#TBT : Saru Lock

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Pour Noël, peut-être offrirez-vous le jeu « Limite Limite » ? À moins que vous ne préfériez un manga dans ce registre ? Cela fait désormais vingt ans que Saru Lock triomphe avec son contenu limite limite…

Jeune serrurier, Yotaro Sarumaru travaille dans la boutique paternelle. Ses amis et ses conquêtes féminines le surnomment Saru… c’est-à-dire uniquement ses amis. Le jeune homme reste encore dramatiquement puceau, ce qui n’arrange pas sa libido particulièrement élevée. Grâce à son talent hors du commun pour faire sauter la moindre serrure, et son âme de justicier hors pair, notre jeune homme est donc toujours prêt à aider les jeunes femmes en détresse… en espérant une rétribution en nature. Sous ses airs d’obsédé lubrique, Saru dissimule mal un cœur grand comme ça, notamment pour Ritsuko, qui se retrouve sous la coupe des Heaven’s Crows, l’un des gangs de loubards les plus redoutés de la capitale. Pour cela, il n’aura pas assez de l’aide de son ami Yamamoto… quand il n’est pas rendu dans la boutique des parents de ce dernier, un vidéo-club qui regorge de cassettes pornographiques !

Difficile d’adhérer à Saru Lock en lisant ses premiers chapitres à l’ère post MeToo. L’image des femmes est en effet dégradée au point qu’elles ne semblent être que des bouts de chair bons à alimenter les fantasmes de jeunes pervers – le héros se masturbant devant une scène de viol provoquera d’ailleurs une petite polémique parmi les lecteurs français. Rapidement pourtant, Naoki Serizawa adoucit le ton de sa série (de sa propre volonté ou celle de son éditeur ? Mystère…) pour se rapprocher de l’humour potache de GTO. D’ailleurs, c’est quelques mois après la conclusion de GTO, énorme succès pour Kôdansha, que débute Saru Lock chez le même éditeur… mais dans un magazine seinen, ce qui explique son aspect bien plus frontal. En marchant dans les pas de son glorieux aîné, Naoki Serizawa se rattrape donc pour proposer une œuvre qui n’hésite pas à critiquer le comportement d’une jeunesse tokyoïte livrée à elle-même. Et pas uniquement les voyous de Heaven Crows : les jeunes désabusés traînant dans les rues de Shibuya en prennent pour leur grade.

En Occident, beaucoup ont donc tiqué sur les premiers tomes de Saru Lock, qu’il s’agisse de son atmosphère machiste ou de ses descriptions un peu trop poussées de crochetage. Au Japon, en revanche, l’adhésion du public a été instantanée, dès la sortie du premier volume relié le 25 décembre 2003. Le manga cumule ainsi 22 tomes entre 2003 et 2009, année où il se retrouve adapté en drama de 13 épisodes, diffusé le jeudi soir sur Yomiuri TV. L’audience est telle qu’il donnera naissance à un long métrage en 2010, une première pour les séries de ce créneau ! On aurait pu penser que le titre serait resté un témoignage de la première décennie nippone… jusqu’à ce qu’un éditeur concurrent, Shônen Gahôsha, ne le relance en 2018 ! Le retour de Saru Lock Reboot est alors plébiscité, au point que Naoki Serizawa se lance dans un spin-off deux ans plus tard, Heaven’s Crow Fûun Risshi. De là à penser que la société masculine japonaise n’a pas évolué en vingt ans, il n’y a qu’un pas… que nous vous laissons franchir ou non dans les commentaires !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon