Personnalité de la semaine : Yûji Nunokawa

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L’année 2022 s’est terminée avec une triste nouvelle, la disparition de Yûji Nunokawa. AnimeLand revient sur le parcours du fondateur du studio Pierrot.

Enfant de l’après-guerre, Yûji Nunokawa naît en 1947 au nord du Japon, dans la ville de Sakata. Fils de tailleur, il montre dès son plus jeune âge un talent certain pour le dessin. À tel point qu’au lycée, alors qu’il est au club d’art, on lui recommande de travailler dans la publicité ou le design. Il déménage donc à Tokyo où, grâce à des petits boulots, il finance ses cours du soir à l’université de design dont il sort diplômé en 1967. Bien qu’on lui propose un emploi dans une société de design, Nunokawa se lance dans un domaine en pleine ébullition à cette époque, l’animation. Au studio Hoei, sous-traitant du studio Eiken, il débute en tant que coloriste, puis travaille comme animateur sur Uchû Shônen Soran et animateur-clef sur Robotan, deux séries TV encore en noir et blanc. Il participe également à des projets événementiels comme l’Arbre de vie conçu par Tsuburaya Productions pour l’Exposition universelle d’Osaka en 1970.

Il se lance alors en freelance, et travaille pour des studios comme Studio Jack ou Mushi Productions. Quand ce dernier fait faillite, Nunokawa fait partie des anciens employés qui fondent Sunrise. C’est là qu’il fait ses débuts de réalisateurs sur quelques épisodes de Kabatotto. Mais, repéré par le directeur de Tatsunoko, Hiroshi Sagasawa, il intègre ce studio en 1971 où on le retrouve sur des projets comme Time Bokan, la saison 2 de Gatchaman ou encore Casshern dont il réalise la plupart des épisodes, notamment les conclusifs. Il y forme également une nouvelle génération de jeunes talents, comme un certain Mamoru Oshii. Cependant, Nunokawa n’hésite pas à aller voir ailleurs et collaborer avec d’autres studios sous le pseudonyme Yû Sakata afin de mettre du beurre dans les épinards. Il faudra en effet attendre 1977 pour qu’il signe enfin un contrat en tant qu’employé en 1977. Mais, cette même année, une tragédie frappe Tatsunoko avec le décès de son président, Tatsuo Yoshida, victime à 45 ans d’un cancer du foie.

Quand se présente l’opportunité de réaliser l’adaptation de Nils Holgersson au pays des oies sauvages, Nunokawa décide de fonder un nouveau studio. Son nom, il le puise dans le spectacle de cirque qui l’avait marqué enfant : Pierrot, comme un clown. Il fait venir dans sa nouvelle structure de nombreux personnels de Tatsunoko, parmi lesquels Mamoru Oshii qui réalisera Nils Holgersson… en 1979, mais aussi Urusei Yatsura deux ans plus tard, en coproduction avec Kitty Films. Durant les années 80, Pierrot impose sa patte avec des productions pédagogiques (Nils Holgersson, Les Mystérieuses Cités d’Or…) et des titres mixtes comme les séries de magical girls (Creamy, Emi magique…) ou Kimagure Orange Road. Suite au succès de cette dernière, en 1987, le Shônen Jump propose d’autres titres à adapter, tel Yu Yu Hakusho qui finit d’asseoir la stabilité de Pierrot en 1992. Cette même année, il fonde l’AJA, Association of Japanese Animations, qui coalise une cinquantaine de studios pour lutter ensemble contre des problèmes communs, qu’il s’agisse de piratage ou du manque de nouveaux animateurs. En 2012, dix ans après le début de l’adaptation de Naruto, Nunokawa quitte la présidence de Pierrot tout en restant membre du bureau de direction… et fonde NUNOANI Junku, un centre de formation pour jeunes producteurs et réalisateurs d’animation. Ce dénicheur de nouveaux talents et passeur de savoirs s’est éteint le 25 décembre 2022 à 75 ans. L’animation d’aujourd’hui lui doit beaucoup… et celle de demain aussi, à n’en pas douter.

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon