Putain on s'emmerde dans cette Coupe du Monde. J'avais hâte d'avoir un break de pur divertissement (le foot business d'aujourd'hui est à reconfigurer mais bon, c'est pas trop loin de la logique pour moi : si la vérité d'une assertion est indépendante de celui qui la découvre, l'intérêt du football est indépendant des gens qui l'incarnent : c'est mon paradoxe préféré, il y a, parfois, de l'injustice "noble" dans le jeu, genre Allemagne-France 82) parce que la coupe du monde c'est quand même un sacré kiff. Dunga nous fait chier, je préfère voir le Brésil jouer comme ils jouent, qu'une équipe aseptisée. Steven Gerrard, mon joueur favori (le mec n'a même pas le ballon d'or en 2005…) devrait détonner dix fois plus !
Bon l'équipe de France…Bof plus grand chose à dire 48h après. Juste à relativiser la cabale médiatique qui a commencé depuis vendredi et qui risque de durer au moins 10 jours Il n'y a pas grand chose à attendre de footballeurs et de sportifs en particulier : par nature, par définition, un jeu est injuste. Il ne récompense qu'une unité de participation (un joueur, une équipe, un pilote etc etc) donc la logique même du jeu ne peut qu'encourager la tricherie, le mensonge, la victoire à tout prix, bref le sport c'est de l'élan de puissance et ce que ça peut comporter de plus brutal. Or le point crucial où s'articule la structuration "positive" du sport, c'est de trouver un contrebalancement à cette puissance première. Pas étonnant que les sports de combat en appellent autant à une éthique du combattant : je trouve absolument magnifique de voir comment nous les hommes nous civilisons nos affrontements, c'est très fort (ce livre est à ce propos un classique de la sociologie du sport).
Bref pour en revenir à l'équipe de France, j'étais évidemment énervé mais aussi amusé de la pourriture de notre jeu.
L'éviction possible de Gourcuff, l'insulte d'Anelka, la prise de pouvoir de Ribéry, ça fait jaser les journalistes et fait resurgir une fierté nationale à deux balles, la détérioration de l'"image" du foot français, attention, c'est dramatique ! Il est quand même étonnant d'attendre quoi que ce soit de joueurs aussi peu structurés dans leur système de jeu, aussi peu structurés par leurs supérieurs hiérarchiques, aussi peu structurés par leur champ professionel, ou, plus précisément, qu'attendre d'individus autant structurés dans le paradoxe ? Que valent l'éthique, les valeurs, la morale quand la configuration même du jeu penche à ce point du côté de l'arrivisme, des primes et salaires complètements injustifiés (j'aimerais moi aussi toucher 40 000 euros par moi -salaire de Domenech- pour mal travailler), de la tricherie non sanctionnée, de l'incompétence légitimée (c'était quoi le but du staff ? Voyager ? Gagner une coupe ? Introduire l'autogestion dans le foot ?) Franchement, à quoi s'attendre d'autre ? Qui va être le prochain paltoquet à agiter le bilboquet "moralisation du football" comme on crie à tout va il faut "remoraliser le capitalisme" ? Je l'attends pas trop parce qu'il est étonnant de voir comment les appels à la révolution du football français sont plus radicaux que ceux appelant à une révolution économique et sociale du monde: mais c'est logique dans un sens : révolutionner le foot oui, mais avec le même système.
Il est troublant de lire ici et là, l'exclusion que devrait subir Anelka pour son insulte (à ce propos le journal l'Equipe est vraiment de plus en plus ridicule…) pour "salir le maillot" ou "déshonorer la France". Les mots "racailles" "caïds" vont ressortir et, comme toujours, on va coller le foot à l'image de la société française : "black blanc beur" il y a 12 ans, "communautariste" désormais. Ridicule. Bon Ghana-Australie 1-1. J'y retourne.