Icône des magical girls auprès des spectateurs français, Gigi souffle aujourd’hui ses quarante bougies… malgré son apparence d’éternelle petite fille.
Le monde de Fenarinarsa va mal ! Dans le pays céleste des rêves vivent en effet les personnages de contes, mais il est menacé de disparition puisque les humains perdent peu à peu leur capacité à imaginer et à espérer. Le jovial petit roi de Fenarinarsa et son élégante épouse envoient alors sur Terre leur fille Gigi pour qu’elle aide ses habitants à rêver de nouveau. Pour réaliser sa quête, Gigi reçoit un pendentif qui lui permet de se transformer en jeune femme d’une vingtaine d’années aux aptitudes spécifiques à la situation (policière, hôtesse de l’air, infirmière, pilote de F1…). À chaque mission accomplie, la couronne magique de Fenarinarsa scintille : si elle le fait quatre fois, apparaît alors une pierre précieuse. Quand Gigi aura restitué les douze joyaux de la couronne, le royaume de Fenarinarsa rejoindra la Terre… En attendant, notre héroïne vit incognito auprès de ses parents adoptifs (un couple de vétérinaires), accompagnée des trois animaux qui partagent son secret : le chien Sinbook, le singe Chacha et le canari Pilpil.
Jusqu’ici apanage de Toei Animation, le genre magical girl était apparu dans les années 60 pour peu à peu tomber en désuétude. Suite à une première vague féministe dans les années 70, portée notamment par La Rose de Versailles, les femmes ont commencé à prendre une part plus importante dans la société nippone. Par conséquent, quand le studio Pierrot décide de faire revivre le genre, c’est pour mieux l’adapter au Japon des années 80. Si, autrefois, les héroïnes de Sally la petite sorcière ou Caroline faisaient appel à des pouvoirs magiques pour se sortir de mauvais pas, Gigi se transforme en femme adulte et ne peut compter que sur ses compétences professionnelles ! Grâce à Ashi Productions, Gigi marquera donc durablement l’industrie de l’animation en remettant au goût du jour les magical girls (le studio Pierrot produira dans la foulée Creamy, merveilleuse Creamy, Emi Magique et Vanessa et la magie des rêves bleus), mais aussi en imposant toute une esthétique lors de sa séance de transformation, qui sera reprise par des héritières indirectes comme Sailor Moon ou Card Captor Sakura.
Lancée le 18 mars 1982 sur TV Tokyo sous le titre original Minky Momo, Gigi fédère ainsi tout un public de petites filles… mais aussi d’hommes plus âgés, le lolicon étant en plein boom à cette même époque. Tous seront à jamais marqués par un twist inimaginable aux trois quarts de la série (épisodes 45 et 46) : après avoir perdu ses pouvoirs, Gigi est percutée par un camion mais ressuscite en tant que petite fille humaine au sein de sa famille autrefois d’adoption. Les ultimes épisodes (jusqu’à 63) ne seront plus que des rêves de ce bébé – une métaphore de la rencontre entre Terre et Fenarinarsa. Une seconde série de 62 épisodes verra le jour presque une décennie plus tard, en 1991, avec quelques variations : Gigi vient du monde sous-marin de Marinarsa, son serre-tête arbore un cœur et non plus une étoile, et ses animaux de compagnie changent. Elle croisera d’ailleurs à plusieurs reprises l’héroïne réincarnée de la première saison dans cette série inédite en France. Première série dirigée par Kunihiko Yuyama (qui s’occupera ensuite de Pokémon), Gigi parvient chez nous en 1984 sur TF1, et connaîtra de multiples rediffusions (TF1, La 5, TMC, Mangas, France 5…), la dernière remontant à 2014 sur France 4. Autrefois éditée en DVD par Kazé, la série est désormais introuvable… à moins qu’un éditeur ne lui rende hommage, pour ce quarantième anniversaire ?
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