Bonjour à tous,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt les 28 pages de ce sujet de forum, sur lequel je suis arrivée parce que j’y recherchais des données qui me permettraient d’entrer en dialogue avec un prêtre que j’aime (et j’en ai trouvé, c’est pourquoi je fais preuve de gratitude). Ce n’est pas une blague, mais le contexte n’est pas celui de « One pound godspel » (qui n’est pas un hentaï, où un boxeur essaie de faire sortir une religieuse de son couvent parce qu’il en est amoureux) puisque je suis mariée et mère de famille. Je ne compte donc pas embrasser sauvagement le frère par surprise, même s’il est clair que je ne le ménage pas dans la relation !
Mais au fait, qu’est-ce que l’amour ? Parce que c’est vrai que ce n’est pas toujours évident de distinguer l’amour charnel de l’amour platonique. Même quand une femme ne couche pas avec un homme, il peut y avoir des « choses qui passent » entre eux qui ont trait à la sexualité, et de mon côté, je dois dire que je n’ai jamais été capable d’entretenir une relation avec un homme qui ne m’attire pas sexuellement. J’ai beaucoup aimé le post où l’un de vous parle de la vision qu’avaient les romantiques du 19e siècle de la sexualité : c’est vrai que les choses ne sont pas toujours si claires…
D’ailleurs dans les spiritualités de l’Orient Classique, le concept de « corps » n’existe pas, tout au mieux celui de « chair », qui est égal à corps+psychisme pour nous. Une raison pour ne pas faire des amalgames entre tout et tout. Ainsi, la spiritualité, c’est différent de l’Eglise catholique et la Bible, c’est différent du judéo-christianisme (concept bien situé d’ailleurs). Un exemple seulement car le temps file, mais pas des moindres : Eve ne croque pas une pomme, dans la Bible, mais un cédrat. Le cédrat, c’est une espèce de citron.
Ca vous dit quelque chose, le citron ? J’ai vu quelques « Cream lemon » dans le temps (qu’un garçon avec qui je correspondais m’envoyait sans se poser de questions, en tout cas sans m’en poser et heureusement car à l’époque, je n’aurais pas été capable de répondre !), que les plus jeunes ne connaissent peut-être pas, mais qui sont évidemment de la catégorie hentaï/adult/porno. Le citron est associé au sexe SM par les Japonais, ai-je lu dans le temps.
Mais pas seulement par les Japonais ! Les anciens Hébreux (ancêtres des Juifs), déjà, associaient la sexualité déviante à l’amertume de ce fruit, qui est aussi un fruit… graveleux. Car en quoi consiste le péché de Eve ? Pas dans le fait de jouir avec son mari ! mais dans le fait déviant d’accepter que Adam se serve de la sexualité pour la dominer, c’est d’ailleurs écrit dans la Genèse : « et il dominera sur toi », c’était donc déjà : « tu l’as voulu, ma belle ! » (Entre () Adam et Eve sont l’homme et la femme en général.)
Et là, nous sommes en plein « Cream Lemon », n’est-ce pas. « Au fond de toi, tu l’as voulu ! et je ne fais que te donner ce que tu veux sans oser le dire. » Le fait qu’à un moment donné, la vapeur soit renversée n’y change rien : le féminisme dans ses aspects les plus agressifs n’est que la volonté de changer les patrons pour en mettre d’autres à la place. Je dois dire que personnellement, cela ne me semble pas la solution. En tout cas, j’essaie chaque jour de sortir de ce type de raisonnement, ce n’est pas facile il est vrai. (car enfin ces messieurs peuvent être vraiment casse-pieds ! :-))
Pourquoi ai-je regardé des hentaï ? (c’est ce qui fait aussi que je suis là, je viens chercher l’information là où elle se trouve effectivement !) Je suis une femme, mais comme toute femme, j’ai une partie masculine et une partie féminine en moi. Anima et animus, disent les psychologues, qui savent où le savoir se trouve. Nephesh et chajah disent les Juifs depuis des milliers d’années, qui doivent fusionner pour devenir Ruah, ce que les chrétiens appellent l’Esprit Saint, autrement dit Relation à l’Intérieur de Nous-Même (et puis si ça se passe bien en nous, avec les autres, toujours plus nombreux en principe). Sur le plan philosophique, le féminin correspond à l’inaccompli (et non pas au « mal », ce qui n’est pas une catégorie ontologique, mais morale !) et le masculin à l’accompli (et pas au « bien). J’ai donc été fort jeune une femme qui avait envie de s’accomplir, voilà tout, et je soupçonne que c’est la même chose pour les quelques-unes dont j’ai lu les contributions .
Pour moi, le hentaï fait peur parce qu’il met l’homme (l’être humain) face à sa propre liberté, et que nous mourons tous de peur face à cela ! La morale commence là où nous sommes libres, dit Comte-Sponville, et ça ne vient pas en un jour. Personnellement, j’avais peur, adolescente, non pas de coucher avec des garçons, mais d’entrer en relation véritable avec eux, parce que je ne savais pas moi-même qui j’étais. La partie masculine de moi éprouvait donc les mêmes craintes que les garçons. Je m’imaginais bien en train de coucher avec l’un ou l’autre, mais je ne rêvais certainement pas de longs baisers, de couchers de soleil et ce genre de choses. J’ai donc dû étudier très longuement la bande dessinée japonaise féminine avant de comprendre quelque chose à ce qu’ « on » – ouh le vilain mot – attendait de moi, je veux dire ce que j’attendais de moi et pouvoir y répondre sans être manichéenne (soit totalement dominée, ce qui m’aurait semblé un non-sens, car je déteste la souffrance, soit dominante, ce qui n’est pas accepté socialement pour une femme et qui, en plus, n’est pas la solution, je me répète, mais tant pis).
Pour moi, le hentaï fait peur parce que l’homme (l’être humain) a peur de faire confiance, et cela ne date pas des temps bibliques, donc encore moins de l’ère des webcams. Bon, certes, je n’étais pas là à l’époque préhistorique (ou certains me diront le contraire, mais bon, ça ne fait pas « avancer le schmilblik » qui nous occupe ici). Pourquoi est-ce qu’Ulysse refuse de coucher avec Circé ? En théorie, ça devrait être agréable pour lui (il n’est dit nulle part qu’elle est bossue ou moche). C’est un guerrier et pourtant il a peur de se faire piéger…
Je remarque qu’aujourd’hui, quand je suis tentée d’aller voir des sites de hentaï (autrement dit, quand je clique sur l’une ou l’autre image mine de rien, en passant sur un site de manga « juste pour me remettre à la page » ! l’hypocrisie étant en moi et non dans les encycliques de tel ou tel Pape qui lui se contente de partager ses idées!), c’est quand je n’arrive pas à gérer un problème physico-psychico-sentimental avec un homme qui n’est pas mon mari. J’angoisse et je me dis : je ne vais jamais y arriver ! Et si je n’y arrive pas, je ne vais pas pouvoir être en relation avec lui. « I don’t want a lover, I just need a friend » ! Ca me fait tellement peur qu’il faut que je me soulage et que j’évacue la tension !
Voilà, les mangaka et les marketers peuvent se mettre au travail, maintenant, ils savent ce dont j’ai besoin/envie ! J’ai parfois besoin de me soulager et j’ai toujours envie d’établir des relations harmonieuses avec un homme qui me plaît. (Souvenez-vous, les anciens, dans « Maison Ikkoku », tout mignon, c’est Kyoko qui, après 7 ans de réflexion, invite Yusaku au love hotel, en disant « ce n’est pas par compassion, c’est pour me sentir mieux »… Ca veut bien dire ce que ça veut dire)
Bonne continuation.
P.S. : 1. Un mot sur les poils pubiens « interdits » dans la loi japonaise sur la pornographie. Est-ce vraiment un interdit, moralement parlant ? Certes, il est écrit « il est interdit », mais ensuite ? En réalité, la pornographie japonaise est spécialisée dans le genre SM et bondage. Quand j’ai vu des clichés de ce type sur internet (ce que je n’invite évidemment pas les jeunes lecteurs à faire, j’ai 34 ans, et c’est seulement cette année que j’ai eu le courage de le faire, c’est tout dire ! en matière de sexualité, ce n’est vraiment pas le genre de choses à regarder en premier, cela équivaudrait à visiter Auschwitz avant le fort de Toulon !), je me suis dit : les femmes sont rasées et ligotées, ça me rappelle quelque chose. Et puis j’ai pensé que c’était un reflet de la domination sentimentale que l’un des partenaires veut parfois avoir sur l’autre, pour ne pas souffrir. Du style : « Eh là, pas question que mon petit cœur souffre, entre manger ou être mangé, je préfère manger ! ». De là au cannibalisme, il n’y a qu’un pas. Et que font les cannibales avant de manger leurs victimes ? Ils les rasent, leur bouchent l’anus, et les ligotent. Anthropologiquement parlant, c’est aussi simple que ça : le consommateur de médias SM a peur de manger l’autre ou d’être mangé par lui, et ça je peux le comprendre, personnellement, étant déjà trop vieille pour craindre pour mon corps, je fais par contre attention à ceux qui pourraient encore me prendre ce que j’ai de plus précieux : ma personnalité, mon âme, mes raisons de vivre, mon cœur, ma tête ! Je me bats tous les jours pour sortir de ce raisonnement manichéen, car la vie ne se résume pas à manger ou à être mangé, à dominer ou à être dominé. Vivre (bien), c’est être en relation (harmonieuse) avec soi et les autres et c’est un boulot à plein temps !
2. J’espère que je n’ai pas choqué d’une manière ou d’une autre les lecteurs plus jeunes, car il n’y a pas que les mots ou les images hard qui peuvent choquer, la violence des sentiments et/ou de la pensée aussi. S’ils n’ont pas compris, par contre, je n’y peux pas grand-chose, j’ai juste eu un peu plus de temps pour faire mes expériences et mes études. Patience, donc.
Edité par courrieramitie le 09-08-2008 à 16:20