Les plus jeunes de nos lecteurs auront découvert le titre mythique de Kazuhiro Fujita avec la série produite par MAPPA en 2015. Les plus anciens, eux, se souviennent avec émotion des OAV trentenaires, pionnières sur notre marché…
Quand on est le fils du prêtre d’un temple et d’une shaman, il faut s’apprêter à entendre de nombreuses légendes. Comme, par exemple, celle d’un ancêtre qui aurait, un demi-millénaire plus tôt, empalé un monstre démoniaque avec la Lance du Fauve. Ushio Aotsuki refuse de croire à l’histoire que lui raconte son père… jusqu’au jour où il découvre dans leur cave l’immense créature ! Mais les ondes négatives qu’émet cette dernière finissent par attirer des créatures qui se mettent à attaquer les humains. Afin de les affronter, Ushio récupère la Lance du Fauve, qui lui donne des aptitudes surhumaines (force, rapidité, endurance…), mais doit libérer le démon Tora. Bien que ce dernier rêve de boulotter l’adolescent, il s’en retient, terrifié par la Lance… et défoule sa colère sur les entités menaçantes. Au fil de leurs combats, une étrange relation oscillant entre amitié et haine unit Ushio, qui découvre les mythes ancestraux et Tora, fasciné par le monde contemporain.
Quand Kazuhiro Fujita entame en janvier 1990 Ushio & Tora dans les pages du Shônen Sunday, l’adhésion du lectorat est immédiate. La série s’émancipe en effet des clichés habituels du shônen, ne serait-ce qu’à travers le lien ambigu entre l’adolescent optimiste et le monstre cynique et revanchard après des années d’enfermement. Porté par l’action et le fantastique, le manga se teinte aussi d’humour, d’angoisse et de romance (Ushio traîne souvent avec son crush Ayako et son amie Mayuko). On comprend donc pourquoi Ushio & Tora s’impose comme un des titres majeurs des années 1990, avec 33 tomes au compteur écoulés à plus de trente millions d’exemplaires. Néanmoins, de par son originalité scénaristique, et en raison du dessin de Kazuhiro Fujita, une transposition en série animée semble difficilement envisageable. C’est pourquoi le studio Pastel décide de se tourner vers le format vidéo pour adapter Ushio & Tora.
Conscients du capital de la licence, les producteurs font appel à des talents confirmés ou en devenir pour réaliser les dix OAV qui seront distribuées à un rythme quasi mensuel entre le 11 septembre 1992 et le 1er août 1993. On retrouve ainsi à la réalisation Kunihiko Yuyama (Gigi, Sous le signe des mousquetaires, Windaria…) qui engage, au chara-design, Norihiro Matsubara qu’il venait de diriger l’année précédente sur les OAV de Slow Step – il se fera ensuite remarquer sur la série TV de Berserk mais surtout sur le chara-design des films Pokémon ! On remarque également sur les six premiers épisodes la présence du compositeur Shirô Sagisu (Kimagure Orange Road, Nadia, le secret de l’eau bleue), remplacé sur la fin par Kei Wakakusa (Tekken Chimi, Ulysse 31). À la fin des années 1990, c’est grâce à Tonkam Vidéo que les Français ont découvert ces OAV sur VHS, sans rien connaître du manga original qui n’a jamais été traduit. Deux décennies plus tard, grâce aux efforts du studio MAPPA, Ushio & Tora connaît enfin une adaptation en série TV de 39 épisodes dirigée par Satoshi Nishimura (Trigun), devenu depuis spécialiste ès Fujita en réalisant en 2018 Karakuri Circus. Ces deux adaptations permettent ainsi à deux générations de partager leur même amour pour un titre vraiment pas comme les autres.
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