Sharbett et Bub sachez que je suis totalement d'accord avec vous.
Quant on voit le prix exorbitant de certains volumes de bandes dessinées, j'estime que nous devons avoir droit à une édition d'excellente qualité et tout comme vous, je suis très à cheval sur la qualité de l'orthographe (entre autres).
Bub nous citait Glénat et la régression du soin accordé aux volumes les plus récents de l'intégrale Carl Barks.
Il y a également un autre éditeur qui fait souvent un travail abominable sur certains comics Marvel qu'il édite et traduit: Panini.
Et là, il me vient en tête l'intégrale de Spider-Man.
Les premiers volumes contiennent tous les numéros écrits par Stan Lee et illustrés par le grand Steve Ditko.
La bande dessinée en elle même est exceptionnelle: elle est très originale, alterne avec brio fantastique et drame social et sait mêler habilement humour, action et drame, voire tragédie. The Amazing Spider-Man est un incontestable classique des comics de super héros, les numéros des années 60 étant de pures merveilles.
Alors pour ce qui est de l'édition en elle même: les premiers volumes bénéficient d'un papier d'une qualité remarquable et très agréable au toucher, les couleurs ont été restaurées et sont magnifiques à tel point qu'on croirait que les numéros ont été publiés hier…
Hélas, mille fois hélas, là ou le bât blesse est sur l'élément le plus important: LA TRADUCTION.
Et autant vous dire qu'il s'agit d'une véritable horreur sans nom.
La traduction de ce classique de la bande dessinée américaine a été confié à Geneviève Coulomb qui est sans nul doute LA PIRE traductrice de sa profession!
Tout d'abord, elle a eu l'idée détestable de “réactualiser” le langage des personnages s'exprimant dans la série et bon nombre d'entre eux emploient dorénavant un vocabulaire ordurier de fort mauvais goût et totalement inadapté.
Pour rappel, les premiers numéros ont été publiés dans les années 60, et vu qu'aux USA les gros mots étaient proscrits dans des bandes dessinées comme Spider-Man et pour contourner la censure, Stan Lee avait recours a un langage littéraire qui confère un certain charme aux aventures du tisseur.
Or, il est assez étonnant et malvenu d'entendre Peter Parker jurer comme un charretier et vociférer des gros mots comme “salopard”, “enfoiré”, “connard” et autre “merde”.
Pour rappel, Peter est un étudiant cultivé et érudit, ce n'est absolument pas son style de parler aussi crument! (et puis sa tante May aurait tôt fait de corriger ses vilaines manières).
C'est un peu comme les BDs franco belges des années 60, jamais on a vu par exemple Spirou et Fantasio parler comme Eric Cartman dans les épisodes de Franquin!
En fait quand je vois ce langage grossier, c'est un peu comme si je voyais un film avec Humphrey Bogart doublé par Joey Starr.
Et puis il faut que le langage employé corresponde au ton de l'oeuvre.
Le langage cru et grossier dans GTO colle parfaitement à l'esprit de l'oeuvre de Torû Fujisawa.
Il serait en revanche parfaitement ridicule et risible de voir Onizuka avoir un langage châtié comme Cyrano de Bergerac.
Imaginez un peu s'il parlait ainsi face à un élève l'ayant insulté:
“Diantre vil faquin tu as eu l'outrecuidance de m'offenser! ôte toi de mon chemin et présente tes excuses ou je vais te pourfendre infâme butor!” 😂
Pour en revenir à Spider-Man, le langage grossier n'est cependant pas le plus grave (bien que très exaspérant).
La traduction de Geneviève Coulomb regorge de fautes d'orthographe, de conjugaison et de grammaire qui sont un véritable supplice à lire!
On découvre des expressions hallucinantes et complètement alambiquées telles que:
“Con de moi!” 😉
“Il sera complètement eu jusqu'au trognon!” 😉
” Je Decoconne” Spidey veut surement employer le verbe décoconner qui renvoie …à l'élevage des vers à soie…. 😒
” j'en viendra pas à bout” (viendrai, pas viendra quand on emploie la première personne du singulier!)
Vous voyez l'ampleur du désastre.
J'ai depuis cessé d'acheter ses Intégrales, j'estime qu'une traduction aussi bâclée et ratée est non seulement un manque total de respect envers le lectorat français mais aussi envers les auteurs.
J'adore Spider-Man mais là, je refusais de claquer 25 euros pour un volume d'une Intégrale que même un élève de 5e traduirait infiniment mieux.
Plusieurs lecteurs français ont vertement critiqué cette traduction honteuse (je me souviens notamment d'une lettre d'un fan de Spider-Man de 42 ans qui critiquait avec virulence et pertinence cette adaptation française calamiteuse dans le courrier des lecteurs d'un mensuel Marvel), mais Panini n'en a cure et continue à laisser cette pitoyable traductrice poursuivre son carnage.
Un véritable éditeur digne de ce nom ne tolèrerait pas un travail aussi exécrable, mais j'ai l'impression que Panini s'en moque du moment que ses albums se vendent bien.
Chez Panini ça dépend: il y a des traductrices excellentes et très compétentes telles que la talentueuse Nicole Duclos qui fignole dans les moindres détails ses traductions (elle a accompli un travail d'orfèvre sur Daredevil et le Punisher) et d'autres qui sont archi nulles comme Geneviève Coulomb.
Quoi qu'il en soit, je peux vous dire que lorsque je vois Geneviève Coulomb à la traduction d'une bande dessinée américaine, cela me suffit pour me dissuader à acheter l'oeuvre en question et à me tourner vers l'import!
Heureusement que chez Urban Comics, les traductions sont globalement de très grande qualité et on sent chez cet éditeur leur passion et leur immense respect envers les super héros de DC Comics (Batman, Wonder Woman, Superman).
Les nombreux encarts ou il nous parle de l'historique de certains super héros et d'auteurs majeurs sont passionnants et les rendent ainsi plus abordables pour les lecteurs néophytes les connaissant mal.
Et pour Watchmen le chef d'oeuvre d'Alan Moore, les responsables de Urban ont eu l'excellente idée de reprendre la traduction sublime de Jean-Patrick Manchette (acclamée par Alan Moore lui même) alors que chez Panini, ils l'avaient retraduite et avaient confié le travail à… Geneviève Coulomb (ARGH!).