HUMEUR : 2012, une année très animée

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L’année 2012 s’achève et il est temps de faire les comptes : 43 sorties cinéma pouvaient se qualifier d’animation. Si l’on en retire 10 qui sont en fait des programmes de courts métrages, cela nous donne un total de 33 longs métrages d’animation ayant bénéficié d’une sortie en salle en France (dont 2 rééditions). Beau programme ! Très beau, même, quand on voit la diversité et la qualité des films.

Certes, tous les grands studios américains ont dégainé au moins une production : Disney (Les Mondes de Ralph, Clochette et le secret des fées), Pixar (Rebelle), DreamWorks (Madagascar 3, Les Cinq légendes), Fox / Blue Sky Studios (L’Âge de glace 4), Universal / Illumination (Le Lorax).

D’ailleurs, en termes de fréquentation, c’est L’Âge de glace 4 qui rafle la mise avec 6,5 millions d’entrées, soit le 2e meilleur résultat de l’année en France, tous films confondus, derrière Skyfall.

Mais le cinéma français n’a pas été en reste avec de très beaux projets, tous uniques dans leur genre : Zarafa, Couleur de peau : miel, Le Magasin des Suicides, Le Jour des corneilles, Ernest et Célestine, Jean de la Lune.

Le Japon n’a pas été oublié non plus avec pas moins de quatre longs métrages sur nos écrans : La Colline aux coquelicots, Tatsumi, Les Enfants loups – Ame & Yuki et Le Chien du Tibet.

On a aussi droit aux projets les plus atypiques, souvent inclassables comme Alois Nebel, The Plague Dogs ou Le Voyage de monsieur Crulic.

Mais, surtout, l’année 2012 nous a offert trois longs métrages entièrement réalisés en stop motion : oui, ces petites figurines qu’il faut patiemment fabriquer et articuler, image par image. A l’heure du tout-3D et des effets numériques les plus sophistiqués, il est encore possible de faire ce genre de film, à l’ancienne, sans qu’il soit pour autant ringard. Rien que pour cela, saluons les sorties de Les Pirates ! Bons à rien, mauvais en tout (studio Aardman), L’Étrange pouvoir de Norman (studio Laika) et Frankenweenie (Tim Burton).

Et espérons que 2013 soit aussi riche et variée. Cela s’annonce plutôt bien puisque 26 films d’animation sont déjà officiellement programmés (lire l’information du 28/12/12).

Parlez-en à vos amis !

A propos de l'auteur

Olivier

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  1. Hectopussy

    De tous ces titres, je n'ai finalement vu en salle que Zarafa, Les Pirates, Ame & Yuki et Les 5 légendes. Pas eu le temps ou l'envie de voir les autres.

    Pour cette année, j'attendrai surtout Croods, Monstres Academy, Letter to Momo, et éventuellement Epic ou Minuscule. Pour Frozen, je verrais en fonction des trailers… Avec un prix des billets qui tend à se rapprocher du Japon mais sans la possibilité de rester dans la salle, je préfère parfois attendre la vidéo qui ne coûtera finalement pas beaucoup plus chère, avec des bonus et la possibilité de revoir à volonté (seuls les amis, le spectacle ou l'impatience justifient désormais une sortie au ciné selon moi…)

  2. Bub

    Quand on y regarde de plus près, le bilan 2012 apparait un peu plus mitigé je trouve.

    Prenons par exemple le box office des 10 premiers films d'animation sortis en France cette année (au 25/12/2012) :
    FILM-date de sortie-nombre d’entrées-distributeur-prix et nominations-budget
    AGE DE GLACE 4 – 27/06/2012 – 6 588 883 – Fox – 59 000 000$
    MADAGASCAR 3 – 06/06/2012 – 3 343 533 – Paramount – 145 000 000 $
    REBELLE – 01/08/2012 – 3 070 740 – Disney (1 nomination) – 210 000 000 $
    LES CINQ LEGENDES – 28/11/2012 – 1 758 907 – Paramount (1 nom) – 145 000 000$
    ZARAFA – 08/02/2012 – 1 422 112 – Pathé (6 mon) – 8 600 000 euros
    CLOCHETTE ET LE SECRET DES FEES – 10/10/2012 – 1 411 608 – Disney – NC
    KIRIKOU ET LES HOMMES ET LES FEMMES – 03/10/2012 – 1 057 675 – Studio Canal – 6 900 000 euros
    LES MONDES DE RALPH – 05/12/2012 – 880 142 – Disney (1 prix 1 nom) – 165 000 000 $
    LES PIRATES ! BONS A RIEN MAUVAIS EN TOUT – 28/03/2012 – 835 819 – Sony Pictures (1 nom) – 60 000 000 $
    SAMMY 2 15/08/2012 700 390 Studio Canal

    Sur ces 10 premiers films, on en a la moitié qui sont en fait des suites. En matière de créativité, hélas, il faut constater que les films à franchises s’en sortent bien mieux que les films originaux (ça vaut aussi pour le cinéma tout court : les licences trustent les premières places !)

    Et malheureusement, c’était pas mieux en 2011 :

    LES AVENTURES DE TINTIN, LE SECRET DE LA LICORNE .5 315 461 entrées
    LE CHAT POTTÉ .3 792 920
    CARS 2 .2 972 134
    KUNG FU PANDA 2 .2 646 097
    ALVIN ET LES CHIPMUNKS 3 .2 379 651
    RIO .2 376 481
    UN MONSTRE A PARIS .1 701 826
    TITEUF, LE FILM .1 267 226
    RANGO .1 259 129
    ANIMAUX & CIE EN 3D .1 054 619
    ARRIETTY .739 989

    Frilosité des producteurs, frilosité des distributeurs, et pourtant le public semble suivre : pour les 10 premiers films d’animation de 2011, la fréquentation totale aura été de 21 266 173 entrées. A peu de choses près, au 25/12/2012, les films de cette année font le même résultat : 21 069 809 entrées. Une bonne nouvelle ? A priori on pourrait en conclure que la fréquentation reste constante, mais par rapport à 2010 elle est en nette baisse :

    SHREK 4, IL ETAIT UNE FIN .4 626 169
    TOY STORY 3 .4 360 133
    LA PRINCESSE ET LA GRENOUILLE .3 843 786
    RAIPONCE .3 826 095
    ARTHUR 3, LA GUERRE DES DEUX MONDES .3 110 407
    MOI, MOCHE ET MECHANT .3 008 069
    DRAGONS .2 316 829
    LE VOYAGE EXTRAORDINAIRE DE SAMY .1 298 046
    MEGAMIND .1 232 762
    LE ROYAUME DE GA'HOOLE .551 703

    Soit au total 28 173 999 d’entrées.
    Bon, il est vrai que 2010 fut un cru vraiment exceptionnel. De plus, je ne tiens compte que des entrées des 10 premiers films ayant eu le plus de succès. Mais cela permet de mettre en lumière l’impressionnante domination des films américains sur toutes les autres productions.
    Il est intéressant de noter que les films qui en 2012 se seront fait les plus remarquer et récompenser au cours de festivals divers (les oscars c’est pour 2013) n’attirent pas les grandes foules : Frankenweenie 537 950 entrées (2 prix et 1 nomination), Ernest et Célestine 324 008 entrées (3 prix et 9 nominations, exploitation toujours en cours cependant), Le jour des corneilles 316 591 entrées (3 nom), Le magasin des suicides 297 318 entrées (4 nom), Le chien du Tibet 30 486 entrées (5 nom), Couleur de peau : miel ~15 000 entrées (1 prix 2 nom), etc.
    Comment expliquer ce décalage entre grand public et spécialistes ? S’agit-il seulement d’un problème de distribution ? d’horaires ? Ou bien le mal est-il plus profond ? Le public français a-t-il vraiment une réelle culture en matière d’animation ? Non, évidemment. Mais les acteurs de ce milieu essayent-ils de changer les mentalités ? Pourquoi Zarafa ou Kirikou rencontrent-ils du succès là où d’autres sont purement ignorés ? Est-ce seulement une question de médiatisation ? L’animation française souffre-t-elle d’une image « élitiste » ? L’animation japonaise est-elle encore et toujours victime de sa mauvaise réputation forgée de toute pièce par les médias dans les années 80 ?
    La tendance est lourde, et ce malgré le renouvellement de générations, celle des trentenaires devenus parents, plus ouverts à l’animation nippone, les résultats sont sans appel : l’animation japonaise et l’animation plus « artisanale » française sont encore loin d’attirer un public de masse. De plus, les prix ou nominations attribués à ces films n'ont pas l'effet "booster" que pourrait avoir par exemple un prix renaudot ou femina pour la littérature. Comme quoi, il s'agit bien encore d'un milieu fermé, mal connu du grand public.

    Peut-être aussi peut-on en partie conclure au vu de ces résultats que le cinéma d’animation se porte mieux l’été que l’hiver. Les trois plus gros cartons de l’année sont en effet sortis en juin et en août. Bien que l’exploitation des Mondes de Ralph et des Cinq Légendes ne soit pas terminée, l’écart est vraiment saisissant. Surtout pour Les Mondes de Ralph, qui n’a pas encore dépassé le million d’entrées au 25/12/2012 ! Quand on voit le carton que ça a été aux USA, il faut vraiment se demander quelles sont les raisons d’un tel camouflet (mauvaise publicité ? héros peu charismatique ? thème sur les jeux vidéos peu populaire en France ?).

    Disney/Pixar semble vraiment à la peine cette année. Rebelle tient son rang avec 3 070 740 entrées. Mais entre les Mondes de Ralph (880 142) et Frankenweenie (537 950), ces deux productions très ambitieuses se sont relativement ramassées compte tenu des espoirs qu’on pouvait placer en elles (Les Noces funèbres, du même Tim Burton, avaient convaincu 1 401 244 spectateurs en 2004 !). Finalement, c’est Clochette qui surprend en 2012. Premier film de la franchise à sortir au cinéma il fait un joli score (1 411 608) si l’on tient compte du public visé (les fillettes). La Colline aux coquelicots, distribué par Disney, fait le score honorable de 413 287 entrées. Ceci dit, c’est quand même assez loin du score d’Arrietty (739 989). Mais la Colline était peut-être bien moins grand public, ce n'est donc pas démérité.

    De son côté Paramount fait une très bonne année grâce à Dreamworks avec Madagascar 3 (3 343 533) et les Cinq Légendes (1 758 907). Sur les deux périodes de sorties stratégiques pour un film d’animation (l’été et noël), Paramount réussi à damer le pion à Disney ! Il y a de la révolution dans l’air !

    Universal est passé un peu à côté avec le Lorax (574 440) et L’étrange pouvoir de Norman (285 581). C’est dommage, il doit manquer le petit quelque chose qui ferait vraiment la différence. Au moins on nous propose ici deux œuvres vraiment originales, avec des budgets conséquents pour tenter de venir taquiner Dreamworks et Disney/Pixar sur leur pré carré.

    Fox de son côté n’a sorti que L’âge de glace 4, mais réalisé grâce à cette énième suite un des plus gros scores tout films confondus de ces 10 dernières années (6 588 883). C’est un poil moins que pour l’âge de glace 3 (7 803 757 en 2009), mais le public n’est pas encore lassé, loin s’en faut, alors la Fox ne va pas se priver d’exploiter encore un peu le filon. Surtout que cette franchise est une vraie poule aux œufs d’or, en tout cas pour son exploitation en France : le film n’avait un budget que de 59 000 000 de $ ! C’est trois fois moins que les cadors de Disney et Paramount ! (Madagascar 3 – 145 000 000 $ ; Rebelle – 210 000 000 $ ; Les Cinq Légendes – 145 000 000 $ ; Les Mondes de ralph – 165 000 000 $). La belle affaire !

    Et les autres ?
    Deux films français arrivent à se caler parmi ces géants américains. Zarafa, belle surprise de 2012 avec ses 1 422 112 entrées (distribué par Pathé, ça doit aider je suppose, mais pas que) et l’éternel Kirikou et les hommes et les femmes avec 1 057 675 entrées. Vu les budgets respectifs de ces productions (8 600 000 euros et 6 900 000 euros), c’est un très joli succès ! Ernest et Célestine suivra-t-il le même chemin ? On peut l’espérer en tout cas, il semble parti sur de bons rails (plus de 300000 entrées en seulement deux semaines d’exploitation).
    Derrière hélas c’est plus compliqué.
    Le magasin des suicides a eu un certain succès d’estime (297 318), mais après faut voir : Les Triplettes de Belleville ont eu une carrière chaotique aussi. Jean de la Lune souffre méchamment (71 000 entrées), avec un budget de 10 000 000 d’euros, ça va être très délicat. Mais peut-être pas autant que pour Cendrillon au far-west, production plutôt ambitieuse (12 500 000 euros et de grands acteurs venus faire les doubleurs) qui est totalement passée inaperçue : 22 031 spectateurs !

    Et les japonais ?
    Les enfants loups a fait 158 741 entrées. C’est peu mais en même temps, distribué par Eurozoom, disponible dans peu de salles en France, faut pas espérer de miracles tant que les géants du secteur ne sont pas décidés à prendre les choses en main. Ceci dit, quoi d’étonnant ? Distribués par Disney, les Ghibli dépassent rarement le million de spectateurs (seuls Chihiro et le château ambulant ont réalisé cet exploit). Du coup leur frilosité risque de perdurer encore un bon moment…
    Pour le Chien du Tibet on a péniblement atteint les 30 486 entrées. Mais sa distribution était assez confidentielle. Idem pour Tatsumi.

    En somme ce qui ressort de tout ça, c’est que malgré la diversité de l’offre, le grand public continue de plébisciter des œuvres familières : les suites, les franchises monopolisent les premières places.
    Le public amateur de japanime ne semble pas pouvoir peser grand-chose face à tout ça…