Saluons comme il le mérite l'arrivée d'un tout nouveau magazine féministe : Bridget, "car le féminisme n'est pas un gros mot".
Ce magazine ne semble pas jouer la carte de l'originalité. La maquette ressemble furieusement à celle de Causette, en plus amateur (les trois rubriques du début*, de forme et de couleurs différentes, portent le même titre, ce qui n'est pas logique pour moi, et un titre de rubrique manque -à moins qu'elle ne s'appelle vraiment "Nom de la rubrique"-, le texte n'est pas harmonieusement réparti dans ses colonnes, il y a de gros trous ou les mots sont trop serrés… ça sent l'absence de maquettiste et/ou de maîtrise). Même style de photos décalées, mais non créditées, même filets décoratifs.
Bon, c'est pas tout ça, et le texte?
Le texte est rédigé par trois personnes, dont l'une a au moins un pseudo. Les noms paraissent faux. Pour dénoncer les violences faites aux femmes, certains articles constituent des catalogues de faits-divers sordides. L'information est caricaturée et manque de rigueur. Le journal prétend qu'en Grèce antique, la femme était réduite à son rôle de procréatrice "pendant que monsieur allait compter fleurette** et faire des galipettes avec d'autres messieurs". Je jalouse les gens qui ont pu s'offrir un voyage là-bas pour sonder aussi précisément les moeurs de toute la Grèce antique, ce qui ne représente jamais qu'un pays entier avec moult cités et un bon millier d'années d'histoire, à quelques vaches près.
Je trouve également un ton vachard pour représenter le sarcasme, j'ai la joie d'apprendre que les agresseurs sexuels éprouvent "des instincts animaux" (mes dieux…). Je reste abasourdie, au point que je me trouve incapable de commenter.
Oh, un article culture! Ca va faire du bien. "Cinq problèmes sexistes de l'industrie du jeu vidéo".
…
Alors, c'est très bien de dénoncer le sexisme des jeux et des gamers, j'ai bien lu (et pleuré à l'intérieur) les liens donnés par Gexian, et quelques bandes-annonces vues à la JE me laissèrent effectivement pleine de consternation, cependant, je m'attendais à trouver des pages "Culture", des textes sur de bons bouquins, de bons films, de la bonne zikmu… oh, mais je médis. Il y a des pages pour m'apprendre que "Game of Thrones", ce n'est pas que pour les mecs! Ca, c'est du scoop, ou je ne m'y connais pas.
Le mag apporte une touche de glamour en défendant bec et ongles deux icônes de la vie publique: Zahia et Nabilla. En gros, elles ont le droit d'être ce qu'elles sont, mais espérons qu'elles changent pour le prouver. J'applaudis aussitôt des deux pieds.
Je ne trouve rien de positif dans le journal. Pas de gens qui mènent de nobles et belles activités, mais au contraire un article sur des militants pour le machisme, pas de progrès ni de combat gagné. Rien que du fait-divers, déversé en quantité polluante, des phrases sexistes à la dizaine balancées comme ça, sans rien pour ne pas créer autre chose qu'une rage noire, pas d'analyse profonde ni réelle, pas de questionnement sur le monde. Tout est toujours présenté négativement.
Je finis par regarder qui a commis ce mag, je ne suis pas déçue et j'acquiers la certitude définitive qu'on me prend pour une quiche en essayant de me vendre cette chose. Y a un mot sur le Net pour ça: "Fake."
Bridget, tu seras pas ma copine.
*Et quelle drôle d'idée d'appeler une rubrique de mag "Au secours"… le goût est douteux. T'ouvres un mag et tu te dis "Tiens, je vais lire la rubrique 'Au secours', je vais me sentir bien et détendu(e) après".
**Des adeptes de l'arrangement floral, sans doute…