Personnalité de la semaine : Monkey Punch

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Mondialement connu pour sa mythique série Lupin III, Monkey Punch, roi de l’action, du mystère et de la gaudriole, vient de nous quitter à 81 ans.

Dans le froid de l’extrême nord de Hokkaido, le petit Kazuhiko Katô travaille très tôt en compagnie de son père à la pêche ou à la cueillette d’algues. Malgré le conflit mondial qui explose alors qu’il a tout juste deux ans, il s’épanouit avec ses trois frères et sœurs devant les cartoons que son père leur projette le soir venu sur un projecteur de fortune. De là découlera son amour immodéré pour le dessin, qu’il exploite arrivé au collège : ses gags en quatre cases (yonkoma) se retrouvent en tête du courrier des lecteurs des magazines de manga apparus dans l’après-guerre. Mais le jeune homme est également fasciné par les images en mouvement : quand il descend à Tokyo, il s’inscrit dans une faculté d’électronique, avec pour objectif de travailler dans la télévision, nouveau média en plein boom en ce début des années 60.

Lecteur compulsif, il emprunte à Agatha Christie son art du mystère, à Alexandre Dumas son sens du suspense, aux pulps leur action débridée et à MAD Magazine son humour irrévérencieux pour créer, en 1967, Lupin III, dans les pages de Playboy School. Le picaresque (et officieux) petit-fils d’Arsène Lupin ne devait à la base sévir que pendant trois mois dans les pages du magazine de charme : son succès durera des décennies, et forcera son auteur à conserver à jamais le pseudonyme qu’il avait choisi pour l’occasion, le pensant temporaire, Monkey Punch. Pendant nippon de San Antonio, Lupin III devient rapidement un phénomène de société et s’inscrit au fil des années dans l’inconscient collectif, décliné tour à tour en séries d’animation, films animés et live, jeux vidéo, pachinko ou comédie musicale.

Au tournant des années 80, Monkey Punch privilégie les mangas courts pour se focaliser sur son autre centre d’intérêt, l’animation. Son approche semi-expérimentale, déjà présente sur son premier court métrage La hyène intrépide (1979), trouve son paroxysme dans Musashi Gundoh, unique production en 2006 du studio qu’il aura monté pour l’occasion, ACC Productions, qui tourne en dérision les techniques d’animation limitée. Avec l’arrivée du nouveau siècle, Monkey Punch oriente sa fin de carrière vers l’enseignement, entre cours dans de prestigieuses universités et conférences dans des musées et galeries. Son savoir-faire perdurera ainsi à son décès le 11 avril 2019, des suites d’une pneumonie.

 

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon