire de l’homme allait être tournée, le mythe du zombi (ou du vampire, c’est pas précisé) devenait réalité, alors que l’homme deviendrait le mythe, et qui si Robert parvient à survivre malgré tout, alors il est une légende !
Neville, poursuivi par Le Cacique et sa bande, se réfugie dans un bowling. Après un âpre combat, il parvient à tuer Le Cacique (et découvre d’ailleurs des pièces d’identité avec une photo de lui alors humain, avec sa famille).
Arrivé sur un terrain d’aviation, et fait une rencontre qu’il n’attendais pas : Un petit garçon !
Enfant : Qu’est-ce qui t’est arrivé ?
Neville est alors incapable de parler sous l'émotion.
Enfant : Quel est ton nom ?
Neville ne parle toujours pas. L’enfant réitère sa question.
Neville : Mon nom est Robert Neville.
THE END
Alors, que penser de ce scénario abandonné…
J’adore le roman d’origine (sans l’avoir pris en compte pour la lecture de ce script), et un peu moins le film avec Will Smith (et l’attitude déplorable des producteurs envers le scénariste, Mark Protosevich, j’en reparlerai), et sincèrement, je préfère le film tel qu’on le connait à ce scénario…
Commandé à John Logan, scénariste de Gladiator, par Ridley Scott qui souhaitait réaliser une adaptation axé sur l’ambiance et la psychologie du héros, ce scénario ne m’a pas convaincu des masses, je doit l’avouer. Bon, d’un autre coté, ce n’est QUE sur papier, si le film s’était fait à partir de ce script et avec Scott à la caméra, certainement que ça aurait donné quelque chose, c’est pas mal de faire des films d’ambiances plutôt qu’à scénario, mais malgré d’excellentes idées, l’auteur survol des éléments important pour se concentrer justement sur l’ambiance (le sang de Neville qui guéri, pas expliqué pourquoi).
Mais ce qui m’a le plus déranger, c’est cette version de Robert Neville : Le scénario se veut plus psychologique, l’argument principal de Scott étant de montrer au spectateur le poids de la solitude du dernier homme sur Terre, sauf que dans le cas présent on ne ressent JAMAIS la solitude de Neville, c’est très rarement mis en avant, et le personnage est constamment neutre (vous me direz, en même temps), on ne s’y attache pas autant que dans le roman ou Richard Matheson mettait bien mieux en avant le fait que la solitude le pèse. De plus, il a appris à parler français pendant tout ce temps tout seul. C'est bien sauf que c'est la seule chose qu'il ai appris à faire, du coup il ne se prépare pas vraiment quand il sors et qu'il doit probablement rester la nuit avec les créatures.
Quand à la fin, je suis partagé : Si on peut se faire soi-même son interprétation par rapport à cette fin ouverte, je trouve qu’elle sors un peu de nulle part…
Coté casting, si Ridley Scott était réalisateur-producteur, bon nombre de noms ont circulés cotés acteurs : Michael Douglas, Nicolas Cage, Tom Cruise (que j'imagine parfaitement en cette version de Neville, ça doit être du à son rôle dans le film Oblivion…).
Le projet restera finalement en stand-by, car trop cher (il aurait fallut évacuer toute une ville) jusque dans les années 2000 dans un film avec Will Smith qu'on connait tous…
Bref, une petite déception, j’en attendait mieux. Et il y’a eu mieux. Ce scénario devait remplacé un autre trop cher, mais j’en parlerai plus en détail sur le forum ^^