Il y a trente ans, la sortie du film Patlabor en salles obscures allait bouleverser l’industrie de l’animation au Japon : le mediamix était né.
Au milieu des années 80, cinq artistes perçant dans le milieu de l’animation se réunissent au sein du collectif Headgear : le scénariste Kazunori Itô, le mangaka Masami Yuuki, la chara designer Akemi Takada, le mecha designer Yutaka Izubuchi et le réalisateur Mamoru Oshii. Les cinq membres ont deux objectifs en tête avec cette coalition de talents : garder la main-mise sur les droits de leurs créations, et proposer un univers original alors qu’ils n’avaient jusqu’ici travaillé que sur des productions, certes prestigieuses, mais déjà tirées de licences célèbres (Creamy, Urusei Yatsura…). Leur premier projet sera Patlabor, projection futuriste (à l’époque) dans le Tokyo de 1999 où de gigantesques robots, les Labors, ont remplacé les machines de chantier. Afin d’éviter tout débordement face à cette technologie, la police a également été équipée de titans de métal pour faire régner la loi, les Patlabors.
En 1988, en parallèle du manga Patlabor et de son ambiance contre-espionnage, sort une série de sept OAV qui présente les membres de la brigade policière durant leur formation : le naïf Asuma Shinohara, la zélée et pétillante Noa Izumi, l’obsédé des armes à feu Isao Ohta ou encore le flegmatique capitaine Kiichi Goto… qui devient le véritable héros du long métrage, sorti le 15 juillet 1989 au Japon. C’est en enquêtant sur le terrain que le chef de la brigade permettra à ses subalternes de venir à bout du virus terroriste qui infecte les nouveaux modèles de Labors en service sur le Projet Babylone – soit la construction d’une gigantesque presqu’île artificielle en baie de Tokyo.
Polar d’anticipation ponctué de scènes d’action entre mecha, le long métrage de Mamoru Oshii exploite toutes les possibilités qu’offre l’univers Patlabor… et la richesse du résultat conquiert le public japonais. Le succès est tel que la série animée, qui débute trois mois plus tard, est prolongée à 47 épisodes contre 24 initialement ! Cette nouvelle déclinaison permettra de développer les relations entre les membres de la brigade, via un concours de beuverie ou un voyage à Sapporo… Il faudra attendre 1993 pour retrouver l’atmosphère crépusculaire du long métrage dans sa suite, Patlabor 2. Persuadé de faire ses adieux à la franchise, Oshii y revoit toutes ses ambitions à la hausse… sans imaginer qu’il y reviendrait vingt ans plus tard !
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