Citation
Surtout que dans la plupart des cas, il s'agit de titres Shojo où l'immortalité est le vecteur d'un amour perpétuel et magnifique et beau et blabla et blabla…
Objection, Votre Honneur!
J'ai là une enveloppe qui contient un manga de vampire où l'amour n'est pas du tout beau, mais bien flippant, et ce non seulement sur les bords, mais aussi bien au milieu!
Bref, "Les lamentations de l'agneau" est un manga à dix mille lieues de la mièvrerie d'un Twilight, et proche en perversité de cette chère Carmilla.
Kazuna Takashiro, fils adoptif d'un gentil couple, ne se sent pas très bien en ce moment. Il cherche un peu ce qu'est devenue sa famille et retrouve sa soeur, Chizuna. Celle-ci lui apprend que la famille Takashiro porte une maladie rare et méconnue: pour remplacer l'élément de leur sang qui leur fait défaut, les malades mordent et boivent le sang de ceux qui passent par là… et finissent par mourir déments… Je vous laisse imaginer la cause des malaises de Kazuna. Lui aussi est atteint de cette soif…
Dans cette histoire, le fantastique est gommé et remplacé par un problème d'ordre médical. Il reste cependant la fascination que les vampires exercent sur leur entourage. Chizuna est très belle, bon déjà, ça aide, mais elle vit vraiment ailleurs par sa différence, et les autres le ressentent. Elle est superbe, mais inquiétante, peut être dure, méchante et cruelle tout en restant fragile et assoiffée d'amour. Minase, le médecin qui la soigne, ne peut s'en détacher, ni admettre qu'un autre homme que lui puisse s'en occuper. Quant à Kazuna, son frère, il est non seulement subjugué par sa beauté et sa force, mais aussi par tout ce qu'elle lui cache: son passé, ses relations troubles avec leur père…
Les morsures ne sont pas mortelles dans ce manga, elles sont surtout l'occasion de créer des liens entre buveurs et bus, si je puis dire. Car la victime et le malade deviennent dépendants l'un de l'autre. Offrir son sang, c'est se rendre indispensable, c'est s'approprier l'autre. Ce don n'empêche cependant pas les malades de la famille Takashiro de désirer le sang pris de force à quelqu'un. Ils ont vraiment un petit côté sadique, sous leurs tortures.
L'on pourrait craindre de sombrer dans la mièvrerie avec le personnage de Yaegashi, lycéenne amoureuse de Kazuna. Mais elle aussi, à sa façon, se montre courageuse et déterminée, comme Chizuna.
La fin pèche en revanche par un dénouement complètement improbable. Décevant lorsqu'on vient de lire des pages et des pages où la médecine pesait aussi lourd.
Mais cela reste un manga très riche et très intéressant, à mon goût (pas toujours sûr, je vous l'accorde).