Personnalité de la semaine : Gô Nagai

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Depuis bientôt un demi-siècle, il contribue à l’internationalisant du manga et des dessins animés. Parmi ses créations, Goldorak est un ambassadeur de prestige particulièrement mis à l’honneur aujourd’hui.

Contre l’avis de sa mère qui l’élève seule avec ses quatre frères, Kiyoshi Nagai, adepte des œuvres de Gustave Doré et Osamu Tezuka, se dirige très tôt vers la carrière de mangaka. Sa décision devient irrévocable après un coup du sort : pris de violentes diarrhées durant trois semaines après le lycée, l’adolescent persuadé de vivre ses derniers instants souhaite laisser son nom dans la postérité en créant un manga. Même si on ne lui décèle au final qu’une colite, il se lance à corps perdu dans le métier et devient, grâce à son frère aîné assistant de Shôtarô Ishinomori en 1965. Le jeune homme de 20 ans partage la même passion pour la science-fiction que son mentor, qu’il abandonne en 1967 pour voler de ses propres ailes sous le nom de plume Gô Nagai.

nagai02Le Shônen Jump, hebdomadaire que Shueisha lance en 1968, devient le tremplin pour le trublion du manga, qui choque les associations parents-profs avec les salaceries lycéennes de Harenchi Gakuen. Les revenus lui permettent d’ouvrir son propre studio, Dynamic Productions, où, entouré de ses frères, il peut exprimer d’autres facettes de sa créativité. Ainsi, il publie deux titres fondateurs du manga simultanément, en 1972. Sombre et violente relecture de L’enfer de Dante illustré par Doré, Devilman est un pionnier dans le genre fantastique/horreur qui s’émancipera ensuite. Complété par Mao Dante puis Violence Jack, il inspirera notamment Kentarô Miura pour son Berserk, et reste contemporain comme le prouve son adaptation animée par Masaaki Yuasa pour Netflix.

L’autre titre lancé en 1972, Mazinger Z, renouvelle les robots géants apparus post-guerre dans les mangas : désormais pilotés de l’intérieur par des pilotes hurlant le nom de leurs attaques, ils enflamment les jeunes lecteurs japonais. Le titre engendrera toute une succession de suites, parmi lesquelles Grendizer / Goldorak. La popularité des deux licences explose avec leur passage à l’animation chez Tôei, et Nagai se retrouve vite à devoir superviser les adaptations de ses licences à succès, déclinées sous toutes les formes… ce qui n’empêche pas le mangaka de créer d’autres icônes (Enma-kun, Cutie Honey…) ! Il faut dire que ses créations, grâce à leurs adaptations animées, ont conquis le monde, à commencer par Goldorak devenu phénomène de société en France, comme le prouve ce mois d’octobre 2021 avec simultanément une exposition à la Maison de la Culture du Japon à Paris, une soirée au Grand Rex, l’émission de timbres et la sortie d’une bande dessinée !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon