Personnalité de la semaine : Kaori Yuki

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La papesse du shojo gothique revient avec une nouvelle série ! À l’image des vampires qui hantent sa bibliographie, on se demande si Kaori Yuki dort, face à sa production depuis trente ans…

Passionnée depuis toujours par le dessin, Yuki Kaori se forme à la fois dans une école d’art et dans les cercles de dôjinshi. Préfigurant la vague gothique des nineties, elle se distingue par l’atmosphère romantico-horrifique de ses premiers titres. Un poil trop sombres selon son premier éditeur, Hakusensha, qui la brime… pour son bien : en respectant les contraintes éditoriales, Kaori Yuki apprend à construire un univers à moyen terme, celui du Comte Cain, héros récurrent de nouvelles publiées entre 1991 et 1994. Hakusensha décide alors de passer à l’étape suivante dans le processus habituel de progression des mangaka, une courte série prévue pour quatre mois. Au final, Angel Sanctuary durera… six ans !

Renvoyant aux mythes bibliques, jouant sur une ambivalence sexuelle héritée en droite ligne du groupe de l’An 24 (Moto Hagio, Ryoko Ikeda…), Angel Sanctuary résonne avec le désespoir d’adolescentes dont l’avenir s’assombrit avec la récession des années 90. Quand le manga se termine en 2001, tel un retour aux sources, Kaori Yuki retrouve Comte Cain et son rythme épisodique, qu’elle adopte pour sa série suivante, Ludwig Revolution. La reine du dark shôjo renoue également avec le dôjinshi… et prend le temps de vivre sa vie de femme, en accouchant notamment en 2004 et 2007 d’une fille et d’un fils.

Pour sa dernière œuvre chez Hakusensha, Kaori Yuki abandonne les oripeaux de la fantasy pour un yaoi mémorable, Boy’s Next Door, thriller psychologique flirtant avec l’horreur. Après 23 ans de loyaux services, la tête de gondole du magazine Hana to Yume rejoint en 2010 une autre maison d’édition, Kôdansha. Si sa première série, Devil’s Lost Souls, s’inscrit dans la lignée de ses œuvres précédentes, la mangaka piétine avec ironie les clichés qui lui collent à la peau dans Alice in Murderland, un survival où les membres d’une fratrie doivent s’entretuer. Aujourd’hui, la dessinatrice quinquagénaire s’est fixé un nouveau défi : créer un titre 100% numérique pour sa nouvelle série, qui débute le 17 octobre ! Une nouvelle génération va pouvoir frissonner à sa lecture…

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon