Cela fait quelques temps que je me demande pourquoi l'immigration pose un tel problème. Car bien qu'elle soit brandie comme source de tous les problèmes par des gens qui ont besoin de coupables désignés pour se sentir à l'aise avec leur malêtre, elle n'en reste pas moins un problème indéniable dans ce qu'elle n'intègre pas les nouveaux venus.
Les débats politiques sur la question donnent trop souvent dans le "a qui la faute" pour être constructifs, je ne vois pas d'autres moyens que d'utiliser son cerveau pour comprendre. (bon, il y a aussi les études sociologiques… j'avoue.)
La conception américaine de l'intégration ne me plait que moyennement et je n'y vois pas une solution puisqu'elle tend vers le chacun chez soi, sauf pour faire du fric. Je n'y peux rien, ça me fait tiquer. Pragmatiquement, c'est probablement la solution la plus simple, mais ce n'est pas de l'intégration chaque groupe ayant sa culture propre.
Pourquoi ça me pose problème ? Parce que ça rend plus compliqué les mélanges. Le communautarisme c'est la perte de la solidarité au niveau étatique. Et j'y tiens à la solidarité. D'ailleurs la droite partage cette analyse et fait tout pour instaurer le communautarisme à l'américaine chez nous. Entre petites phrases, lois dirigées vers une communauté précise, "débat" sur "l'identité nationale" et politique du logement, ça semble évident. Et puis, d'après ce que j'en sais plus il y a d'échanges entre populations, plus l'acceptation est facile. Donc communautarisme : NIET.
A partir de là plusieurs choses me semblent prioritaires sur lesquelles il faudrait travailler.
Premièrement en finir avec le "français" des cités. Je m'explique, dans une cité, un français, c'est un blanc. Souvent un bourgeois selon les critères en cours. (En fait souvent un mec normal, mais tout est question de perspective) Il faut tout faire pour perdre ce tic de langage. Ce n'est pas poli de reprendre les gens, mais je ne me gêne pas quand ils disent cela. On me répond souvent que je "vois très bien ce qu'[on a] voulu dire" mais c'est bien là le problème. Un français c'est un mec qui a la nationalité française. Point. Si des gens s'excluent eux même de la définition de français, ça ne va pas être évident de faire accepter aux autres qu'ils le sont…
Ensuite augmenter de façon très significative les amendes concernant les villes qui n'ont pas les 20% obligatoires de logements sociaux. (Edit : j'ai supprimé une partie de ce paragraphe, incapable que j'étais de le justifier) L'état à besoin d'argent de toute façon. Alors je ne vois pas pourquoi il devrait hésiter à taxer les villes hors la loi et riches. Prenons l'argent ou il est et remettons un peu de justice dans ce bas monde. Tout bénef. (Sauf pour les villes, mais eh ! elles se foutent du monde alors osef) Et puis, cela permettra de diminuer fortement un communautarisme qui n'a pas été demandé.
Faciliter l'accès des populations défavorisées financièrement à la campagne. Ce n'est pas impossible. Remplacer le bus au neuf dixième vide, par deux minibus par exemple. Donc doubler le nombre de liaisons. Et le nombre de chauffeurs (whaou du travail en plus !), et puis, nombre de personnes vivant en cité ont des voitures. Il suffit de faciliter l'accès à la propriété en campagne avec pourquoi pas des emprunts à taux suivants l'inflation passés directement à l'état. Ça ne lui fera pas perdre d'argent, à l'état. C'est un peu compliqué à mettre en place, mais pas impossible. Et je ne doute pas que nombre de familles quelques soient leur origine aimeraient assez avoir un jardin ou leurs enfants pourront jouer sans risques. (L'accès à l'emploi ? Les zones industrielles par exemple sont de plus en plus éloignées des villes et voyager en campagne, ça va très vite comparé à un voyage en ville et ça pollue moins (pas de bouchons).)
Là, l'état ne pourra pas faire grand chose, mais s'arranger pour avoir un peu plus de héros de fictions moins pâles serait plutôt salvateur. La dessus suivre l'exemple des Etats Unis serait utile.
Rappel assez fou. Alexandre Dumas a été joué par Depardieu. Or Alexandre Dumas était métis (sa grand mère était une esclave africaine). Et il est joué par l'acteur au physique le plus "gaulois" de notre cinéma. Pourquoi ? Pourquoi occulter que l'un de nos plus grand écrivains nationaux était métis ? Son père était l'équivalent militaire de Barack Obama (premier général noir, enfin premier général métis noir/blanc) ! C'est tout de même grave ! Ce n'est pas une information anodine !
Donc, combler ce trou inacceptable.
Évidemment, il faut étudier l'immigration à l'école. Pourquoi les anciennes vagues se sont plutôt bien passées (ou de notre point de vue actuel ont eu l'air de bien se passer), pourquoi les gens émigrent, pourquoi depuis quelques dizaines d'années cela semble-t-il poser plus problème. Étudier les religions, aussi. Car ça rentre en compte. Pas seulement leur histoire et leurs livres, mais aussi comment elles sont vécues en France et ailleurs. Cela fera constater que le nombre de jeunes filles, dont la famille se dit musulmane, portants le voile ne sont pas si nombreuses et permettra de démystifier un peu cette religion, composée de quelques bigots mais surtout de gens normaux. Et donc percevant la religion différemment une fois en contact avec le confort et la façon dont les chrétiens vivent la leur, de religion (ou dont les athées ne la vivent pas).
Globalement, on peut dire que l'éducation est la clef. On a peur de ce qu'on ne connait pas.
J'ai vécu un mariage musulman de l'intérieur. J'étais le seul non musulman et j'étais aussi le seul blanc. La première partie du mariage m'avait un peu fait peur. Hommes et femmes séparés, discours de l'imam en arabe très… hum… "la fiancée doit être choisi selon son honneur, sa religion et sa famille" pas glop glop quoi. Mais une fois les anciens ayant quittés les lieux comme leur age le leur imposait (et probablement parce que se sachant de trop quant a ce qui allait suivre) les hommes sont allés rejoindre les femmes dans la salle principale (la salle décorée, car oui, les hommes étaient dans la salle la moins grande, la moins jolie) et je n'ai pas le souvenir d'un seul voile sur la tête de quelque femme que ce soit. S'en suivit des danses, etc. Un mariage, quoi. Ce que j'en ai retiré ? Que les jeunes ne vivraient pas leur religion comme leurs parents. Qu'ils avaient envie d'une vie plus libre celle la même que pouvaient vivre leurs amis chrétiens ou athées et qu'ils l'auraient leur vie plus libre. Le risque islamique parait tout de suite bien moins problématique.
Finalement, on continue l'assimilation, mais l'assimilation via le mode de vie. Après tout qu'est ce qu'on s'en fout que le dieu imaginaire d'untel s'appelle "Allah" au lieu de s'appeler "le Seigneur" ou "Yahvé" s'il suit les mêmes règles sociales que nous ?
Et c'est là que la situation est étrange. L'assimilation se fait, mais pas aux yeux des français de souche (ceux dont les parents parlaient français à la naissance… parce que mon grand père était croate et pourtant je me sens français de souche) ni des nouveaux immigrants. Donc il y aurait une assimilation (pas complète, mais oh ! ça prend du temps) mais pas d'intégration ? Plutôt paradoxal comme situation.
Je ne suis donc pas loin de penser que c'est au monde politique que l'on doit la situation actuelle. Rien ne s'oppose à priori à l'arrivée de nouvelles populations, l'assimilation étant inévitable à la longue dans une société sans communautarisme et notre société est encore anti-communautariste dans ses fondations (égalité, fraternité toussa) seul un élément peu expliquer l'échec : le racisme.
Je sais, ça parait évident. Mais l'échec de l'intégration aurait pu venir d'autre chose (comme la trop grande différence culturelle entre les arrivants et la culture du pays d'arrivée) cependant, mon "analyse" ne m'amène pas à cette conclusion. Le problème c'est le racisme et la ségrégation en général. Et surtout le fait qu'elle soit attisée. Car encore une fois le racisme ne fonctionne qu'avec ce qu'on ne connait pas sauf pour quelques tarés, mais il faut faire avec eux. Les gouvernements successifs auraient voulu créer du communautarisme qu'ils ne s'y seraient pas pris autrement. D'abord parquer les immigrants ensemble dans des cités. Ensuite les rendre insalubres. Construire un périphérique autour de la capitale et en exclure les cités. Empêcher les habitants de sortir de leurs cités aussi bien pour déménager que simplement pour faire ses courses cf : villes sans logements sociaux et réseaux de transports dans un état pitoyable. Et une fois une forme de communautarisme instauré, un petit débat sur l'identité nationale et des petits phrases pour bien attiser le truc.
Je ne pense pas que la chose aie été réfléchie à ce point. Mais le simple fait d'avoir laissé faire et d'en profiter de nos jours et déjà bien assez condamnable.
Que personne ne se méprenne, je n'ai pas l'impression d'avoir inventé l'eau chaude avec ce message, seulement j'avais envie d'une vraie discussion sur le sujet. J'ai probablement oublié des tas de choses que mon expérience et ma façon de réfléchir ne peuvent assimiler actuellement, ou qui ont été occultées par un axe de réflexion. Possible aussi que mes "solutions" n'en soient pas. Mais c'est bien l'intérêt de débattre. Ouvrir son champ de réflexion (et non vouloir à tout prix imposer son point de vue… Même si convaincre l'autre fait aussi partie du jeu, il faut que ce la se fasse par la force des arguments, *mon avis*.
Bref, à vos claviers si vous voulez rajoutez quelque chose ou me reprendre !