Citation (alastor)
Désolée, je peux paraître cynique et froide et indifférente, mais chacun son coeur de pierre, je dirai…
Al.
Edité par alastor le 23-01-2005 à 21:20
C’est l’une de ces phrases qui me font de nouveau croire en la lucidité du monde : rien que pour ça, je t’en rermercie.
l’affaire Trintignant : je rappelle que le livre de Nadine Trintignant est sorti deux mois avant l’ouverture du procès. Avec des expressions telles que “ton meurtrier” ton “bourreau” ou “ton assasin”. Deux mois avant le procès ça fait plutôt mauvais genre. Surtout d’une dame réputée talentueuse et intelligente. A partir de là je vais peut-être choquer.
Que ce soit OJ Simpson, Cantat ou Michael Jackson, toute cette médiatisation me fait désespérer… C’est la même connerie, les mêmes résurgences du passé… Dans l’affaire Cantat, ce qui m’a révolté, outre le traitement médiatique, c’est bien l’attitude des Trintignant. S’il y en a bien un seul pour lequel je respecte PROFONDEMENT la douleur (après l’attitude de Nadine .T, je n’ai malheureusement plus que de la compassion…) c’est Jean-Pierre Trintignant. Digne, effacé, on ne l’a que peu vu dans cette tourmente médiatique. Sans doute déchiré mais respectueux. De lui et de sa fille.
Car pour moi, de tels procès dépassent très largement la simple logique de crime-sanction judiciaire. Avant d’être mal compris je vais être clair : Bertrand Cantat puisqu’il a frappé Marie Trintignant et a causé sa mort, mérite la prison. C’est un homicide et le système veut qu’on aille en prison. Alors on n’y va. Pas la moindre ambiguïté la-dessus. Je ne cautionne en aucun cas ses actes (je ne connais que 4 chansons de Noir Désir).
Ce qui m’inquiète là-dedans, c’est bien l’attitude que les parties civiles ont adopté : je ne voyais que des gens du cinéma, du théâtre, cette soi-disant grand messe de l’intelligentsa créatrice. S’il y a bien quelque chose qui me fait horreur, qui m’exaspère au plus haut point, qui me révotle, c’est la segmentation, la séparation qu’aujourd’hui, que la grande majorité des gens de l’art opèrent entre leur vie et leurs créations.
Cantat et son groupe chante la nature humaine, les ambivalences du monde, la complexité de l’être humain. Ironie du sort, il est pris par ses propres démons. Marie, Nadine, mettaient en scène des personnages tourmentés, ambigues. Ce que je reproche aux deux parties c’est de ne pas assumer la contenance de leur propos. Pourquoi clamer la tristesse, la complexité alors que dans sa p***** de vie, l’on est pas capable d’assumer cette partie de soi? Pourquoi parler de sentiments profonds, si dans sa vie ils ne sont pas ressentis? Pourquoi dissocier les réflexions de sa création, de sa propre vie? A quoi ça sert de donner forme à une partie de l’Absolu de soi si c’est pour agir à l’opposé?
Ce que je veux dire, c’est que lorsque l’on écrit une chanson, un film, une pièce, il faut avoir une connaissance assez développée de la nature humaine. Or, le paradoxe, la folie sont des choses que lorsque l’on est coutumier de l’écriture et bien on les assimile comme parties de l’être humain. MAIS ATTENTION ! Je ne dis ABSOLUMENT PAS que les ressorts dramaturgiques doivent excuser, tolérer les pires agissements d’une personne. Mais, à mon sens, elle doit contenir les comportements que j’ai vu lors du procès Cantat. Tous ces gens qui créent des personnages et qui lors du procès parlent la rage au coeur, sans discernement…. Tout cette intelligentsa incapable de parler et d’attendre le jugement dans la dignité, de décrire la complexité de l’homme sans l’immiscer dans leur propre réflexion…
La douleur de perdre un être cher, surtout son enfant est une chose horrible. Je sais de quoi je parle. Là où un individu lambda aurait effectivement un désir “bestial” de justice (parlons plutôt de soif), ceux dotés d’un savoir, d’une vivacité créative, soit disant intelligents tombent dans les travers de la colère…
En fait, j’ai l’impression aussi de parler pour du vent. Et si devant la peur, la mort on était pas tous égaux, artistes ou pas artistes?…
J’en suis sûr mais cette affaire me laisse un goût amer… Peut-être à cause de mon goût prononcé pour l’Absolu…