Ce post est long, j’ai fait de mon mieux pour en faciliter la lecture en l’aérant au maximum. Bon courage!
Citation (Gexian)
Moi je dis que la révolution sexuelle sera compléte quand on trouvera ça non-choquant qu’un homme veuille être “homme au foyer”. Voulà.
Et moi, quand un homme à la question “Et vous faites quoi dans la vie?” pourra répondre: “-Je suis sage-femme”.
Bon, maintenant que j’ai bien rigolé (et vous aussi, j’en suis sûre), passons aux choses sérieuses.
Je partage l’analyse d’Owa sur les raccourcis qui font que la route vers le n’importe quoi est rapide et pas sérieuse. Maintenant, commentons le Reiichido.
Citation (Reiichido)
Ce que je pense, c’est “la situation et l’image de la femme au Japon est plus difficile qu’en France”. Point.
Là, je ne suis pas d’accord. Ce n’est pas que c’est plus difficile. C’est que pour moi, la situation et l’image sont difficiles absolument partout, et c’est pour ça que je ne peux pas dire que la situation est pire là-bas qu’ici. La souffrance, la bêtise et le malaise, c’est comme le bonheur: c’est pas quantifiable et il y a autant de réactions que de personnes. Je crois, que, si l’on interroge des gens sur la responsabilité des femmes de leurs agressions sexuelles, tu serais surpris, Reii, du nombre de gens français qui te répondront “Bah, elle avait qu’à pas…” (vous pouvez continuer la phrase par: sortir le soir, s’habiller comme ça, sortir avec un gars qu’elle connaissait à peine, aller chez un pote ou un inconnu, boire, se laisser faire comme si on avait le choix, fallait qu’elle crie, qu’elle se débatte, etc…) Comme s’il y avait des règles pour pas que certaines choses arrivent, permettez-moi à ce sujet de m’esclaffer façon World Vinty-One: Ha. Ha. Ha.
Et enfin, une femme qui a des relations sexuelles comme bon lui semble en France, c’est toujours une chaudasse, et j’arrêterai là les compliments, parce que je n’aime pas être vulgaire ici.
Tu vois Reii? on a de quoi faire avec des préjugés ici aussi. Je ne suis pas Japonaise, et j’ai été embêtée, tripotée ou insultée dans la rue ou les transports en commun parce que je suis une fille. Mais je ne suis pas sûre que j’aurais été davantage à l’abri si j’avais été un garçon; quand les gens décident de te pourrir la vie, tu ne peux pas leur échapper, qui que tu sois. Nul besoin d’une nationalité pour rencontrer l’ignorance, la bêtise ou la méchanceté.
En dernier lieu, j’aimerais dire qu’il n’y a pas non plus de monopole, ça peut être la misère d’être un homme aussi. Et partout dans le monde, ça aussi. En fait, à partir du moment où tu es quelqu’un, tu en baves. Quel que soit ton sexe. Ou ton pays. A soi de se débrouiller pour limiter les dégâts.
Citation (Reiichido)
Mais je crois que la discrimination la plus essentielle, celle dont parle sans doute Mme Royal, c’est l’image. Je pense que l’image de la femme est biaisée, au Japon (Orthographe périlleuse…). Et si l’image est mauvaise, on aura beau faire tout les progrés dans les chiffres que l’on veut, ca ne changera pas la condition féminine. Dans ce cadre, le manga a sa part de responsabilité.
Alors, là, le problème, c’est donc la discrimination (“scrimination”… Lewis, je te mmaudis avec deux “m”…) dans l’image, qui déteindrait sur la vraie vie. La réflexion qui va suivre se construit d’après mes maigres informations sur les moeurs japonaises, donc, elle risque de comporter une forte teneur en erreurs. Mais tant pis, je me lance.
Les images que Reiichido nous montre sont des visions fantasmées. Un fantasme est-il donc discriminatoire? Non, si on ne le prend pas pour une réalité.
Citation (Reiichido)
L’exploitation corporelle des femmes est aussi assez incroyable. Déja qu’en France on met une femme à poil pour vendre de la lessive, mais au Japon, les femmes sont sur-exploitées.
La télé et les chaines cultivent un lot de potiches incroyable, des centaines de magazines nous projettent de la chair en veux-tu en voilà, que ce soit porno ou soft. Les élections de miss abondent…
Je vous le dis comme je le pense, de ce coté là il y a quelque chose de pourri dans ce royaume du Japon.
Oui, certes, mais tout ceci sont des mises en scène, des fantasmes. Les filles sont costumées, maquillées, et formatées (‘pas moyen d’être belle et désirable si tu mesures 1m57 pour 60 kg… etc….). Le fait de montrer une image fantasmée de la femme est-il discriminatoire? Je n’en suis pas sûre… pour moi, c’est le passage à l’acte avec des gens pas consentants qui serait plus discriminatoire (et encore, j’emploierais plus volontiers le mot “pervers” à ce moment-là que “discriminatoire”).
Certes, cela correspond à une certaine vision qu’ont certains hommes des femmes. Mais ce n’est qu’une vision, qui ne se base sur pas grand-chose de vrai, à l’exception du désir humain. Et du rêve.
Quant à la surexploitation, elle n’a rien d’étonnant, d’après ce que je peux en conclure. L’exploitation est assez incroyable au Japon dans tous les domaines, non? Tiens, parlons du manga, qu’il faut produire dans des délais impossibles et en quantité astronomique, on est aussi dans un fonctionnement de “pressons le citron jusqu’à épuisement.” Bah, les humains sont un domaine comme un autre. Et à mon sens, c’est ça, le “quelque chose de pourri”: plus que la saturation de cruches ou de pubs: l’instrumentalisation des gens.
Citation (Reiichido)
Et là encore, qu’on ne me parle pas de liberté sexuelle. Entre adultes consentants, ou dans la shère privée, on fait ce qu’on veut. Mais de multiples études on montré l’impact négatif de la stimulation sexuelle à des âges plus tendres.
Oui, certes, je suis d’accord. On ne peut pas tout se permettre au nom de la liberté. Il y a des choses auxquelles les gosses ne devraient pas avoir accès aussi facilement. Mais ce n’est pas l’image en elle-même qui me pose problème, c’est le fait que des gamins puissent la voir et peut-être l’acheter.
Citation (Reiichido)
(Et avez-vous réellement regardé les mangas disponibles en France avec les yeux d’un non-initié ? Ca fait peur, de plus en plus…)
Oui, là, tu as aussi raison. Si l’on n’est pas informé, on trouve bizarres des trucs étranges qui semblent parfaitement ordinaires. Exemple:
“Joyeux anniversaire, Darkie! Tiens, “Le portrait de…” euh… enfin, ce que tu as dit quand on t’a demandé ce que tu voulais!
-Oh, merciiii! géniaaaal, comment t’as su? (Déballe) Oh, cool, dedans, ‘y’a un p’tit livre avec des dessins dedans, et un catalogue de pub.
-Ah bon? Fais voir les dessins?
-Nan! c’t ‘à moi, je regarde en premier! tiens, prends l’catalogue de pub, après on échange*.
Mon adorable frangine, qui ne lit jamais Animeland, feuillette donc le catalogue. Il y a le titre de chaque série, et pas loin, une phrase pseudo-résumante un peu choc pour attirer le client.
-Waah, Darkie… qu’est-ce qu’il y a comme titres érotiques!
-Ah bon?
-Ben ouais, regarde… “Profs déjantés pour lycéennes givrées”, là… (illustré par une jeune fille rougissante, penchée en avant, les mains entre les cuisses)
-Euh non, “Azumanga Daioh”, c’est pas très érotique comme truc…
-Ah ben, comme ils disent, hein, ça fait érotique… et ça, là, franchement…(image d’un gars effaré parce qu’il est contre la poitrine d’une créature superbe)
-“DearS”? bah euhhhh…. c’est pas non plus super chaud… enfin, je crois bien qu’il y a une prof tordue mais euuuuuuh…. c’est pas porno, quoi… répond Dkl qui, à ce stade, ne sait plus si elle doit revoir sa définition du mot “érotique”, parce que tout lui semble si “soft” en comparaison du contenu d’un certain HS ardemment convoité par des mineurs.
Pour conclure sur la discrimination à l’image, je maintiens ce que je dis. Certains mangas, les pubs que tu nous montres, Reii, ne font qu’exploiter une forme de désir, mais n’alimentent pas directement une vision moyen-âgeuse de la femme, parce que cette vision existait bien avant eux.
*Vous pouvez voir dans ce dialogue que les jeunes filles ne vieillissent jamais. Même quand c’est leur anniversaire. Ou “surtout” quand c’est leur anniversaire.
Edité par Darklara le 22-01-2007 à 15:00
Edité par Darklara le 22-01-2007 à 15:02
Edité par Darklara le 22-01-2007 à 15:04