[Chronique] Les Voisins de mes voisins sont mes voisins

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Réalisé par Anne-Laure Daffis et Léo Marchand, le film Les Voisins de mes voisins sont mes voisins sorti au cinéma le 2 février est le premier long-métrage d’animation du duo. Ce film d’animation d’auteurs emporte les spectateurs de tous âges loin de leurs habitudes.

Au sein d’un immeuble des plus banals, les destins de plusieurs personnages s’entrecroisent au fil des jours. Un alpiniste et son chien sont coincés dans l’ascenseur, un ogre prépare la fête annuelle de la Saint-Festin mais se casse les dents, un homme âgé découvre une paire de gambettes sans corps et un magicien multiplie les bourdes. L’enchaînement de situations loin d’être banales plonge les spectateurs dans l’inattendu et parfois le bizarre. En l’espace de quelques jours, la vie de chacun bascule dans une sorte d’indifférence générale. Les situations se succèdent avec fluidité, alternant d’un personnage à l’autre sous forme de pastilles humoristiques ou caustiques qui parleront principalement aux plus grands.

Un film décalé bourré de références

Mais c’est sur la forme que le film se distingue. Usant de techniques mixtes : dessin en 2D, prises de vues réelles, animation 3D et même écran d’épingles datant des années 1930, les images d’archives foisonnent, mais dans une chronologie revisitée déroutante. En outre, le film est composé comme un mille-feuille avec des références parfois anciennes à de nombreux réalisateurs et des autocitations des précédentes productions du duo de réalisateurs. Chaque personnage évolue dans un univers propre qui parvient à définir à la fois sa personnalité et son époque, notamment grâce aux décors.

Mais si la farce décalée à la manière d’un Jacques Tati est mise en avant, il reste toujours un fond de mélancolie et de critique caustique de la société de consommation et des rapports humains, comme dans les grands films populaires de Fellini. Loin de vouloir à tout prix flatter la rétine, les réalisateurs ont parfois opté pour des environnements « moches » afin de rehausser la fantaisie de leurs protagonistes et de renforcer leur décalage avec la société « contemporaine », mais aussi d’aller jusqu’au bout de leur sujet, sans se préoccuper des réactions des autres.

De nombreux acteurs connus ont donné de la voix et une personnalité aux personnages : Didier Gustin (Monsieur Demy), Olivier Saladin (le chien Picasso), François Morel (l’ogre), Arielle Dombasle (Isabelle) ou encore Valérie Mairesse (Amabilé). Les Voisins de mes voisins sont mes voisins est donc un film chorale mais il parle différemment selon la génération de son spectateur. Si les enfants d’au moins 10 ans s’attachent au merveilleux du chien qui parle (mon personnage préféré), de l’ogre ou du magicien, les adultes peuvent percevoir le second degré, la mélancolie et le sarcasme sans forcement adhérer totalement à l’humour parfois noir voire à la limite du bon goût actuel. Ce film a le mérite de bousculer les spectateurs et de les faire s’interroger tout en explorant les différents aspects de l’animation.

Sandra BERNARD

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A propos de l'auteur

Bruno

Défendre les couleurs d'AnimeLand était un rêve. Il ne me reste plus qu'à rencontrer Hiroaki Samura et je pourrai partir tranquille.