Le topic de… l'ESPACE !!!

20 sujets de 61 à 80 (sur un total de 171)

Posté dans : Délire & Divers

  • Bub
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    bub le #228429

    Citation (Kaiser Panda @ 05/04/2011, 19:33)
    Ca sent le fail quand même ce crash. Je pense que s'ils avaient voulu reellement l'empêcher de voler, un simple prétexte médical pouvait être suffisant, non ? Après tout c'était le gouvernement russe, pas des Bisounours.

    Non non faut pas croire. L'URSS c'est bien plus compliqué que ça en a l'air, c'était pas une démocratie certes, mais pour autant c'était un état totalitaire aux “humeurs” relativement changeantes : un coup très répressif, un autre coup plus permissif, suivant si les gars à la tête du pouvoir était plus ou moins en position de force. Rien à voir avec la Corée du Nord actuelle par exemple où la succession se fait de père en fils. Et si Gagarine voulait voler, pourquoi l'en empêcher ?
    Qui plus est, Leonov, premier homme à être “sorti” dans l'espace et grand copain de Gagarine a mené sa propre enquête après la chute du mur. En 2004 il a publié un bouquin confirmant la thèse de l'accident “con” : problème d'altimètre en particulier, faisant que les pilotes volaient plus bas que ce qu'ils croyaient.

    ….

    Foutu bandeau publicitaire.

    Bub
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    bub le #228430

    Mimas, the Death star

    Parlons un peu de Mimas, petit satellite de Saturne absolument remarquable sur bien des points.

    Pour bien comprendre ce qui rend cet astre si particulier, il faut d’abord savoir deux trois petites choses.
    Ainsi, savez-vous pourquoi les planètes sont sphériques ?
    Instinctivement, vous vous doutez que ce doit être quelque part grâce aux forces de gravité qu’un astre finit par se retrouver avec cette rotondité caractéristique qui fait que, par exemple, notre bonne vieille Terre n’est pas plate. Vous connaissez tous aussi ce vieux gag dans Tintin du capitaine Haddock qui est surpris par son whisky qui prend la forme d’une bulle à bord de la fusée :

    En fait, un corps fluide dans le vide prend automatiquement la forme d’une sphère, on dit qu’il est en équilibre hydrostatique.

    Et bien c’est la même chose pour les corps solides. Une fois une certaine « masse » dépassée, les solides dans le vide se comportent comme des fluides. Grosso modo, un astre essentiellement composé de roches prend la forme sphérique quand il atteint une taille d’environ 800km de diamètre. Quand un astre est composé de glaces, il atteint cette taille dès 400km de diamètre. Autrement dit, la limite théorique minimale d’un corps naturel sphérique que l’on peut rencontrer dans l’espace se trouve autour de 400km de diamètre.
    Et bien, Mimas fait pile cette taille (397km exactement), et se trouve être effectivement le plus petit corps sphérique recensé à ce jour dans notre système solaire, confirmant le théorème : les 88 plus gros objets du système solaire

    De fait, en dessous de cette taille, on ne trouve plus que des objets de forme patatoïde, en tout cas jusqu’à aujourd’hui. Des grosses patates quoi. A noter qu’il peut être par contre possible que des objets de plus de 400km de diamètre ne soient pas forcément sphériques (par exemple dans le cas d’une rotation si intense, qu’il prendrait alors la forme d’une clémentine, ronde aplatie aux pôles, ou alors suite à une collision, qu’il soit tout déglingué).

    Donc si vous avez bien suivi, vous avez pigé que Mimas est principalement composé de glaces.
    Pourtant, comme vous le voyez sur l’image ci-dessus, Mimas est très proche de Saturne.
    Elle tourne à environ 180000 km de Saturne. Il faut savoir qu’à la limite de 147000 km de la géante gazeuse, tout corps se désintègrerait sous la force de la planète géante (c’est ce que l’on appelle la limite de Roche) et viendrait alimenter en cailloux les anneaux de Saturne. L’anneau F de Saturne, le dernier réellement visible en bord des anneaux, se trouve justement au niveau de la limite de Roche de la géante gazeuse.
    Mimas est donc à l’extrême limite.
    Mimas est d’ailleurs si proche de Jupiter qu’elle devrait subir au moins les mêmes effets de marées que sa voisine Encelade, qui sous l’effet de ces forces expulse sous forme de puissants geysers gigantesques les eaux de ses entrailles jusqu’à des centaines de kilomètres de hauteur (550km pour être précis – je reviendrai sur Encelade, dont j’ai déjà parlé autrefois).
    Rien de tel sur Mimas, les couches de glaces semblent apparemment peu subir l’effet des contraintes imposé par Saturne toute proche. Cet astre semble d’une robustesse à toute épreuve !

    Et c’est effectivement le cas. Vous ne pouvez pas le louper : Mimas est pourvu d’un cratère gigantesque pour un astre de cette taille :

    Ainsi, le cratère Herschel fait plus du tiers du diamètre de Mimas ! Imaginez la même chose sur Terre, il en resterait pas grand-chose…
    L’impact qui a donné ce cratère aurait dû pulvériser Mimas en mille morceaux, mais le satellite a tenu bon ! Proportionnellement, c’est le plus grand cratère que l’on ait découvert sur un astre du système solaire (je rappelle que le vrai plus grand cratère d’impact se trouve sur la Lune).
    Pour info, ses parois font en moyenne 5km de hauteur, 10km par endroit.

    Pour finir, une vieille rumeur tenace hante le web, mais elle est complètement fausse.
    Il faut dire que la coïncidence est extraordinaire :

    Lucas ne s’est pas inspiré de Mimas pour imaginer son étoile noire.
    C’est impossible.
    Car les premières photos de Mimas remontent à novembre 1980, quand Voyager passait par là. Et Star Wars est sorti en 1977…
    C’est plus une histoire de proportions : les cratères représentent dans les deux cas 1/3 du diamètre, ce qui leur donne cet effet impressionnant, comme l’iris d’un œil géant flottant dans l’espace à qui nul ne peut échapper…

    Yonpo
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    yonpo le #228431

    😉 Eh bah, vraiment intéressant ! (il est vrai aussi que je connais peu de chose dans ce domaine)

    Citation
    savez-vous pourquoi les planètes sont sphériques ?


    J'ignorai le réponse ! Merci

    Si Mimas est composé notamment de glace, cela n'expliquerait-il pas sa soliditée ? (de la glace compactée est très solide, un peu comme une boule de neige qu'on sert très fort entre ses mains)

    Et pour la coïncidence entre l'étoile de mort et Mimas, cela est incroyable. On a, à vu de nez, le même diamètre de cratère 😯

    Bub
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    bub le #228432

    Citation (yonpo @ 01/05/2011, 09:44)
    Si Mimas est composé notamment de glace, cela n'expliquerait-il pas sa soliditée ? (de la glace compactée est très solide, un peu comme une boule de neige qu'on sert très fort entre ses mains)

    Dans le vide spatial, la glace (ou plutôt les glaces, de méthane, d'ammoniac, etc. et d'eau bien sûr) est effectivement d'une solidité extrême, plus solide encore que nos roches sur Terre.
    Pour autant, lors d'un cataclysme pareil, cela est loin d'être suffisant. En réalité, il semblerait que Mimas soit surtout très malléable, comme un gros morceaux de pâte à modeler. Cela expliquerait aussi pourquoi elle semble peu affectée par les forces de marées imposées par Saturne.
    Plus en détail, des fractures titanesques parcourent le satellite du point d'impact jusqu'à l'opposé, ce qui fait dire aux astronomes que c'est un miracle qu'elle n'ait pas explosé en mille morceaux.
    Pour l'heure les astronomes s'accordent donc surtout à dire que ce sont ses propriétés “plastiques” qui ont sauvé Mimas de la disparition pure et simple.

    Mais il se trouve que pas mal de satellites “gelés” cachent sous leur surface des océans bien liquides, en particulier du fait de leur proximité avec les planètes géantes autour desquelles ils orbitent. Les forces de marées des géantes déforment continuellement l'intérieur de ces astres glacés, ce qui donne naissance à des océans souterrains, pour être très bref. Je compte bien développer ce sujet plus en profondeur bientôt.
    C'est ainsi le cas de Callisto, satellite de Jupiter, qui a ainsi pu encaisser un terrible impact il y a des millions d'années :

    Callisto a un diamètre de 4800km, le cratère Valhalla ci dessus fait 600km de diamètre mais… les 10 anneaux concentriques qui l'entourent font en tout 2600km de large. Ces anneaux sont apparus justement parce que dessous se trouvait une masse liquide, répandant l'impact à la surface du satellite comme des ronds dans l'eau lorsque vous jetez un caillou.
    ça a dû sacrément secouer…

    Bub
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    bub le #228433

    Pour Triton, y a comme un lézard…

    Continuons donc notre visite des grands satellites du système solaire.
    Aujourd’hui, Triton.

    Cet astre est le plus gros (2706 km de diamètre) des quelques satellites de Neptune, qui pour mémoire est la quatrième, la plus lointaine et la plus « petite » des géantes gazeuses de notre système.
    On a peu de photos de Triton, car tout ce qu’on a vient du seul et unique passage de la sonde Voyager 2 en 1989.
    Ceci dit, le peu qu’on a est déjà bien consistant !

    En tout premier lieu, Triton est l’objet le plus froid de tout le système Solaire avec une température au sol de -235°C, c’est pas très très chaud, vous en conviendrez.
    Qui plus est le satellite connait les cycles saisonniers les plus considérables du système Solaire, saisons qui alternent entre les deux hémisphères tous les 40 ans environ. Ceci est dû au fait que Triton a une orbite très inclinée autour de Neptune, qui elle-même a une inclinaison record par rapport au Soleil. Du coup, les alternances de saisons sur Triton entraine des phénomènes importants.
    Les glaces (d’azote, de méthane, etc.) exposées au Soleil (même très éloigné) se subliment et viennent alimenter la faible atmosphère (composée principalement d’azote) qui subsiste autour de Triton.
    Mais ce n’est pas tout.
    Les changements de températures entraineraient aussi la sublimation de l’azote sous la surface gelée, ce qui donnerait naissance aux geysers qui furent observés lors du survol par la sonde Voyager 2 :

    Du coup, l’astre présente grosso modo trois parties distinctes :

    Le « pôle sud », c’est-à-dire la partie actuelle la plus exposée au Soleil, rosâtre et très lisse, qui est celle où la glace disparait pour alimenter l’atmosphère. C’est aussi la partie la plus lisse, où ne subsistent que très peu de cratères d’astéroïdes.
    Une partie intermédiaire, grise et verte, constituée de bassins d’écoulement des « laves » issues des geysers et de cratères d’impacts plus nombreux.
    La partie dans l’ombre du Soleil, grise et bleue, qui a comme l’aspect d’une peau de melon, est elle aussi très pauvre en cratères :

    Bon. C’est bien beau tout ça, mais qu’est-ce à dire ?
    En fait, Triton n’est pas un satellite « naturel » de Neptune.
    Par « naturel » j’entends qu’il aurait été formé en même temps que Neptune, comme tous les autres satellites normaux.
    Comment le sait-on ?
    Ben c’est parce que Triton tourne à l’envers de tous les autres satellites de Neptune !
    La Lune par exemple tourne autour de la Terre dans le même sens que la Terre sur son axe de rotation. Triton, elle, va dans l’autre sens, et ça, c’est carrément pas normal.

    Il n’y a donc qu’une seule explication possible : Triton a été un jour capturée par Neptune.
    De taille importante (2700 km quand même !), c’est un pur miracle que Triton soit en orbite autour de la géante. Normalement, il y aurait bien plus de chances que Neptune éjecte Triton hors du système solaire, ou alors que les deux astres se « percutent ».
    Mais au final, on s’explique mal comment Triton s’est retrouvée dans cette posture. Il y a une très belle théorie, qui suppose que Triton à l’époque de sa capture était un objet double (avec un satellite de taille importante) et qu’en se rapprochant de Neptune le plus petit des deux s’est fait éjecté très loin, le plus gros finissant alors en orbite autour de la géante tout en éjectant à son tour les satellites déjà présents de Neptune (qui se trouve à ce jour très dépourvue en satellite, contrairement aux autres géantes).

    Pour autant, l’histoire n’est pas finie : Triton fait le tour de Neptune en un peu plus de 5 jours. Mais manque de bol, sa vitesse est trop faible, et Triton ralentit petit à petit sa course au fil des siècles, si bien qu’un jour, dans des centaines de millions d’années… le satellite se désintègrera et finira en mille morceaux qui formeront des anneaux encore plus impressionnants que les anneaux de Saturne !


    Triton, dans l'ombre de la géante Neptune attendant son funeste destin…

    Shinji-Kun
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    Shinji-kun le #228434

    Je n'ai pas encore eu le temps de tout lire mais tes articles sont toujours aussi géniaux bub. 😁 😁 😁

    Edit : Une vidéo splendide du ciel étoilé.

    Bub
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    bub le #228435

    Vénus, la célèbre ardente inconnue.


    Venus en couleurs réelles, telle que vous la verriez en réalité

    Intéressons-nous aujourd’hui à une planète qu’on a un peu oubliée ces derniers temps.
    Pendant longtemps, Vénus était la planète la plus visitée par les sondes spatiales internationales, avant de se faire piquer la vedette par Mars à partir des années 2000. Elle fut même la première planète visée par des missions spatiales.
    Et depuis le milieu des années 90, plus grand-chose…

    Si proche Vénus, si visitée Vénus… Et pourtant, à ce jour, des 8 grandes planètes de notre système, elle reste peut-être encore la plus mystérieuse.

    Toute la difficulté tient au fait que son épaisse atmosphère nous empêche d’en apprendre d’avantage sur elle.
    Mais tentons tout de même de faire quelques présentations.

    En premier lieu, il est intéressant de savoir que sur Vénus, une année est plus courte qu’une journée. Gné ? me dites-vous ?
    Ben oui, Vénus tourne autour du Soleil en 225 jours, mais il lui faut 243 de nos jours terrestres pour effectuer un tour sur elle-même. Et comme si ça ne suffisait pas, Vénus tourne dans le sens inverse de toutes les autres planètes du système solaire, ce qui veut dire que le Soleil ne se lève pas à l’Est sur Vénus, mais à l’Ouest ! Ceci dit, le levé du jour s’étalerait sur des semaines pour se recoucher une centaine de jours plus tard… Mais en même temps, l’atmosphère est tellement épaisse que vous ne verriez pas le Soleil, donc ne regrettez pas de ne pas pouvoir y aller !
    On s’explique très mal comment Vénus s’est retrouvée dans cette situation, mais la difficulté d’obtenir des informations sur Vénus est tellement énorme, que cela risque de rester encore longtemps un mystère.


    La surface de Venus cartographiée grâce aux radars

    Comprenez bien une chose, Vénus est un enfer au sens propre. L’épaisse atmosphère entraine une pression au sol qui serait l’équivalent de celle que l’on ressent à 900m sous nos océans. Cette pression est si forte, qu’elle entraine des mirages hallucinants pour un observateur au sol : à la différence de la Terre, en regardant vers l’horizon vous auriez l’impression d’être tout au fond d’une cuvette !
    La température au sol tournant autour de 450 à 500°C, les roches rayonnent sans cesse. Du coup, pendant la longue nuit vénusienne, elles produisent une lueur rougeoyante qui donnerait l’aspect d’une fournaise incandescente sans fin…
    C’est pourquoi les sondes qui atterrissent sur Vénus survivent à peine quelques minutes, quelques heures dans le meilleur des cas. Parmi les rares qui ont réussi à atteindre le sol, la série de sondes soviétiques Vénéra a fait des exploits. Vous avez des panoramas et des photos du sol sur ce lien

    En gros, Vénus au sol ressemblerait à ça :

    Et les volcans ?
    Ben ce fut la grosse surprise de cette dernière décennie.
    IL N’Y A PAS D’ACTIVITE VOLCANIQUE SUR VENUS.
    Du moins en ce moment.
    Ça parait fou, mais au début des années 90 une sonde (Magellan de son petit nom) a cherché une quelconque activité volcanique à la surface de Vénus pendant 3 ans, en vain.
    Pourtant, il y a bien des volcans éteints un peu partout. Mais comment cela se fait-il ?
    C’est un fait, la surface de Vénus n’est pas couverte de magma en fusion, mais bien de laves « refroidies ». Il semblerait qu’il n’y ait plus aucune activité depuis environ 800 millions d’années (âge mesuré des plus anciens cratères relevés à la surface, on ne trouve rien de plus vieux, bizarrement, comme si tout ce qui existait avant avait été effacé d’un seul coup).

    Mais Vénus n’est pas morte pour autant. L’activité serait en réalité cyclique.
    Sur Terre par exemple, le volcanisme est permanent et lié à la tectonique des plaques, glissant sur le manteau terrestre. Vous savez déjà tout ça.
    Sur Vénus, au contraire, la « tectonique » est verticale. En somme, dans un premier temps, les volcans crachent des quantités de lave qui s’étale sur la surface et en refroidissant (oui, la lave refroidit sur Vénus, elle fait plus de 1000°C à sa sortie du volcan, et les 450°C de la surface sont donc plus frais que cette lave récente) s’accumule au fur et à mesure, formant une croûte de plus en plus lourde. L’activité finit par stopper à un moment donné. Sous la surface, le magma continue de chauffer, comme dans une cocotte minute, faisant fondre petit à petit les zones les moins épaisses de la croûte. Puis quand le manteau est venu ronger suffisamment la croûte, celle-ci finit par s’enfoncer sous son propre poids et sa densité de plus en plus élevée, pour fondre à nouveau et donner ensuite naissance à une nouvelle génération de croûte.


    Quelques reliefs vénusiens, sur ce lien, le volcan Maat Mons, le plus haut de la planète, culminant à 8000m

    Bref, ça monte et ça descend, ça monte et ça descend… Le phénomène se déroulant à l’échelle entière de la planète, très probablement 5 ou 6 fois au moins depuis la naissance de la planète. En ce moment nous serions donc dans un entre-deux du phénomène, se rapprochant doucement du moment où le sol s’effondrera dans le manteau.
    Ce phénomène explique aussi pourquoi de toutes les grandes planètes telluriques du système, Vénus est la plus parfaitement sphérique.

    La vie dans ces conditions est pour le moins compliquée à se développer…
    S’il y a eu des océans un jour, ils n’auront pas duré longtemps, l’atmosphère étant surtout composée à 96% de CO², bonjour l’effet de serre permanent qui fait tout fondre.
    Mais des études récentes ont mesuré des traces d’eau dans l’atmosphère épaisse et agitée de Vénus. De quoi recouvrir toute la surface de la planète sur 3 cm. C’est pas comme sur Terre, mais ce n’est pas négligeable.
    L’idée de traces de vie subsistant dans l’atmosphère fait son chemin, et est loin d’être de la simple science-fiction. A environ 80km du sol, dans la très haute atmosphère, il se produit un surprenant phénomène : près de 50% des rayons ultraviolet sont absorbés par endroits, formant comme des taches surgissant ici ou là suivant les observations.
    Ce n’est pas de l’ozone, hyper rare sur Vénus. Du soufre ? Possible… Mais peut-être pas seulement, peut-être aussi quelque chose de plus complexe, qui produirait ainsi une sorte de photosynthèse extraterrestre, sorte de plantes ou lichens. Oui, rien de moins. La chose se produit aussi sur Terre.
    Cette hypothèse entend que la vie serait d’abord apparue au sol, dans des conditions plus favorables, pour finir au gré des aléas de la géologie vénusienne au-dessus des couches de nuages d’acide sulfurique de la haute atmosphère.
    Mais pourquoi pas ?
    Un début de réponse aurait pu être fournie par la sonde japonaise Venus Climate Orbiter, qui prévoyait d’étudier le truc, mais hélas, elle est très mal barrée
    Et ce ne sont pas les restrictions de budgets actuels des grandes nations spatiales qui vont arranger les choses, Vénus étant trop complexe à aborder et à étudier, les missions la concernant risquent à leur tour de s’évaporer comme les anciens océans vénusiens…
    Espérons des jours meilleurs pour en savoir plus !


    Venus passe devant le Soleil.

    Baklael
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    Baklael le #228436

    J'ai dévoré tes derniers articles.

    Bub, je t'aime.

    Voilà, c'est dit ! 😂

    Bub
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    bub le #228437

    Citation (Baklael @ 29/05/2011 20:36)
    J'ai dévoré tes derniers articles.

    Bub, je t'aime.

    Voilà, c'est dit ! 😂

    Merci ! <img src="style_emoticons//happy.gif” style=”vertical-align:middle” emoid=”^_^” border=”0″ alt=”happy.gif” />

    J'ai encore bien choses à raconter, sur les comètes, mercure, et la genèse très mouvementée du système solaire entre autres.

    Cette dernière décennie a été tellement riche en découverte, que je brûle d'envie de le faire savoir au monde ! ^^°

    Shinji-Kun
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    Shinji-kun le #228438

    Toujours aussi détaillé tes articles Bub. 😁 . C'est super 😁 .

    Citation (bub @ 29/05/2011 20:07)
    Il semblerait qu’il n’y ait plus aucune activité depuis environ 800 millions d’années (âge mesuré des plus anciens cratères relevés à la surface, on ne trouve rien de plus vieux, bizarrement, comme si tout ce qui existait avant avait été effacé d’un seul coup).


    Mais n'est-ce pas justement l'activité volcanique qui a “effacée” les plus vieux cratères comme elle le fait sur Terre ? Bien sûr il devrait rester quelques traces mais il y a aussi l'érosion due aux vents…

    Citation (bub @ 29/05/2011 20:07)
    Un début de réponse aurait pu être fournie par la sonde japonaise Venus Climate Orbiter, qui prévoyait d’étudier le truc, mais hélas, elle est très mal barrée


    D'un côté dès le début je l'avais dit qu'appeler une sonde Akatsuki c'est pas une bonne idée 😃 .

    Sinon pour compléter ce qu'à écrit Bub dans tout ces beaux articles je vais rajouter quelques références bibliographiques :
    COSMOS Guide d'exploration par Giles Sparrow aux éditions Télémaque : un ouvrage de références, une véritable encyclopédie de l'univers très complète sans pour autant être de trop haut niveau. C'est à peu près du même niveau que les articles de Bub pour la vulgarisation.

    -actuellement je suis en train de lire Poussières d'étoiles par Hubert Reeves aux éditions du Seuil : un petit livre très instructif mais un peu trop vulgarisateur à mon gout. Parfois c'est un peu trop simple. Idéal pour commencer à s'intéresser à l'astronomie.

    -dans un autre registre Espace magazine le magazine français de référence sur la conquête spatiale qu'elle soit passé, actuelle ou future. Néanmoins le magazine c'est arrêté il y a quelques années mais vous pouvez encore acheter les anciens numéros.

    Orbiter : un simulateur de vol spatial exceptionnel. Prenez en main la navette, les anciens lanceurs (programme Apollo…) ou des vaisseaux futuristes. Participez à des missions tels qu'une campagne à destination de l'ISS ou un voyage interplanétaire avec un vaisseau cargo. Ce “jeu” est vraiment grandiose et très réaliste, de plus il existe une communauté francophone pour vous aider. Attention cependant il s'agit d'un simulateur de vol donc ce n'est pas facile surtout avec les vaisseaux actuels comme la navette spatiale. Les vaisseaux futuristes étant plus automatisé ils sont plus faciles à prendre en main mais réussir un rendez-vous avec l'ISS n'est jamais une partie de plaisir.

    Citation
    J'ai encore bien choses à raconter, sur les comètes, mercure,

    Mercury Power : Make Up !!!!!!

    OK je sors 😛

    Bub
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    bub le #228439

    Citation (Shinji-kun @ 29/05/2011 22:42)
    Mais n'est-ce pas justement l'activité volcanique qui a “effacée” les plus vieux cratères comme elle le fait sur Terre ? Bien sûr il devrait rester quelques traces mais il y a aussi l'érosion due aux vents…

    L'épaisseur de l'atmosphère est telle, que seuls les météores de plus d'un kilomètre de diamètre frappent le sol. Il y a près de 1000 cratères de plus de 15km sur la surface de Venus, mais ce sont les seuls aussi, puisque qu'il ne peut y en avoir de plus petits et plus nombreux. Les plus vieux ont donc effectivement 800 millions d'années, et sont donc apparus sur une “surface vierge”. Les volcans sont petits (un seul fait 8000m, les autres au plus 3000m), et inactifs. Il n'y a pas de précipitations comme les pluies (450°C !). Quant aux vents qui circulent en surface, du fait de la pression et de la faible rotation de la planète, il ne font guère plus de 4km/h au maximum (en revanche, en hauteur, à 40km disons, ils atteignent les 400km/h facile).
    Cette surface est donc peu sujette aux changements car l'érosion est quasi inexistante en surface.
    Pour remodeler l'ensemble de la surface de Venus, presqu'aussi grande que celle de notre Terre, les géologues s'accordent donc sur ce scénario de plongée cyclique de la croûte entière (morceaux par morceaux), sous l'effet conjugué de sa densité de plus en plus élevé et du magma qui en dessous chauffe de plus en plus, jusqu'à un épisode de volcanisme majeur qui renverse la vapeur.
    Mais bien sûr, ce n'est qu'une hypothèse. ^^

    Citation (Shinji-kun @ 29/05/2011 22:42)
    -dans un autre registre Espace magazine le magazine français de référence sur la conquête spatiale qu'elle soit passé, actuelle ou future. Néanmoins le magazine c'est arrêté il y a quelques années mais vous pouvez encore acheter les anciens numéros.

    Je confirme, ce fut un excellent magazine.
    Mais la même équipe a fondé une nouvelle revue depuis, tout aussi bonne : Espace & Exploration
    Un de leur numéro sur Gagarine m'a bien plu justement. On la trouve dans toute les presses.

    Baklael
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    Baklael le #228440

    Citation (bub @ 30/05/2011 00:04)
    Pour remodeler l'ensemble de la surface de Venus, presqu'aussi grande que celle de notre Terre, les géologues s'accordent donc sur ce scénario de plongée cyclique de la croûte entière (morceaux par morceaux), sous l'effet conjugué de sa densité de plus en plus élevé et du magma qui en dessous chauffe de plus en plus, jusqu'à un épisode de volcanisme majeur qui renverse la vapeur.
    Mais bien sûr, ce n'est qu'une hypothèse. ^^


    J'ai un peu de mal à visualiser à quoi ressemble schématiquement cette plongée cyclique de la croûte.

    Dans mon esprit ça donne : la croute coule et du magma remonte à la surface par les failles que la perte d'altitude de la croute devrait former.

    Mais du coup, les volcans ne servent plus à grand chose…

    D'un autre côté j'avais compris qu'une énorme activité volcanique recouvrait la planète de magma sur un temps géologique court, tous les milliards d'années (à une ou deux vaches près).

    Alors, je pense qu'il y a un truc qui m'a échappé… Mais lequel ? 😛

    Bub
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    bub le #228441

    Pour faire simple, d'abord le magma remonte, le volcanisme devient hyperactif, et du coup la croûte plus lourde s'enfonce dans les premiers kilomètres du manteau. Cette croûte étant molle et chauffée à fond, elle se “réégalise” si je puis dire, sa surface redevient homogène, moins dense, avant de refroidir et de remonter. Pendant un temps le volcanisme se poursuit, se clamant petit à petit, répandant à nouveau un peu partout sa lave, réépaississant la croûte, maintenant à nouveau le manteau sous pression qui au bout d'un temps va réenclencher le processus de volcanisme hyperactif.

    Bon, c'est une théorie, assez bien acceptée par les géologues, mais comme on a pas grand chose comme infos sur Venus, ça pourrait aussi très vite passer à la trappe à la prochaine découverte ! 😂

    Baklael
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    Baklael le #228442

    Citation (bub @ 30/05/2011 18:47)
    Pour faire simple, d'abord le magma remonte, le volcanisme devient hyperactif, et du coup la croûte plus lourde s'enfonce dans les premiers kilomètres du manteau. Cette croûte étant molle et chauffée à fond, elle se “réégalise” si je puis dire, sa surface redevient homogène, moins dense, avant de refroidir et de remonter. Pendant un temps le volcanisme se poursuit, se clamant petit à petit, répandant à nouveau un peu partout sa lave, réépaississant la croûte, maintenant à nouveau le manteau sous pression qui au bout d'un temps va réenclencher le processus de volcanisme hyperactif.

    Bon, c'est une théorie, assez bien acceptée par les géologues, mais comme on a pas grand chose comme infos sur Venus, ça pourrait aussi très vite passer à la trappe à la prochaine découverte ! 😂


    AAAAAHHHHHH…

    Ok ! Ouais, je n'avais rien compris en fait ! 😂

    Merci encore !

    Bub
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    bub le #228443

    A l’aube des temps, la migration des planètes.

    Aujourd’hui, intéressons-nous un peu à la naissance des planètes de notre système solaire.
    Le scénario de cette genèse est encore pour le moins confus. Cependant, notre connaissance sur le sujet a fait un bond gigantesque à la faveur des découvertes des exoplanètes d’une part et des objets transneptuniens d’autre part (ces objets qui orbitent autour du soleil et qui se trouvent tous au-delà de Neptune, comme par exemple Pluton).

    Toute la question était de comprendre comment un disque de gaz en rotation autour d’une jeune étoile nouvellement formée (je parlerai un autre jour de la naissance du Soleil, sujet trop long à développer ici) pouvait un jour donner naissance à un cortège de quelques planètes et de tout un tas d’autres choses diverses fort amusantes.
    Car passer du nuage de gaz à une planète comme la Terre, c’est pas si évident que ça.

    Donc à l’origine se trouve ce fameux disque gazeux en rotation autour du jeune Soleil, le nuage s’étant doucement mais inéluctablement aplati et mis en mouvement autour d’un plan perpendiculaire à l’axe de rotation de l’étoile grâce aux forces centrifuges et à certains principes de mécanique des fluides (en particulier la viscosité) que je serais bien incapable de vous expliquer davantage… ^^°
    Bref.
    Le Soleil des premiers millions d’années était bien plus chaud et brillant qu’aujourd’hui. En effet, en se contractant, il dégageait beaucoup plus d’énergie que maintenant. Ceci a pris fin lorsque les premières réactions nucléaires ont démarré en son cœur, et à partir de là, il est resté stable et a dégagé moins d’énergie, celle-ci restant confinée en son sein, sous une gravité terrible (pour info, il faut 20 millions d’années pour que l’énergie qui se créée au centre après une réaction nucléaire puisse « sortir » du Soleil, et seulement quelques minutes pour que vous choppiez un coup de soleil une fois qu’elle s’est échappée !).

    En résumé, à partir du moment où le Soleil a cessé de se contracter et a démarré sa fusion nucléaire au cœur du noyau, la température aux alentours a ainsi commencé à baisser, pour se répartir de la sorte de part et d’autre du disque de gaz en rotation : grosso modo, 2000°C au plus près du Soleil, -260°C aux confins du disque.
    Cette disparité de la température tout le long du disque entraine du coup des réactions chimiques qui seront différentes elles aussi suivant la distance au Soleil.
    Le refroidissement rapide du Soleil a provoqué donc la solidification du disque de gaz en grain divers suivant la nature des gaz au moment où ils ont refroidis à leur tour.
    Les éléments vont alors se répartir en fonction de cette distance, les minéraux supportant la chaleur près du Soleil, et les éléments les plus volatils (comme les glaces), ainsi que le reste des minéraux, loin de l’étoile, toujours sous formes de grains en rotation.

    En somme, les planètes telluriques (Mercure, Vénus, Terre, Mars) sont apparues dans la zone « chaude » du disque, qui faisait environ 750 millions de kilomètres de large. Au-delà, la température tombait en-dessous des 0°C, et c’est à partir de cet endroit que se sont développées les géantes gazeuses.
    Au départ, les grains qui forment le disque se rassemblent en certains points, sous des contraintes physiques liées à des zones d’instabilités gravitationnelles. Apparaissent ainsi des gros grumeaux de plusieurs centaines de mètres de diamètres, à quelques kilomètres. La plupart des astéroïdes se promenant dans notre système solaire à l’heure actuelle sont les derniers survivants de cette lointaine période chaotique.
    A la longue, ces astéroïdes vont entrer en collision les uns les autres, et finalement finir par s’agglomérer les uns aux autres pour aboutir à des objets d’un millier de kilomètre de dimension.
    Voilà pour la première étape.

    C’est ensuite qu’on perd le fil.
    Ces objets à peu près gros comme la France pourraient en rester là. Trop éloignés les uns des autres, ils ont peu de chance de s’agglutiner les uns aux autres assez rapidement pour donner très vite naissance aux 8 grosses planètes de notre système. Ils peuvent aussi tourner à des vitesses trop différentes les uns par rapports aux autres, et donc leurs collisions entrainer leurs destructions réciproques plutôt que leur fusion.
    Du coup, on s’explique difficilement comment un système de centaines de corps d’un millier de kilomètre de diamètres est devenu un vaste système de moins d’une dizaine de grosses boules.
    Mais ce problème a été surmonté par les simulations numériques.
    Les embryons de planètes ont continué à ramasser la matière du disque sur leur passage, continuant à grossir, et ainsi à élargir leurs zones d’influence : soit en attirant la matière vers eux, soit en la repoussant vers un autre corps un peu plus loin, qui attirera à son tour la matière, etc.
    Le disque de matière a donc été soumis des courants variés et divers de transports de matière.

    A partir de là, planètes telluriques et gazeuses ont évolué différemment.
    Les planètes gazeuses ont profité du gaz présent dans le disque pour se développer, à la différence des planètes telluriques, car la proximité avec le Soleil a chassé le gaz dans cette zone.
    Du coup, la croissance des géantes gazeuses fut très rapide. En capturant les gaz autour d’elles, elles chauffèrent pendant un laps de temps, et la matière qui tournoyait autour d’elles était à son tour influencée par ces changements de température. C’est ce qui explique que les gros satellites actuels en rotation autour de Jupiter, Saturne et Uranus ont des densités qui décroissent en fonction de leur éloignement à leur planète. Exactement comme les planètes qui se trouvent plus ou moins loin du Soleil.
    Les géantes ont très vite grossies donc, et leur influence sur l’environnement plus ou moins proche s’est très vite fait ressentir.

    Jupiter est apparue la première, car elle se trouvait au plus près de la zone de basculement chaud/froid du disque (c'est-à-dire juste de l'autre côté de la ligne des 0°C, côté froid donc) . Elle n’avait plus qu’à tout ramasser ce qui se trouvait là. D’après les simulations, en mille ans elle aurait atteint la moitié de sa masse actuelle ! C’est colossal.
    Sa naissance a conditionné toute la suite de la genèse de notre système.

    En effet, ayant rapidement nettoyé sa zone d’attraction, Jupiter a ensuite repoussé les gaz alentours soit vers le Soleil, où ils disparaissaient, soit vers l’extérieur du disque, contribuant ainsi à l’alimenter en matière première. En effet, cette partie du disque était trop ténue pour donner naissance aussi vite à d’autres planètes. Jupiter a donc contribué à apporter des matériaux supplémentaires : gaz, astéroïdes, petits corps glacés et pourquoi pas planétésimaux de plusieurs centaines de kilomètres de diamètres.
    Il faut bien comprendre qu’en se condensant, le disque de gaz ne cesse de perdre de la matière, et donc les chances de voir un jour naître une nouvelle planète s’amenuisent au fur et à mesure. Saturne a pu ainsi apparaître plus rapidement, et Neptune et Uranus ont pu ainsi voir le jour, sans quoi elles n’avaient aucune chance.
    Saturne est donc ainsi apparue à son tour, puis Uranus et Neptune. Mais à cette époque, elles étaient alors bien plus proches les unes des autres qu’aujourd’hui.

    Voilà donc où nous en sommes à cette période agitée de la prime jeunesse de notre système solaire, âgé alors d’environ 500 millions d’années : les géantes gazeuses ont pris forme, les planètes telluriques aussi : il aurait fallu entre 1 à 10 millions d’années pour que les géantes se forment, et 10 à 100 millions pour que les telluriques atteignent leurs tailles finales. Elles ne se sont pas toutes formées en même temps, mais c'est à ce moment-là que le portrait de famille est enfin au complet !
    Mais l’histoire ne s’arrête pas là !

    Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, on ne comprenait pas du tout la répartition de la matière dans le système solaire. Par exemple, les objets se trouvant au-delà de l’orbite de Neptune, aux confins de notre système, semblent peu nombreux, et on estime leur masse totale à seulement un dixième de celle de la Terre. C’est bien trop peu pour expliquer comment ont pu se former des astres comme Pluton ou Eris dans une zone aussi peu dense en matière. Il aurait fallu 1000 fois plus de matière qu’aujourd’hui pour permettre la formation de ces corps !
    Mais alors, où serait passée toute cette matière disparue ?

    Une clef de l’énigme est venue de l’observation des planètes extrasolaires. Celles-ci se trouvent parfois si proches de leurs étoiles, qu’il est impossible qu’elles se soient formées à cette distance. Une seule explication : elles ont donc migré.

    Les planètes migrent.

    Retour à notre système âgé de 500 millions d’années.
    Les modèles ont montré que les géantes gazeuses étaient deux fois plus rapprochées entre elles qu’aujourd’hui.
    A cette époque, les géantes interagissaient avec les petits corps qui les entouraient. Par un principe de conservation de mouvement angulaire (ou tout simplement, par « réaction »), les planètes géantes qui déviaient la course d’objets plus petits perdaient un peu de vitesse par effet de recul.
    Conséquence inéluctable : Jupiter perdait un peu de vitesse, et donc se rapprochait un peu plus du Soleil, balayant tout sur son passage en éjectant les corps à sa portée vers le centre du système solaire, c’est-à-dire les planètes telluriques qui subissaient alors un bombardement terrible dont la Lune, Mercure et Mars portent encore les traces à ce jour (et que jusqu’à présent on était incapable d’expliquer). Parfois ces corps sont éjectés loin du Soleil, et finissent alors dans le fameux nuage de Oort dont je vous ai déjà parlé un jour. Ils reviendront tôt ou tard nous rendre une nouvelle visite sous forme de comètes, en subissant des perturbations gravitationnelles d’autres étoiles proches. Mais c’est une autre histoire.
    Saturne, Neptune et Uranus, elles, réagissent de leur côté à ces éjections en s’éloignant du Soleil. Le bel équilibre qui régissait alors le système est rompu.

    Les choses vont dégénérer quand Jupiter et Saturne vont entrer en résonance. A un moment donné, quand Jupiter fait 2 tours autour du Soleil, Saturne en fait 1, ce qui entraine une grande amplification de l’influence qu’exerce Jupiter sur Saturne, la plus petite étant carrément repoussée plus vite vers l’extérieur. Cette migration a des conséquences ensuite sur les orbites de Neptune d’abord puis d’Uranus. Car le truc de fou, c’est qu’à l’époque on suppose que Neptune était plus proche du Soleil qu’Uranus, avant de se faire éjecter par Saturne, de doubler Uranus et de prendre la place de bonne dernière parmi les planètes de notre système !
    Vous imaginez un peu le chamboulement ? Neptune est venue jouer les boules de bowling parmi la multitude de corps qui gravitaient en périphérie du système, propulsant tout ce monde dans tous les sens ! Les choses ne se sont calmées que lorsque les géantes se sont à nouveau calées sur des orbites en résonnance les unes par rapport aux autres, établissant un nouvel équilibre entre les planètes.
    Résultat des courses, les distances dans notre système solaire se sont considérablement rallongées, et la plupart des petits corps qui se trouvaient au bord du disque, expulsés purement et simplement du système, vers le reste de la galaxie. Seuls quelques corps entrés en résonnance avec Neptune ou Uranus ont subsisté (comme Pluton par exemple), d’autres sont restés sous l’influence du Soleil (comme certains objets comme quelques comètes et autres).
    Ce fut donc le grand nettoyage, pendant 200 à 300 millions d’années, avant que le calme ne revienne dans le système.


    sur ce modèle on voit Neptune représentée d'un cercle bleu, et Uranus d'un cercle violet. Ce scénario rend bien compte que ces deux planètes se sont croisées à un moment donné, Neptune dégageant au-delà de l'orbite d'Uranus et effectuant un grand nettoyage parmi tous les astéroïdes alentours

    Ce scénario complexe explique quasiment tous les grands mystères qui demeuraient non résolus jusqu’à il y a peu : naissance des corps comme Neptune impossible dans un environnement pauvre en matière, origine des cratères du « grand bombardement » survenu il y a 3,8 milliards d’années, explication de l’origine de la ceinture d’astéroïdes, des centaures, des troyens de Jupiter, tout autant de corps célestes sur lesquels je reviendrai plus tard.
    Pour l’heure, cette hypothèse reste à confirmer (vous avez plus de détails ici et ). Elle date de seulement 2006, et a été proposée par un groupe de chercheurs lors d’un programme de recherche à l’observatoire de Nice, mais cette proposition si géniale a très vite été adoptée par la communauté internationale, et depuis, différentes observations tendent à crédibiliser toujours un peu plus ce scénario.

    Rendez-vous compte : cela fait seulement moins de 5 ans que l’on commence à comprendre la naissance du système solaire. Jusque-là, on était tellement dans le flou, que l’on doutait jusqu’à la possible existence de planètes en dehors du système solaire. Mais à force d’observations, de progrès et de volonté politique (ben oui), l’histoire de nos origines progresse plus vite en moins d’une décennie qu’en plusieurs siècles depuis Galilée !

    J’ose à peine imaginer quelles seront les prochaines révélations qui nous attendent en provenance du cosmos !

    Edit : nous sommes le 10/06/2011 et la théorie de la migration des planètes se précise :

    D'après la même équipe de l'observatoire de Nice, Jupiter aurait dans un premier temps migré vers le Soleil, ce qui aurait eu pour effet de "tasser" tout le disque de matière interne entre l'étoile et la géante gazeuse, ce qui a favorisé le développement des planètes telluriques. Jupiter se serait beaucoup rapprochée, jusqu'à faire demi-tour attirée par Saturne qui migrait elle aussi vers le Soleil. Le rapprochement des deux géantes aurait donc contraint Jupiter à repartir dans l'autre sens, et à pousser Saturne dans l'autre sens aussi. Une vraie partie de billard !

    Tout ceci se serait passé en 500000 ans. Et cela expliquerait pourquoi mars est si petite, car elle se serait retrouvée en bordure de ce disque ratatiné par Jupiter, Venus et la Terre prenant la plus grosse part pour elles.

    Plus d'infos et des vidéos explicatives sur Ciel et Espace !

    Shinji-Kun
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    Shinji-kun le #228444

    Encore très bien Bub. Ça m'a fait penser au sujet Physique 1 du concours Mines-Pont de l'année dernière 😂

    Bub
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    bub le #228445

    Citation (Shinji-kun @ 09/06/2011 18:52)
    Ça m'a fait penser au sujet Physique 1 du concours Mines-Pont de l'année dernière 😂

    *va chercher sur google*

    trouve !

    Quel sujet magnifique que je serais bien incapable de faire ! ^^

    Bub
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    bub le #228446

    Un petit rappel, avant que je parte en vacances : le 15 juin au soir vous pourrez admirer une belle éclipse de Lune, la plus longue depuis plus de 100 ans. Elle serait pleine à partir de 20h15 par là jusque vers 22h.

    Profitez-en !

    Vongola-79
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    vongola 79 le #228447

    Un trou noir dévore une étoile dans la constellation du Dragon
    C'est ce qu'il s'est passé cette nuit (ou hier soir) quelque part dans la constellation du Dragon. Ce serais apparament des chercheurs de l'universitée de Warwick qui aurait assisté à ce phénomène ultr-rare (enfin, c'est comme ça que j'interprète l'article). Vous croyez que la constellation de notre pote Shiryu à changé de tête maintenant ?

    Feanor-Curufinwe
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    Feanor-Curufinwe le #228448

    Citation (vongola 79 @ 18/06/2011 09:02)
    Un trou noir dévore une étoile dans la constellation du Dragon
    C'est ce qu'il s'est passé cette nuit (ou hier soir) quelque part dans la constellation du Dragon. Ce serais apparament des chercheurs de l'universitée de Warwick qui aurait assisté à ce phénomène ultr-rare (enfin, c'est comme ça que j'interprète l'article). Vous croyez que la constellation de notre pote Shiryu à changé de tête maintenant ?


    ça dépend de quelle étoile a été “dévorée”! Si c'est une des étoiles qui composent la “tête”, oui, ça risque de la foutre mal pour Shiryu! 😂

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