Personnalité de la semaine : Baku Yumemakura

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Son nom ne vous dit peut-être rien, mais il est derrière certains des plus grands succès du manga ou de l’animation. Retour sur le parcours d’un auteur éclectique bientôt adapté sur Netflix.

Dès l’âge de 10 ans, le petit Mineo Yoneyama savait qu’il serait romancier. Au milieu des années 60, le lycéen participe activement à plusieurs cercles de fanzinat, multipliant les noms de plume avant de jeter son dévolu sur Baku Yumemakura : dans la mythologie bouddhique, le baku est une créature se repaissant des rêves des humains, et correspond à son envie d’écrire des histoires oniriques. Hélas, malgré des études littéraires réussies, le jeune homme ne perce pas et doit partir travailler dans un refuge en montagne pour gagner sa vie. La bascule intervient en 1977 (il a alors 26 ans) avec la parution de Kaeru no shi dans un fanzine. Cette « typografiction » suscite l’intérêt de la profession, et est publiée dans le magazine de science-fiction Kisou Tengai. Kamemura embraye avec la nouvelle Kyojin Den, puis une histoire courte directement vendue en librairie sans passer par la prépublication, Genjû Henge en 1981, et, deux ans plus tard, son premier roman, Genjū Shōnen Kimaira.

Débute alors une carrière prolifique et protéiforme. Baku Yumemakura ne se limite pas qu’au roman, comme il le prouve en 1984 en signant le scénario d’Amon Saga, pour Yoshitaka Amano, qui avait illustré son premier roman. Se décrivant comme un écrivain de l’érotisme, de la violence et de l’occulte, l’auteur offre également des récits si forts qu’ils franchissent aisément le cap de l’adaptation en dessin. Le meilleur exemple reste sans conteste Garôden, qui passera tout d’abord sous les pinceaux de Jirô Taniguchi en 1989 (un volume disponible aux éditions Sakka), avant de devenir une série au long cours en 26 tomes dessinée par l’auteur de Baki, Keisuke Itagaki. Suite à cette première collaboration, Yumemakura travaillera à nouveau avec Taniguchi non plus pour adapter un roman, mais pour créer le scénario d’un manga, Le sommet des dieux (disponible aux éditions Kana), en souvenir de ses propres expéditions passées dans l’Himalaya.

Éminent représentant de la science-fiction au Japon (il préside le club des écrivains de ce genre en 1994 et 1995), il se tourne également vers le passé et l’ésotérisme du Japon. Depuis 1986, il explore la cosmologie nippone avec sa série de romans et de nouvelles Onmyôji, qui met en vedette Abe no Senmei, personnage historique ayant atteint le statut de légende. La popularité de la saga n’a jamais cessé en bientôt trente ans d’existence ! On dénombre ainsi pas moins de trois adaptations en manga, la première ayant été dessinée par la bru d’Osamu Tezuka, Reiko Okano entre 1993 et 2005 : elle avait été proposée en France par les éditions Tonkam mais connu un flop commercial. La mangaka avait repris ses pinceaux entre 2010 et 2017 pour une suite, alors qu’une autre adaptation paraissait en parallèle, dessinée par par Munku Mitsuki. Outre les deux films live japonais (2001 et 2003), un long métrage chinois adapte à son tour en 2020  les romans, The Yin-Yang master : Dream of eternity, disponible sur Netflix. La plate-forme vient d’ailleurs de produire une adaptation animée réalisée par Soubi Yamamoto, qui sera diffusée à partir du 28 novembre, et dont la bande-annonce vient d’être mise en ligne ! Et si c’était l’occasion pour la France de rattraper ses manquements avec l’un des auteurs les plus prolifiques du Japon ?

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon