Citation (Lolotakun)
Il ne faut pas méprendre l’avis de certains journalistes pour l’opinion public. Je pense que le problème en France est que c’est un pays avec une culture de la BD fortement développée et ancrée dans les mentalités. Le manga et les anime sont inconsciemment vus comme une menace, d’autant plus que le phénomène se développe pour l’instant à une vitesse vertigineuse. La preuve: en Allemagne, pays sans véritable scène BD, les manga/anime ne se heurtent que rarement à l’opinion public (excepté les éternels “j’aime pô les granzieux”, dus à la jeunesse du phénomène ici).
(Ca va être long je vous préviens)
Tu as raison quand tu dis qu’il ne faut pas généraliser l’opinion négative de certains. Il n’empêche que ce sont ces certains qui ont réussi à diaboliser les animes aux yeux du public et à les faire quasiment disparaître de la scène dans les années 90.
Mais je ne crois pas par contre que ce soit par esprit protectionniste que les animes/mangas sont mis au banc. Les raisons me semblent beaucoup plus primaires. Les journalistes cherchent surtout à faire de l’audience et quel est l’un des sujets les plus fédérateur qui soit ? Les enfants et ce qui les touche. Les gens sont outragés quand il est fait du mal à un enfant parce qu’il incarne “l’innocence”. Or un des sports préférés des journaliste est d’agiter devant les parents et la société l’épouventail du danger que représente telle ou telle chose pour leurs enfants (on l’a vu pour les animes, mais aussi pour les jeux vidéo, pour les cartes à jouer Pokémon, pour les tamagochi, pour les pogs, etc. )
Dans le cas des animes/manga, le sujet est une mine d’or, d’une part parce que ce sont des produits qui dans l’inconscient collectif sont destinés aux enfants et d’autre part parce qu’on prétend que les enfants sont influençables et influencés par la télévision.
Dans les années 70 en Europe la presse n’hésitait pas à comparer Goldorak avec Hitler en disant que le message véhiculé par le nazisme et Goldorak était le même et que tous les enfants issus de cette génération deviendraient des psychopathes! Or nous avons 30 ans aujourd’hui et nous sommes pour la plupart (sinon la totalité) non-violents et plutôt bien intégrés dans la société.
Dans les années 80 c’est tout juste si on finirais pas tous abrutis par ces dessins animés japonais sans queue ni tête, qui en plus étaient laids, mal dessinés et aux couleurs criardes. Aujoud’hui le Voyage de Chihiro a gagné l’Ours d’or à Berlin, l’Oscar, et même le très select festival de Cannes propose des animés en compétition. Mais bien sûr “ça reste un dessin animé (donc il n’a aucune chance)” comme je l’ai entendu dire par une pseudo-journaliste de Telematin en parlant de “Innocence” (non pas que je considère que Innocence soit un chef d’oeuvre, mais en disant ça on dénigre, une fois de plus, ceux qui aiment l’animation et qui voudraient qu’elle soit reconnue au même titre qu’un film live).
Et dans les années 90 rebelotte, vu le contenu de certains animés (dont Ken le survivant et les Chevaliers du Zodiaque mais pas seulement) on allait tout droit à la catastrophe les enfant devenant violents, incontrôlables, pire des meurtriers potentiels tant influencés qu’ils étaient à reproduire ce qu’ils voyaient à la télévision (le cas de ces deux enfant anglais qui en ont battu un troisième à mort après avoir vu les Power Rangers : 1 c’était un sentai pas un anime, 2. Il avait été remanié pour coller au goût du public américain, 3. la chose ne s’est bizarrement jamais produite dans les années 80 alors que nous étions abreuvés de sentai japonais à longueur de journée). Là c’en était trop il fallait stopper net l’infection galoppante avant qu’elle ne dévaste tout et c’est ce qu’ils ont fait au travers du CSA.
Encore plus fort… dans les années 2000, alors qu’on ne peut plus programmer que les plus gentillets sous peine de se voir fortement censuré ou amendé, les animes inculqueraient aux adultes de demain des valeurs “typiquement nippones” : compétition à outrance, être le meilleur à tout prix y compris en écrasant ceux qui se trouve plus bas que soi, utiliser tous les stratagèmes pour arriver à ses fins, etc.
En résumé on n’en sortira jamais ! C’est un sujet trop bateau pour les journalistes sans scrupules qui cherchent à faire du sensationalisme à deux sous. Et les hentaï ou même les mangas/animes un peu ecchi tombent à point nommé pour que ces mêmes journalistes puissent faire des parallèles aussi faciles que scabreux sur la relation entre la recrudescence des affaires de pédophilie et les représentations graphiques soit-disant pedopornographiques des productions nippones.
Edité par Videogirl le 14-07-2004 à 22:07