Bon, j’ai enfin un peu de temps pour développer mon propos sur ce qui me marque le plus au quart de ces JO.
1) Les journalistes
Je n’ai pas vu ce que ça donnait sur Canal + (certaines diffusions sont en clair, me semble-t-il), mais je suis consterné par France Télévisions.
On a droit à des monuments d’incompétence (“Superbeuh tomoe nage” alors qu’on a vu un o-soto-garie -pour les non judoka, c’est comme dire “splendide saut périlleux” quand un(e) gymnaste effectue une roue- ) dans le domaine purement sportif, des lacunes dramatiques sur la syntaxe française (“l’entraîneuse de la judokate lui a appris à bien attraper le kimono de l’adversaire“), des types incapables de lire correctement un nom étranger (japonais, allemand, croate), bref, une catastrophe en direct.
N’oublions pas ces remarques patriotiques surréalistes, avec soit de la vanne sur les étrangers (jeux de mots pitoyables sur les noms de famille), soit des louanges envers un sportif qui se prend une grosse mine (“15-2 à 30 secondes de la fin, ça peut se rattraper, car c’est un joueur exceptionnel“).
En revanche, je savoure “Un jour à Pékin”, où les journalistes ont eu le temps de digérer l’information tout en la fournissant de première frâicheur, qui savent aller également dénicher des moments d’anthologie dans TOUS les sports, et ça même si la France ne participe pas ! Chapeau.
Pour revenir au principe du direct, je serais curieux d’avoir votre avis sur les interviews de sportifs juste après la course. J’ai cette impression que, pour la première fois, les sportifs se lâchent.
Il ne faut pas oublier un point essentiel dans ces interviews : la personne en face de (au hasard, Nelson Monfort) est crevée. Et il y a de quoi. Heureuse. Ou triste. Et il y a de quoi. Donc, on peut comprendre que leurs propos ne soient pas aussi construits qu’un discours de politique.
Mais là… on s’en fout, du journaliste. Le sportif (je masculinise pour généraliser, que la langue française est mal foutue, quand même) pleurera, sourira, mais systématiquement, sa spontanéité pourrira les questions stéréotypées qu’il a l’habitude de s’entendre posées.
Morceaux choisis.
“Félicitations pour votre médaille d’argent !
– Je tiens à m’excuser *renifle* pour toutes les personnes qui ont cru en moi. J’ai pas compris. Je suis vraiment désolée.
– Mais c’est quand même formidable, une deuxième place aux Jeux !
– Oui mais moi je venais pour l’or.”
“Une médaille d’argent se gagne toujours dans la défaite” (on applaudit bien fort le commentateur pour cette lapalissade)
“Bravo pour votre victoire !
– Merci !
– Vous devez être heureuse d’avoir gagné, ici, chez vous.
– Je suis très fière d’avoir gagné pour la France, surtout.
– On a même entendu plusieurs personnes vous encourager dans les gradins, on entendait “HOUNG-YAN”…
– Bah ça fait très plaisir (cherche à partir)
– Et vous atteignez les quarts de finale ! Quel effet ça fait ?
– Vous savez, quand on a gagné le match, on est content, quand même”, en plantant là le commentateur sous mes applaudissements.
2) Les sports
Parce que oui, quand même. Je rappelle donc mon dépit de ne pas voir mis plus en avant les sports “différents de l’habitude” que j’apprécie. Qu’est-ce que c’est agréable de ne pas avoir d’athlétisme. Pour l’instant…
Oué. Bon. Michael Phelps. OK. Ca, c’est fait. Quelqu’un sait combien de bénéfices NBC se fait chaque soir ?
Il faut bien le reconnaître, la France n’a pas de chance. Vraiment pas. Un cheval qui se blesse la veille de l’épreuve, c’est quand même pas de bol. Un uchi-mata à gauche en contre, cherche pas, tu le vois pas venir. Huit centièmes de seconde, c’est trois fois rien, et pourtant, c’est suffisant. Surtout quand t’as trimé pendant quatre ans comme un fou pour ça. Sauf une. Bon, d’accord, elle a des circonstances atténuantes, mais elle l’a quand même cherché. Y a rien de plus à dire. C’est dommage. Pas la peine de critiquer hein, elle a déjà suffisamment d’elle-même pour ça. With great power, toussa toussa…
Le cube d’eau, quand même, il est classe.
A l’heure où j’écris ces lignes, il y a Australie-Côte d’Ivoire sur une pelouse immonde. Qui a envie de voir ça ?
C’est extrêmement impressionnant un stade de supporters. Demie-finale de tir à l’arc, France VS Corée du Sud. Fin du match, victoire écrasante de la Corée devant un stade comble, sous la pluie. Petite finale, France VS Royaume-Uni. Le stade est vide malgré le soleil. Il manque 4500 supporters coréens. Forcément, ça impressionne. En toute logique, la Chine va gagner. Vous avez vu leurs gymnastes ? Leur plongeon synchronisé ? (la natation, ça va déchirer). Mais y a pas encore eu l’athlétisme.
En sport, tout peut arriver.