Tintin et le Secret de la Licorne :
C'est bizarre, j'ai pourtant lu un ou deux Pingouins qui en parlaient naguère, mais j'ai remonté dans ce topic jusqu'à il y a plus d'un an et n'ai pas retrouvé. On doit aussi avoir un topic “Tintin” dans notre volet “Manga et BD” mais comme je viens causer du film de Spielberg, je commente ici. 😌 .
J'ai un matériel Blu-ray 3D mais, un peu dubitatif sur le film, je me suis contenté du disque 2D à moins de 10 euros.
Au premier abord, les gros pifs de plusieurs personnages piquent les yeux ; ça colle assez mal au réalisme apporté par le relief numérique et le “motion capture”. Mais sinon, autant prendre des acteurs réels, idée première de Spielberg qu'il a abandonnée. Pourquoi ? selon lui (dans les passionnants bonus), il voulait restituer une stylisation fidèle aux albums, et c'est sans doute vrai, mais il y a aussi à mon avis la connaissance des films à acteurs précédents, pas excellents et qu'il fallait dépasser, enfoncer totalement par la puissance technique, une des grandes armes de Spielberg en plus de sa maîtrise parfaite de “l'aventure épique”. Et déjà Milou ne pouvait être que numérisé.
Il a bien sûr orienté / accepté / refusé les choix, mais un de ses scénaristes est le principal et brillant auteur du jeu d'intrigue fusionnant “Le Secret de la Licorne” avec “Le Crabe aux Pinces d'Or” et quelques autres références. Il y a des ajouts parfaitement hors-Hergé : la poursuite quasi-aérienne du faucon par Tintin au-dessus de la ville arabe, et le tout aussi extraordinaire combat de grues portuaires, duel entre Haddock et Sakharine !
Spielberg semble exagérer presque l'alcoolisme de Haddock, loin de le minimiser quelque peu comme on pourrait s'y attendre (le film est catalogué “pour la jeunesse” aux USA, où Tintin est inconnu, alors qu'en Europe au contraire il “parle” surtout à des gens mûrs et nostalgiques). L'assistante du maître l'explique par le message en fait très “éthique” apporté par Tintin, dont les interventions à ce sujet font prendre conscience au capitaine de son avachissement de poivrot, sans le guérir tout à fait (conformément à Hergé).
J'ai remarqué que le réalisme, bien que poussé (oeuvres d'art authentiques et connues dans le palais du sultan, par exemple) est en fait illusoire et ludique. Les voitures du film correspondent toutes aux modèles d'avant-guerre, mais on aperçoit plusieurs fois des 2CV et 4CV d'après-guerre ; le Bagghar – Bagdad + Qatar sans doute – est situé comme sultanat du Golfe mais toute l'architecture du palais correspond à l'Alhambra de Grenade et à ses arcs outrepassés absents en Orient arabe ; un nu comme le Discobole est impensable chez un sultan musulman, en tout cas exposé à la vue de tous ; . Peu importe, la mayonnaise prend 😛 . Car le film est remarquable au total !
Je recommande vivement le DVD, pour les fascinantes séquences de prise de vue en motion-capture aperçues dans les bonus : quelle étrange façon de tourner un film tout entier !