L’art de la critique.

19 sujets de 1 à 19 (sur un total de 19)

Posté dans : Forum Général

  • Bub
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    bub le #116547

    J’ouvre ce topic suite à l’amorce d’un HS développé dans un autre thread. Je le fais car, ayant déjà vu ce débat-là sur d’autres forum entre des auteurs ( romanciers pour être précis ) et des chroniqueurs se prendre le chou, il me semble que ce sujet est tout à fait le bienvenu sur le forum d’un magazine comme Animeland.

    Donc, c’est-y quoi donc que la critique ? Est-il possible pour un ( courageux ! ) rédacteur de se lancer dans un jugement aussi objectif que possible à propos d’une oeuvre ( visuelle ou écrite ) qui sera diversement appréciée selon les ( bons et mauvais ) goûts de tout un chacun ? Peut-on reconnaitre les indéniables qualités d’un titre que l’on déteste ? Et à l’inverse avons-nous tous si bon goût pour dire que Miyazaki est un génie de l’animation ?

    Autrement dit – et à mon humble avis – peut-on sortir du “j’aime/j’aime pas” binaire et faire comprendre aux gens que la meilleure manière d’apprécier à sa juste valeur une oeuvre est de disposer des outils et des connaissances nécessaires permettant de jauger les qualités intrinsèques d’une réalisation quelconque en dehors de tout jugement subjectif ?

    Hein ? Dites ? Je vous le demande un peu.

    Meko
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    Meko le #116548

    Oh! Bub.. C’est pour moi ça ? (^-^)

    Bub
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    bub le #116549

    Vi ! ^^

    Mais pas seulement. J’ai cru déceler de bonnes volontés prêtent à débattre sur cet épineux sujet. ça permettrait aussi de présenter aux lecteurs un aspect de votre boulot à AL qu’apparemment beaucoup ne semblent pas soupçonner. Il ne suffit pas d’avoir vu/télécharger ( fufufu² ) quantité d’anime pour se poser comme spécialiste du sujet. L’analyse, c’est un exercice autrement plus complexe que le simple avis de Mr Tout-le-monde. J’espère donc voir se développer une discussion autour de ce thème.

    Nicolas-Penedo
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    Nicolas Penedo le #116550

    Meko avait très bien expliqué cela dans le thread en question.

    Etre critique, en gros, c’est avoir une connaissance suffisamment poussé de son sujet pour que, face à une oeuvre, on soit capable de la regarder avec objectivité pour en faire une analyse qui elle sera subjective.

    En fait, autant on peut déterminer si oui ou non une oeuvre a des qualités, autant toute tentative pour en parler sera subjective. Ce qui explique que si on doit reconnaitre que Balzac est un génie de la littérature, on a aussi le droit de ne pas aimer ses romans. D’une part, on constate l’incroyable talent qu’il déploie pour écrire et d’autre part, on ne se sent pas touché.

    Voilà : ce sont quelques remarques personnelles et certainement pas une profession de foi.

    Pour ma part, j’apprends toujours à mes stagiaires qu’ils doivent éclairer une oeuvre par leurs articles, c’est à dire apporter des éléments de compréhensions permettant soit de plus l’apprécier, soit carrément de la comprendre et de pouvoir l’apprécier.

    Ce sont les deux facettes : parler d’une oeuvre et la contextualiser.

    Edité par Nicolas_Penedo le 13-12-2007 à 19:50

    WARREN
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    WARREN le #116551



    la regarder avec objectivité


    Selon certains critères objectifs ?

    J’ ai du mal à comprendre cela : comment peut-on regarder une oeuvre avec objectivité alors qu’ elle passe par la personnalité d’ un individu ?

    Et sur quelles critères s’est basée la critique de Shurato pour être aussi en sympathie avec cet anime ?

    Je précise que personnellement, cet anime aurait dû avoir droit à une critique beaucoup plus cinglante : l’ anime suit le déroulement, dans les grandes lignes, celle de Saint Seiya, les personnages ont une personnalité à peine ébauchée, etc…

    Nicolas-Penedo
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    Nicolas Penedo le #116552

    Citation (WARREN)




    la regarder avec objectivité


    Selon certains critères objectifs ?

    J’ ai du mal à comprendre cela : comment peut-on regarder une oeuvre avec objectivité alors qu’ elle passe par la personnalité d’ un individu ?

    Et sur quelles critères s’est basée la critique de Shurato pour être aussi en sympathie avec cet anime ?

    Je précise que personnellement, cet anime aurait dû avoir droit à une critique beaucoup plus cinglante : l’ anime suit le déroulement, dans les grandes lignes, celle de Saint Seiya, les personnages ont une personnalité à peine ébauchée, etc…

    Darthantos ayant développé mon point de vue, je ne vois guère quoi rajouter. Les éléments objectifs sont effectivement des informations évidentes que l’on a sur le contexte d’une oeuvre ou son artiste. Exemple : on sait avant même d’ouvrir un manga de Go Nagai qu’il sera mal dessiné. Pour autant, on ne va pas le crier avec rage et désespoir en faisant la chronique et en s’exclamant que “cet auteur a du chemin à faire” : Nagai est une légende, on aime ou on aime pas son dessin mais il est devenu un auteur classique. Par contre, on peut discuter de l’importance de cette oeuvre dans sa production globale ou envisager une critique fondée sur l’originalité des concepts qu’il présente…

    Ensuite, pour Shurato, as-tu vu l’édition non censurée de la série comme Viky ? Elle a fait son papier à partir de cette nouvelle version qui donne à lire les vrais dialogues entre les personnages et permet d’avoir toutes les scènes sous les yeux : forcément, ça influence le jugement !

    Orely
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    orely le #116553

    Je met mon grain de sel.

    En tant que libraire, forcement j’ai une fonction de critique puisque je conseil.

    Evidement je conseil les livres que j’ai aimé et laisse les autres de coté.

    Mais une critique doit elle seulement être objective?? Ne doit elle pas prendre en compte le public visé?

    Par exemple il y a un an Laurent Gaudé avait sorti Eldorado. Je l’ai lu, mon patron aussi. tout les deux nous l’avons trouvé beau, avec des pages émouvante et belles sur le déracinement des candidats à l’immigration clandestine.

    pourtant les grands critiques dont c’est le boulot l’ont descendu. Pourquoi?

    Peut être en partie parce que les critique parisien (pardon pour ceux qui habite la bas) oublie un peu trop souvent qu’il n’y a pas que Paris dans le monde et que la ménagère de moins de 50 ans a autant le droit de lire qu’un intellectuel de la capitale, même Danielle Steel, même Christian Signol.

    Il en faut pour tout les gouts

    WARREN
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    WARREN le #116554

    Ainsi, même si Shurato présente des similitudes avec les Chevaliers du Zodiaque dans son scénario, même si sa réalisation n’a rien d’originale, il est à part dans le sens où il fait référence à la mythologie Hindouiste.

    Bah, forcément, il fallait bien que a série apporte quelque chose d’ un tant soi peu original pour justifier son existence, et ne pas passer pour “une copie fade de Saint Seiya”, ce qu’ elle est pourtant au début de la série.

    Ensuite, pour Shurato, as-tu vu l’édition non censurée de la série comme Viky ? Elle a fait son papier à partir de cette nouvelle version qui donne à lire les vrais dialogues entre les personnages et permet d’avoir toutes les scènes sous les yeux : forcément, ça influence le jugement !

    Bien évidemment, mais je trouve le papier trop sympathique concernant la série

    Minipoussin
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    minipoussin le #116555

    Je suis un peu méfiante vis à vis des critères “objectifs” , parce que l’importance qu’on donnera à ces mêmes critères, et à certains elements plus qu’à d’autres, dépendra du critique. Il en va de même pour la notion de “culture solide” , très relatif tout ça.

    Reiichido
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    Reiichido le #116556

    Super ! Bub, si tu n’existais pas on devrait t’inventer (Toi et Kuronoe, qui avez maintenu le forum en activité)

    Mais revenons-en à nos mouton.

    Déjà, je me dois de préciser que je n’ai rien de particulier contre toi, Meko. D’une manière générale, j’ai toujours un peu de mal à accepter les positions des gens qui affirment qu’ils ont la Vérité, que ce soit sur le plan politique, religieux, ou sur la recette exacte de la sauce vinaigrette. Peut-être que je suis un peu excessif dans cette opposition, et que vous avez raison quelque part, mais c’est un principe important pour moi (Je suis bien un centriste, tiens)

    Minipoussin: je plussoie. En plus, la valeur finale d’une oeuvre est souvent bien plus ou bien moins que la somme de ses éléments dits “objectifs”.

    Citation (Nicolas)
    Pour ma part, j’apprends toujours à mes stagiaires qu’ils doivent éclairer une oeuvre par leurs articles, c’est à dire apporter des éléments de compréhensions permettant soit de plus l’apprécier, soit carrément de la comprendre et de pouvoir l’apprécier.

    Ce sont les deux facettes : parler d’une oeuvre et la contextualiser.

    Ah mais je suis complètement d’accord. Je suis même d’accord pour dire que “l’avis du critique va au delà de l’avis de monsieur tout-le-monde”, comme le dit Darthantos.

    Je ne démens pas non plus que le but du critique est de donner un avis qui sera forcément subjectif, contrairement aux vendeurs de la FNAC. C’est d’ailleurs ce qu’on attend de lui, la plupart du temps (Cf la notion d’identification dans le post sur le fansub).

    Seulement, in fine, il ne faut pas spolier le “spectateur” de sa subjectivité, en balisant trop abruptement les chemins du bon et du mauvais goût. Et je crois aussi qu’il faut éviter l’écueil de donner une valeur aux goûts de chacun. Je sais, c’est dur d’éviter d’être trop critique face à des gens qui décorent leurs maisons de scènes de chasse en point de croix et de tableaux fait avec des couvercles de boîtes de chocolat. Mais ce n’est pas comme si ils m’enlevaient quoi que ce soit en aimant des choses que j’estime être ridicule.

    Et pour se convaincre de la relativité de son avis, rien de tel que de considérer la relativité du “bon goût” à travers les cultures et le temps, ou les nombreux cas où des œuvres sont devenues célèbres bien après la mort de leur créateur.

    WARREN
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    WARREN le #116557

    Citation (minipoussin)
    Je suis un peu méfiante vis à vis des critères “objectifs” , parce que l’importance qu’on donnera à ces mêmes critères, et à certains elements plus qu’à d’autres, dépendra du critique. Il en va de même pour la notion de “culture solide” , très relatif tout ça.

    Alors sur quoi baser une critique qui se veut un tant soi peu objective, surtout dans le cadre de la rédaction d’ une magazine, si on ne se met pas d’accord sur certains critiques permettant de juger d’ une oeuvre ?

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #116558

    Citation (WARREN)

    Citation (minipoussin)
    Je suis un peu méfiante vis à vis des critères “objectifs” , parce que l’importance qu’on donnera à ces mêmes critères, et à certains elements plus qu’à d’autres, dépendra du critique. Il en va de même pour la notion de “culture solide” , très relatif tout ça.

    Alors sur quoi baser une critique qui se veut un tant soi peu objective, surtout dans le cadre de la rédaction d’ une magazine, si on ne se met pas d’accord sur certains critiques permettant de juger d’ une oeuvre ?

    Je suppose que tu voulais écrire, Warren “…d’accord sur certains critères…” Je suis de l’avis très relativiste de Minipoussin, mais je trouve que Nico a très bien posé le fait que toute lecture est subjective tout en n’interdisant nullement les pistes à explorer pour éclairer l’oeuvre autant que faire se peut. C’est la subjectivité fondamentale elle-même qui rend la critique possible, puisque qu’une fois émise, une analyse vraiment “objective” baîlonnerait tout autre avis. Au fond nous en rêvons tous (cela s’appelle “volonté de puissance”) mais il est heureux que notre point de vue, qui que nous soyons, ne puisse prétendre à l’objectivité.

    Ainsi Darthantos a écrit un très bon post, mais il existe dans ce domaine une Créature du Diable : c’est le semi-intellectuel pédant qui, bouffi de la certitude qu’il a appris par coeur tout le métalangage du critique et donc qu’il est (seul) détenteur des bons outils, va asséner sa Vérité Vraie aux autres. Mieux vaut, ô combien ! l’avis d’un brave inculte un peu curieux et ouvert aux avis.

    Nicolas-Penedo
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    Nicolas Penedo le #116559

    C’est un magnifique éloge de la critique que tu nous donnes à lire là cher Darthantos. Je te suis complètement et je rajouterais un point : le Beau se trouve, par excellence, dans l’Art (la peinture, le dessin, la musque…) ; or, on a besoin d’être introduit à l’Art par un autre pour le comprendre et l’apprécier. Si les chanteurs populaires ou les romans grands publics n’imposent quasiment aucun effort pour plaire, l’Art, lui, requiert de la patience et du travail de la même manière qu’un palais doit apprendre à gouter les vins et se familiariser avec eux avant de comprendre en quoi déguster un Saint Emilion est une expérience hédoniste et de partage (car on ne doit pas seul, mais on se retrouve, dans le gout d’un breuvage, avec des amis qui ressentent le même plaisir que vous : ainsi, on se passe éventuellement des mots pour se dire le plaisir partagé).

    Mais par contre, la peinture, la musique classique, la philosophie… toutes ces matières sur lesquelles se sont illustrées les génies de l’Histoire peuvent paraitre hermétiques, voire carrément insupportables au premier abord. Ainsi, avant d’être conduit et dirigé dans le Louvre par mon amie, je n’arrivais à rien voir – les choses ne faisaient pas sens, mon regard ne savait pas prendre le temps de regarder tellement il y avait à voir.

    Avoir pu profiter de sa vaste culture d’étudiante de l’école du Louvre m’a ouvert une réalité à laquelle je n’avais pas accès. Aujourd’hui, la peinture m’enchante et son influence sur le manga me saute d’ailleurs régulièrement aux yeux (je devrais prendre des notes à chaque fois que je vois une peinture qui a influencé le comics et le manga !).

    C’est en cela que chaque fois que j’écris, je tâche d’être un passeur. De parler d’une oeuvre, la faire connaitre, susciter l’envie du lecteur d’aller la découvrir et ce, sans oublier de donner matière à penser à partir de cette oeuvre. Ainsi de mon dernier papier sur Code Geass, j’invite ceux qui le souhaitent à s’intéresser à l’histoire du fascisme, à la nature du terrorisme, afin qu’une simple oeuvre de divertissement soit l’occasion, pourquoi pas, d’un éveil à l’Histoire ou à la philosophie.

    Lord-Yupa
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    Lord Yupa le #116560

    Wouaahh, Darthantos, Nico, deux Platons successivement !

    Mais c’est superbe en effet, notamment la prose quasi-lyrique de Darthantos, et brillamment étayée. Dis, tu devrais faire un petit essai là-dessus, et pourquoi pas tenter de le publier ?

    Ce que tu dis touche très juste aussi Nico, et me touche vu mon job. C’est ce qu’on m’a appris dans ma formation : les gens ne savent pas voir, car on ne l’apprend pas à l’école, ou si peu. Et rien ne me fait plus plaisir que lorsque des touristes me disent que grâce à moi, ils ont vu les choses qui étaient sous leur nez et qu’ils n’avaient pas vues. Le plus curieux étant que c’est précisément le plus visible que les gens ne voient pas. Ce qui me donne l’idée de revenir plus tard avec une approche à la Bachelard, pour mettre des grains de poivre dans Platon.

    On se fait un Louvre un de ces jours, Nico !:cours:

    NdJ
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    Matthieu Pinon le #116561

    Allez, hop, j’en rajoute une couche, même si l’essentiel a déjà été dit et que je suis en accord avec la majorité des propos tenus plus haut.

    Pour faire “un bon critique”, il faut plusieurs éléments.

    Premièrement : la passion.

    Il faut être réellement passionné par le media sur lequel on va exprimer ses jugements, être prêt à avaler des heures d’animation et lire des milliers de pages sans jamais se lasser. Sans oublier être prêt à partir plusieurs jours super loin pour profiter d’un festival, et autres sacrifices du même acabit.

    Deuxièmement : la curiosité.

    Il faut savoir s’ouvrir à de nouveaux titres, de nouveaux auteurs, de nouveaux genres, tout en prenant également soin de regarder vers le passé pour voir des chefs d’oeuvre fondateurs du genre.

    Troisièmement : une solide culture générale.

    C’est facile à dire, mais nettement moins à faire. Cette “condition” va de pair, selon moi, avec la curiosité, mais dans un spectre bien plus large. S’intéresser à la peinture, à la littérature, au cinéma… Les références, les influences, les thèmes abordés peuvent être les mêmes d’un media à l’autre : c’est le traitement qui diffère.

    Prenons un exemple tout bête : il n’y a pas besoin de connaître Lupin III, d’avoir des acquis en astrophysique ou d’avoir lu tout Asimov pour apprécier Cowboy Bebop. Mais sans ces connaissances, il devient plus difficile d’en parler.

    Quatrièmement : de la culture “technique”.

    Vouloir parler d’animation sans connaître le principe de création d’un dessin animé est vain. En visitant des studios, en cherchant de la doc, en rencontrant des créateurs, etc… il faut se faire un solide bagage dans ce domaine.

    Cinquièmement : de l’objectivité.

    Evidemment, il peut y avoir des genres qu’on aime, et d’autres qu’on n’aime pas. C’est tout à fait compréhensible et humain de ne pas accrocher à la science-fiction, au polar, aux comédies sentimentales… Mais ce n’est pas une raison pour descendre un titre. Même les plus réfractaires à la SF reconnaîtront les qualités techniques, scénaristiques, artistiques… de Cowboy Bebop (pour reprendre le même exemple)

    De même, il faut être prêt à admettre que tel auteur qu’on vénère, qui n’a fait que des chefs d’oeuvre jusqu’ici, peut pondre une bouse dans l’avenir.

    Sixièmement : de l’humilité.

    Quand on fait une critique, il ne faut pas oublier qu’il aura fallu des heures de boulot aux concepteurs de l’oeuvre qu’on est chargé de “juger” en quelques lignes. Et tout un chacun peut être d’un autre avis que le sien : on ne possède pas la science infuse et la vérité absolue. Regardez, d’ailleurs, dans la rubrique Top & Bides : il arrive souvent qu’un même titre soit porté aux nues par un des rédacteurs et descendu en flammes par un autre.

    Septièmement : de la pédagogie.

    Il faut toujours justifier son jugement sur un titre, à l’aide des critères que je viens d’énumérer. Mais surtout, penser qu’on s’adresse à quelqu’un, lui donner envie de regarder ce titre (ou de l’éviter), l’inciter à s’intéresser à des oeuvres qu’on estime “incontournables”, le motiver à élargir sa culture (dans le domaine ou plus largement), bref, “être un passeur” pour reprendre l’expression employée auparavant.

    Bien entendu, ces sept éléments sont des conditions non pas suffisantes, mais nécessaires pour être un “bon” critique. Il y a bien d’autres choses encore (maîtrise de la langue française, suivre l’actualité…) mais je n’ai pas la prétention de toutes les connaître, loin de là.

    Meko
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    Meko le #116562

    bon, je me fais voler mon pain moi! c’est MON post ! alors cassez-vous, gredins !:meche:

    Sérieusement, j’ai compris plein de choses grâce a Dardanthos, et a la vision de l’artiste qu’il a propôsé.

    Ayant fait un cursus artistique suivi de 6 ans de Beaux arts et ayant la prétention d’être un créateur aujour’hui (en illustration, BD et en animation), j’ai eu forcément a me poser beaucoup de questions pour affiner ma faculté de représentation, mes outils, mon “style”, et ma démarche. Aujourd’hui je fais ce que je fais en dessin, et la je me “soumet” a la critique, mais j’estime (et mon ego ne me contredit pas) que j’ai fait plue de chemin que le vilain chasseur fan de point de croix en matière de jugement esthétique.

    Regardez certaines émissions sur arte, un gars peut analyser une installation de marcel duchamps pendant une heure et demie. Si on faisait un sondage a la sarkozy, il y aurait 0,2 % des Français qui trouveraient le grand verre “beau”. une fois vu cette émission, on remonterait à 35% (je veux le croire).

    Cela signifie que le critique a un devoir d’analyse, de décryptage, vu qu’il est cencé avoir des outils supplémentaires que son public.

    Pour ma part,Reiichido, et m’sieur Yuppa, j’ai l’immense affront égocentrique de me permettre d’insister sur le fait que mon parcours et mes obsessions ne font pas de moi quelqun d’objectif du tout, mais me permettent d’avoir un avis éclairé curieux documenté exhaustif et parfois humoristique sur une créations sur laquelle je jette mon dévolu.

    L’experience des sites ou le public rédige ses critique et vote pour ses oeuvres donne souvent un “eugénisme” culturel ou les ninja et les cahiers qui tuent ne laisse pas beaucoup de place aux seinen de Delcourt, et ou 90 % des notes sont zero ou 10 sur 10…

    La passion doit être gérée, la critique doit avoir atteint une certaine maturité avant de pouvoir s’épanuoir.

    Je me suis épanouis.

    Autre chose,matthieu, je rajouterai “être vivant” a tes criteres.

    Les Japonais sonty férus de comédie sentimentale, ces étranges “shôjôs pour garçon”. certains comme Maison Ikkoku ou Love Hina, que l’on aime ou pas, sont très bien foutus, et très prenant. parcequ’il y a une énorme influence d’un truc que tout le monde peut partager : le vécu.

    Quand on est resté puceau, les sous merdes façon dears, psychic academy ou aoi yori aoshi semblent de bonnes lectures. Alors oui, le lecteur d’une telle série se dit en son fort interieur “mais moi j’aime bien, les gouts et les couleurs ça ne se discute pas, samourai champloo c’est de la merde, et je n’acheterai plus animeland!”

    Donc pour s’en premunir, pour moi, il faut avoir eu une expérience sexuelle, avoir pris l’avion, avoir bu un vin a plus de 500 euros la bouteille, avoir fait de la plongée sous marine, avoir déja vu un mort ou un énorme accident de la route en vrai, avoir fait du cheval, escaladé un glacier, une randonnée dans le desert, avoir fait du bateau, de la spéléo, sauté par dessus un feu de la saint jean… toutes ces activités qui dévellopent les sens, qui donnent une éppaisseur a l’existence. Ces trésors cognitifs qui sont stockés, puis stimulés par les lectures ou les visionnages que l’on effectue avec un regard critique.

    Je voudrais rajouter aussi que je me sens d’autant plus critique que souvent (bon ou mauvais) un manga ou un anime m’enmpêche de rentrer dedans parcequ’il me force a l’analyse. Il me faut alors une deuxieme lecture pour en jouir réellement. C’est je crois un cap important, un conditionnement qui m’empeche de faire passer mes gouts avant la critique.

    Enfin, (drôle) NDJ, quand tu dit que l’on a pas les même jugements dans top et bide, tu veux pas dire tout simplement que les tops de nico sont régulièrement les bides des autres rédacteurs ?

    :lave:

    Minipoussin
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    minipoussin le #116563

    Il y a une chose qui m’a marquée concernant la critique, ce sont celles qui avaient été attribuées au “Silence des Agneaux” à l’époque de sa sortie en salle…ça donnait quelque chose du genre “bien mais pas top…le polar qu’on va voir pour se détendre et qu’on oubliera vite”

    Bon, c’est un exemple de plus d’un certain décalage avec le public. Parce que la difficulté dans tout ça…c’est de parvenir à transmettre son point de vue sans oublier à qui on s’adresse. La question du “à qui on s’adresse” est terriblement compliquée puisque dans le lot , tu auras différent “niveau” de connaissances chez le lecteur , différentes origines, différents goûts etc.

    Les outils d’analyse, les connaissances, ça permet de mettre le doigt sur le “niveau de qualité” d’un titre….mais je suis persuadée qu’aussi cultivé et experimenté que l’on soit, on a toujours quelques daubes dans les tiroirs.

    Imaginons qu’il y ait quelqu’un de totalement néophyte, avec une culture limitée, qui se met à écrire des critiques : ben il aura aussi un lectorat pour le suivre, parce que ses goûts et ses points de vue rejoindront ceux des personnes qui en sont au même point.

    Tout ça pour dire que les connaissances et les capacités d’analyse, de comparaison etc…sont une partie des élements qui feront un bon critique, en tout cas, c’est ce qui ajoute de la qualité et du fond à son analyse globale, mais ça n’est rien si le critique parle pour lui ou pour les quelques personnes qui suivront.

    Je sais que concernant Animeland, j’ai tendance à être attentive au nom de l’auteur d’un papier … parce que ça me donne déjà des infos sur l’orientation qu’il aura. A niveau équivalent de connaissances, tu peux passer du tout au tout sur un même titre selon que ça sera x ou y qui l’aura critiqué.

    Meko
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    Meko le #116564

    Non et Non! sacreubleu !!!

    Citation (minipoussin)
    Il y a une chose qui m’a marquée concernant la critique, ce sont celles qui avaient été attribuées au “Silence des Agneaux” à l’époque de sa sortie en salle…ça donnait quelque chose du genre “bien mais pas top…le polar qu’on va voir pour se détendre et qu’on oubliera vite”



    Ahhha… tiens c’est marrant.. n’importe qui voyant le jeu d’acteur de Hopkins et foster ne peut peut que consacrer ce film et ces acteurs. le scénario tiens méchament le coup, et la réalisation n’a rien d’innovant, mais évite tout faux pas. C’est forcément un film a mettre en valeur.

    Citation (minipoussin)
    Bon, c’est un exemple de plus d’un certain décalage avec le public. Parce que la difficulté dans tout ça…c’est de parvenir à transmettre son point de vue sans oublier à qui on s’adresse. La question du “à qui on s’adresse” est terriblement compliquée puisque dans le lot , tu auras différent “niveau” de connaissances chez le lecteur , différentes origines, différents goûts etc.

    Et le rôle du critique est justement de rendre accessible l’œuvre a tous niveau. Une analyse trop poussée sera un travail universitaire, il s’adressera plutot a des critiques justement.

    Citation (minipoussin)
    Les outils d’analyse, les connaissances, ça permet de mettre le doigt sur le “niveau de qualité” d’un titre….mais je suis persuadée qu’aussi cultivé et experimenté que l’on soit, on a toujours quelques daubes dans les tiroirs.

    Et on apprend donc a mettre notre gout de chiotte de côté.

    Citation (minipoussin)
    Imaginons qu’il y ait quelqu’un de totalement néophyte, avec une culture limitée, qui se met à écrire des critiques : ben il aura aussi un lectorat pour le suivre, parce que ses goûts et ses points de vue rejoindront ceux des personnes qui en sont au même point.

    Comment parlera t-il de Zipang ? de L’âme du Kyudo ? De Kié la petite peste ? De nouvelles de la littérature Japonaise ?

    Aura t-il spontanément accès a autre chose que les 10 titres les plus vendus ? Quel sera la teneur de sa critique ? pourrat-il dévelloper autre chose que son émotion a la lecture ? Pourra-t-il expliquer que les personnages de NAruto n’ont rien a voir avec des ninja ?

    Citation (minipoussin)
    Tout ça pour dire que les connaissances et les capacités d’analyse, de comparaison etc…sont une partie des élements qui feront un bon critique, en tout cas, c’est ce qui ajoute de la qualité et du fond à son analyse globale, mais ça n’est rien si le critique parle pour lui ou pour les quelques personnes qui suivront.

    “parler pour lui” ? je ne comprend pas… pense tu encore que nous critiquons un manga uniquement parce qu’on l’aime et qu’on veut que les gens l’aiment parce que c’est trop bien ? Repose l’idée de l’activité d’un critique a plat. Consulter l’ensemble des publications de sa spécialité, et “apposer son sceau de bienveillance” en relayant la sortie avec son soutien ou son démolissage dans une publication régulière.

    Citation (minipoussin)
    Je sais que concernant Animeland, j’ai tendance à être attentive au nom de l’auteur d’un papier … parce que ça me donne déjà des infos sur l’orientation qu’il aura. A niveau équivalent de connaissances, tu peux passer du tout au tout sur un même titre selon que ça sera x ou y qui l’aura critiqué.

    ça c’est éévident, et on ne s’en cache pas.

    D’ou l’idée de la création de la rubrique VS pour faire s’affronter deux rédacteurs opposés. De plus la page top et bides, encore une fois, reste notre petit monde personnel prou hurler nos “j’aime / j’aime pas” en tout quiétude. La subjectivité dont il est question n’est pas digne de débat a mon avis, il vaut mieux éffectivement tenter de maitriser un peu la démarche des rédacteurs, et ainsi jauger au mieux si tel ou tel titre est fait pour vous.

    Mais au pire des cas vous vous retrouverez avec une experience interressante, qui avec un peu de chance vous fera mourrir plus intelligent.

    Minipoussin
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    minipoussin le #116565

    Citation (Meko)
    Ahhha… tiens c’est marrant.. n’importe qui voyant le jeu d’acteur de Hopkins et foster ne peut peut que consacrer ce film et ces acteurs. le scénario tiens méchament le coup, et la réalisation n’a rien d’innovant, mais évite tout faux pas. C’est forcément un film a mettre en valeur.

    En réalité, je ne sais pas si les critiques s’étaient donnés la peine de lire l’oeuvre d’origine ( en tout cas pour première et studio ) et à l’époque, le psychopathe n’était pas encore forcément vendeur. L’adaptation de “Dragon Rouge” était passée complétement inaperçue. Peut être qu’avec un regard un peu “blasé” et distant ça donne “c’est bien mais pas top”

    Je me demande aussi ce qui avait été dit de Star Wars à l’époque de sa sortie…

    Citation (minipoussin)
    Et on apprend donc a mettre notre gout de chiotte de côté.

    C’est justement là que ça coince peut être. Après, on peut considérer qu’il y a jugement de valeur sur des bases purement intellectuelles , alors qu’en gros, ce n’est pas forcément ce qui est attendu.

    Citation (minipoussin)
    Comment parlera t-il de Zipang ? de L’âme du Kyudo ? De Kié la petite peste ? De nouvelles de la littérature Japonaise ?

    Aura t-il spontanément accès a autre chose que les 10 titres les plus vendus ? Quel sera la teneur de sa critique ? pourrat-il dévelloper autre chose que son émotion a la lecture ? Pourra-t-il expliquer que les personnages de NAruto n’ont rien a voir avec des ninja ?

    Je ne suis pas certaine que les spectateurs de Naruto portent une grande importance au rapport qu’à ce titre avec la réalité historique. En fait, ils s’y interesseront peut être si à la base la série leur a plu et qu’ils veulent en savoir plus sur certains points ( un peu à la façon des fans de Saint Seiya qui se sont penchés par la suite sur la mythologie )

    Ce que je veux dire c’est qu’au final, on reste quand même dans le “j’aime/j’aime pas” et que les informations développées sur un mode journalistique dépendront aussi des connaissances et de ce qui interesse le critique à la base. Si tu as certaines connaissances, tu seras agacé de les voir malmenées, si tu ne les as pas, tu n’y feras pas attention.

    Je ne suis pas certaine que ceux qui ont lu “Subaru” soient tous spécialistes de danse classique par exemple…peut être qu’une danseuse étoile sauterait au plafond en pestant alors que tous les autres lecteurs s’en moqueront.

    Voilà pourquoi “l’objectivité” me semble fortement mise en doute.

    Citation (minipoussin)
    “parler pour lui” ? je ne comprend pas… pense tu encore que nous critiquons un manga uniquement parce qu’on l’aime et qu’on veut que les gens l’aiment parce que c’est trop bien ? Repose l’idée de l’activité d’un critique a plat. Consulter l’ensemble des publications de sa spécialité, et “apposer son sceau de bienveillance” en relayant la sortie avec son soutien ou son démolissage dans une publication régulière.

    Je n’ai pas dit ça dans ce sens mais dans le sens :” à qui je m’adresse”. Comme le disait Orely, il y a parfois un fossé qui se creuse entre le critique et le public qui va recevoir ses réactions. Je ne jette pas la pierre, on a forcément un point de vue différent quand on a avalé des tonnes et des tonnes d’informations que quand on les prends à petites doses au fur et à mesure, ou quand on part de zéro.

    C’est ça la grande difficulté je crois, bien plus que des histoires de pseudo objectivité : faire passer son idée en tant “qu’expert” sans oublier que le but du jeu c’est d’orienter le public vers ce qui l’interessera. Ou alors, il faut assumer le point de vue personnel et subjectif jusqu’au bout ( ce qui est simplement mon idée de base : la totale subjectivité )

    Parce que dans le fond, l’interêt d’une critique pour le lecteur, c’est quand même de savoir ce qui peut être interessant pour lui.

    Si un lecteur voit systématiquement les oeuvres qu’il aime être cassées et inversement, les oeuvres qui l’ennuient au plus haut point être encensées….il va rarement se dire “je ne suis pas assez cultivé pour saisir le sens profond et la qualité de tel ou tel titre” mais : bon ben je vais voir ailleurs parce qu’on ne s’adresse pas à moi.

    C’est quand même ça le fond : la critique s’adresse au public. S’il y a une deconnexion trop forte entre celui qui envoie et celui qui reçoit , ça ne sert plus à rien.

    Citation (minipoussin)
    ça c’est éévident, et on ne s’en cache pas.

    D’ou l’idée de la création de la rubrique VS pour faire s’affronter deux rédacteurs opposés. De plus la page top et bides, encore une fois, reste notre petit monde personnel prou hurler nos “j’aime / j’aime pas” en tout quiétude. La subjectivité dont il est question n’est pas digne de débat a mon avis, il vaut mieux éffectivement tenter de maitriser un peu la démarche des rédacteurs, et ainsi jauger au mieux si tel ou tel titre est fait pour vous.

    Mais au pire des cas vous vous retrouverez avec une experience interressante, qui avec un peu de chance vous fera mourrir plus intelligent.

    Dans la mesure où je dis depuis le début que les informations objectives ne le sont pas totalement … on va forcément aborder la question de la subjectivité dans une critique. Je ne critique pas le fait que les articles soient subjectifs, je dis juste “ils le sont entièrement”.

    Lorsqu’on fait des études journalistiques , la notion d’objectivité est l’une des choses dont on parle en premier lieu en la mettant bien en avant “un journaliste doit être objectif blablabla” … mais en réalité, dès qu’on sort de l’exercice de la brève ou du listing d’informations, il faut être sacrément fortiche pour utiliser un vocabulaire “neutre” sur plusieurs centaines de lignes. Le vocabulaire employé, la façon dont l’information est présentée, le titre, les thèmes mis en avant sont tous connotés. Il me semble quasi impossible d’écrire sans entrer dans le subjectif.

    C’était d’ailleurs pour ça que j’étais assez contente de voir le tableau des “j’aime/j’aime pas” et que je le trouvais trop succinct , et que je trouvais que le “bras de fer” était une bonne initiative ( à renouveler)

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