Citation (bub @ 25/10/2014 21:19)
Bonne idée de topic !
Tout comme toi, ces derniers temps je me replonge dans certains grands classiques, dont Achille Talon entre autre. Et je m'émerveille de la qualité de ce dernier ! J'y reviendrai sans faute !
Mais j'interviens ici pour te demander si on pourra y aborder aussi des livres “classiques” sur la BD, expliquant ses mécanismes, ou biographies de grands auteurs (en vogue en ce moment : Gotlib, Goscinny, Jacobs…).
Bien entendu, éminent Bub – entre autres, éminent sur ce terrain des mécanismes de BD -, on pourra ! cela ne peut que préciser utilement certains points, et là aussi en effet il y a de quoi faire !
Comme tu dis, au moins les classiques ne nous lassaient pas de trop de leçons moralistes et militantes, au contraire de certaines légendes qu'on leur a faites ; ce serait plutôt une mode actuelle.
Marrant, moi aussi je me mets en ce moment à lire jouissivement les albums d'histoires complètes d'Achille Talon, qu'au fond je ne connaissais que par les pages isolées dans les “Pilote” de jadis : quel style, quelle verve ! certes, les derniers présentent quelques faiblesses narratives (on en reparlera à l'occasion). Ai vu la couv' du remake actuel, dessin peu attirant comme dit Cyril, mais puisqu'il le trouve réussi néanmoins… (Achille nez en moins ! 😂 😂 )
Cher Kuronoe, j'appuie Xanatos : non, ne t'en va pas ! ce forum comme il le signale, et Veggie de même, reste un des plus vivants et de ceux où l'on se pose, sans prendre des poses, des questions de contenus, grâce à toi aussi ; là où d'autres ne sont guère que des tiroirs techniques. Je me suis accusé moi-même de sot sentiment de trop-plein concernant les zombies et trucs magico-démoniaques ; c'est que je suis simplement très peu perméable à ça, et je n'en tire pas de fierté, je me répète : faites pas attention au vieux con à prétentions rationnelles – qui d'ailleurs adore Dorohedoro !
Finalement il y a déjà du répondant ici, et bien intéressant !
Jo et Zette, dont je voulais dire un mot :
Les deux meilleurs albums en sont Le Testament de M. Pump et sa suite, Destination New-York.
L'accroche du premier me semble admirable !
Nous sommes dans une rue de New-York, où un homme d'âge mûr, bonhomme lambda qui ne reparaîtra plus, vient de repérer dans le journal une offre d'emploi : On demande bon valet de chambre sachant bien patiner à roulettes. Notre homme rejoint une file (illustrant bien les effets de la Grande Crise, car les voitures et avions nous montreront que nous sommes vers 1935) chez le milliardaire M. Pump, devant une porte gardée par un domestique en patins à roulettes. Quand notre homme arrive à la porte, on entend derrière un gros “BOUM !”, et le candidat précédent sort bien amoché, avec un oeil au beurre noir ; le domestique appelle “Au suivant”, et notre demandeur d'emploi se trouve alors devant un secrétaire qui lui lance : “Mettez ces patins à roulettes ; le plus vite possible ; je chronomètre…” L'autre s'escrime sur les lacets. “Une minute 38 secondes 4/5ème… pas mal pour un début.”
Arrivé là et en bas de page, le lecteur se demande bien où diable Hergé veut l'embarquer !
Page suivante, le candidat reçoit l'ordre de prendre un plateau chargé de bouteilles et verres et de patiner ; le pauvre homme assez corpulent décrit de périlleuses arabesques… et bien sûr se flanque en l'air. Et le secrétaire : “Je regrette, vous ne pouvez pas convenir.”
En sortant tout endolori, le candidat interroge le domestique, lequel lui apprend que M. Pump est un fanatique de vitesse et que tout son personnel doit donc être ultra-rapide.
Suivent deux pages de gags faisant découvrir le mystérieux et sec M. Pump et son mode de vie époustouflant empli de gadgets 1930, fauteuils-ascenseurs, tapis roulants, glissoirs, le tout systématiquement chronométré. Puis il part en “promenade” dans sa voiture de course à plus de 200 à l'heure… mais un pneu éclate, il quitte la route et se tue.
On ouvre ensuite “le testament de M. Pump” qui donne son titre à l'album, contient un défi d'aviation, et se termine par “rédigé en 1 heure 34 minutes 12 secondes 4/5ème”.
Ce n'est qu'ensuite qu'on passe en France et qu'apparaît le père de Jo et Zette, ingénieur et concepteur d'avions, qui sera appelé à relever le défi, puis Jo et Zette, 12 et 11 ans, qui jouent dans leur jardin et qu'Hergé très habilement amènera peu à peu jusqu'à être les héros de la formidable odyssée du Stratonef H-22, courant sur deux albums. Narrativement très réussi !!