Ce que dit Fripp est interessant. Si Taniguchi et Miyazaki sont cités en exemple par les médias et seuls portés à la connaissance du grand public, c’est qu’ils sont occidentalement compréhensibles par le plus grand nombre. Pour Taniguchi, tout le monde est au courant, on lui invente une légitimité et un gage de qualité sur son oeuvre en le comparant aux auteurs de bandes dessinées, et c’est en soit très révélateur: pour qu’un mangaka soit reconnu, il doit se montrer digne des dessinateurs de franco-belge, accéder à leur statut en quelque sorte. Tant que ce schéma fonctionnera, le manga sera considéré comme un sous-genre de la BD, elle même dans son ensemble encore mal vue par l’opinion publique. Les mentalités ont certe évolué, dans le bon sens, ce qui est déjà bien, mais les a priori demeurent. Dans tous les cas, comme l’a démontré Nalex, on trouve des erreurs, des approximations et des préjugés dans tous les domaines, ce qui est chose normale quand on s’adresse à un public non spécialiste: nous sommes fans de manga, il est normal que l’on bondisse à la lecture de certains articles, mais on ne peut pas demander à tout le monde de s’y connaitre autant que nous. On peut esperer tout au plus que les gens fassent preuve à l’avenir de plus d’ouverture d’esprit, ne serait-ce que pour critiquer en sachant un minimum de quoi ils parlent, mais à partir de là personne ne peut le faire pour les autres: c’est à chacun de choisir d’être intelligent pour lui même.
Concernant Miyazaki, il est vrai que ses films se déroulent souvent dans un cadre faisant particulièrement écho à un public japonais (Mononoke, Totoro, Chihiro…), et nous, occidentaux passons à côté de quelques détails dont nous ne saisissons pas les codes, mais il ne s’agit pas de quelque chose d’indispensable à la compréhension du film. A la rigueur, on sera charmé par l’exotisme que cette ambiance nipponne nous évoque. Ce qui compte, c’est que les thèmes véhiculés dans ces films sont universels, et s’affranchissent de la forme et du contexte. Ce n’est pas le cas de Takahata, dont les films s’ancrent profondément dans une réalité, qui participe au propos. En ce sens, Omoide poroporo, Yamada-kun et Pompoko sont assez éloquents. Ceci expliquant cela (par un raccourci éhonté de ma part, mais le temps me manque), Takahata, que je préfère à Miyazaki, est moins reconnu que ce dernier.