Après avoir conquis le Japon, il y a vingt-cinq ans, le manga de basket signé Hiroyuki Asada a fini par remporter l’adhésion des Français… en deux temps !
C’est décidé : en quittant le collège, Akane Tachibana arrêtera le basket-ball, qu’il considérait plus comme un passe-temps que comme une véritable passion. Mais son ultime tournoi ne se passe pas comme prévu. Parmi l’équipe adverse, Hitonari Hiiragi souhaite lui aussi abandonner le basket, noyé dans l’ombre de son frère aîné, joueur universitaire de talent. La tension est telle que leur match s’achève en baston générale ! À leur grande surprise, les deux adolescents se retrouvent dans le même lycée, Kôzu, dont le club de basket est à l’abandon. Pourtant, de nombreux élèves s’avèrent être des joueurs de talent ayant, eux aussi, délaissé ce sport pour des raisons diverses. Rapidement, ces prodiges hétéroclites se réunissent dans une équipe décidée à fracasser sans ménagement la hiérarchie nationale bien installée dans la discipline…
Difficile de ne pas faire un parallèle entre l’intrigue d’I’ll et la genèse de ce manga ! Comment ne pas voir en Hitonari Hiiragi, décidé à épater son grand frère et son père, le reflet du mangaka Hiroyuki Asada, qui s’aventure sur un terrain alors dominé par Slam Dunk. Mais c’est bien parce que le succès phénoménal signé Takehiko Inoue vit ses derniers chapitres que Shueisha a initié une série sur le même thème dans les pages de la version mensuelle du Shônen Jump à la fin de 1995. Afin d’éviter toute comparaison, Asada choisit donc un angle radicalement opposé avec des ados… qui veulent abandonner le basket ! Développant une galerie de personnages secondaires hauts en couleurs, I’ll ne se consacre pas à l’esprit sportif, mais au match contre cette chienne de vie qu’ont entamé ses héros. Le tout saupoudré par un graphisme raffiné en phase avec la mode de la fin du siècle et par une dose d’humour qui fait que le lecteur verse tour à tour des larmes de rire ou d’émotion – ce n’est pas pour rien que le titre en VO du manga est I’ll – Crazy Kôzu Basketball Club !
Il ne sera pas conservé pour sa première édition en français, Glénat préférant l’intituler I’ll Génération Basket. Hélas, le public lui réserve un accueil tiède, pour ne pas dire froid et la série s’interrompt au bout de 8 tomes, alors qu’elle en fait 14 en tout au Japon étalés entre le 4 juin 1996 (il y a 25 ans) et le 4 août 2004. Heureusement, Tonkam décide de lui redonner sa chance et réédite le manga en intégralité sous le titre I’ll. Néanmoins, malgré sa qualité intrinsèque, il manquera au manga une série animée pour totalement s’imposer auprès du lectorat français. Certes, deux OAV réalisées par Itsuro Kawasaki (qui a dirigé quelques épisodes de Noir) seront produites au studio MSC et distribuées en France par Dybex, mais elles résument à peine l’esprit frondeur de l’œuvre de Hiroyuki Asada. Cependant, son nom sera désormais familier en France, et lui permettra d’enfin obtenir le succès avec Letter Bee. Un quart de siècle après son coup d’envoi, on espère toujours une version animée digne de ce nom pour raviver un titre qui a très bien vieilli auprès d’une nouvelle génération !
Vous devez vous connecter pour laisser un commentaire.