Les trois ans du lycée, au Japon et en France, sont l’occasion de découvrir l’amitié, et au Japon dans l’institution officielle des “Clubs”. Je connais et adore 3 séries qui en traitent vraiment bien, à propos des filles : K- On , Azumanga Daioh, Filles Uniques (Fr). Les deux premières ont été adaptées en DVD, et comptent chacune 4 tomes papier. La série française compte 5 tomes. Je sais qu’il y a des équivalents côté garçons, notamment dans des séries vouées à un sport (Slam Dunk ? ) mais je n’éprouve aucun intérêt pour la mentalité des lycéens, d’abord parce que je l’ai connue et globalement pas aimée, sauf quelques copains en Terminale, ensuite parce que mes seuls sports étaient la lecture et le dessin. Je laisse donc le genre masculin à d’autres.
Etrangement, les trois séries dont je parle ici ont un point commun : il s’agit dans chacune d’un club de 5 lycéennes ! Pourquoi 5 ? Peut-être parce qu’on risquerait à 4 d’aboutir vite à deux duos, ce qui n’est pas le but d’un “club”, et qu’à 6 cela se complique un peu trop.
K-On ! (nom complet) traite d’un club de musique. Au Japon, dès la rentrée en avril les élèves adhèrent souvent à un club, sans obligation, mais c’est bien vu. Le corps enseignant considère que c’est instructif par le sujet, socialisant, et comme les cours finissent dès 15h 30 cela évite que trop de mineur(e)s hantent les rues. Ritsu, une fille très sans-gêne et dynamique qui joue de la batterie, veut rouvrir le club de musique en passe de fermer, les anciennes étant entrées à l’université. Or il faut au moins 4 membres. Elle contraint à s’inscrire Mio, bassiste, sa très jolie mais très sensible et timide amie d’enfance. Mugi, une blonde à longs cheveux de famille riche, très bonne joueuse de claviers, les rejoint. Enfin Yui, une fille qui ne sait jouer de rien, accepte d’apprendre la guitare solo : elle y sera étonnamment douée d’instinct malgré son incompétence technique. Ce n’est qu’au 2ème tome qu’Azusa, plus jeune d’un an, et elle très bonne technicienne de guitare basse, intègre le club car il “dégage” en concert grâce à son unité amicale. En 4 cases par page (yonkoma), l’humour est constant, jouant sur les contrastes et dadas des cinq héroïnes. Non seulement on est dans un lycée de filles, mais nul garçon n’apparaît, et lorsque la très émotive Mio soupçonne (à tort) son amie Ritsu de sortir avec un petit copain, elle en est malade et finit par lui crier : “Les garçons sont des animaux !”. Les parents aussi brillent par leur absence, sinon parfois à la maison en voix off. Ceux de la très paresseuse et immature Yui étant sans cesse en voyage d’amoureux, c’est sa petite soeur Ui, efficace, pragmatique, douée en tout, qui gère la maison. Une prof, Sawako, ex-membre style “Kiss” du précédent club, joue un rôle un peu libidineux, car elle aime habiller / déshabiller les filles du club, surtout la jolie Mio. La série animée fut créée par le Studio de Kyôto (où K-On est situé) qui a tragiquement brûlé en 2018. L’auteur se fait appeler Kakifly (= huître frite) : au Japon on mange les huîtres cuites, bouillies, frites, et c’est une nouveauté de les manger crues).
Dans Azumanga Daioh par Kiyohiko Azuma, on retrouve 5 grandes amies très proches, mais elles ne constituent pas formellement un club ; le lycée est mixte, mais aucun garçon ne joue un rôle sérieux ; ici aussi les parents sont quasi-invisibles. Toutefois un homme, le prof Kimura, se livre en cours à des exclamations perverses sur les tenues des lycéennes, bouche grande ouverte et lunettes rondes opaques, sans paraître en avoir conscience, et fait des remarques déplacées à la piscine ou ailleurs, à la gêne stupéfaite des filles. Deux femmes profs deviennent très proches des filles et parasitent leurs vacances, là aussi : Yukari, prof d’anglais, déjantée, égoïste et imprévisible, et Nyamo, son ancienne condisciple, très populaire prof de sport. Quant aux filles, il y a la grande Yomi, studieuse à lunettes, mature mais terrorisée dès qu’elle prend du poids, l’autre grande Sakaki, excellente sportive cachant une grande timidité, amoureuse des chats, qui la mordent invariablement, Tomo, rentre-dedans et casse-pied aux blagues idiotes voire cruelles, Chiyo, mignonne surdouée de 10 ans entrée au lycée vu ses notes, et Osaka (pas son vrai nom) : venue de cette ville aux comiques balourds, elle se retrouve forcée par la prof et Tomo d’assumer le surnom ; en fait si elle parle “plouc” elle est très étourdie, “dans la lune”, immature, naïve. Au fil de leur vie en yonkoma là aussi, elles croisent souvent deux autres filles : Kaorin, raide d’amour pour Sakaki mais hélas harcelée verbalement par le vicieux prof Kimura, et Kagura, une sportive qui sympathise avec le groupe. Comme dans K-On elles réussiront toutes à accéder à l’université, et dans les deux séries, non sans une grande angoisse d’échec pour l’une des 5 inséparables, heureusement sans objet. Evidemment en France, le Bac ne représente pas la même angoisse : avec plus de 90 % de reçu(e)s, tout le monde entre à l’université, la vraie sélection se fait ailleurs et autrement. Au Japon, on peut postuler pour plusieurs universités, échouer ici, réussir là. Elles sont classées, des plus prestigieuses à Tokyo au “bas de gamme” loin en province, mais l’entrée n’est quand même pas facile.
Le cas des 5 lycéennes françaises du titre Filles Uniques est bien différent, car étranger au genre comique. On en a parlé déjà avec Xanatos, mais j’essaierai de le voir sous l’angle du Club fondé par Chélonia, selon ce topic. A plus !