#TBT : Young GTO / Shônan Jun’ai Gumi

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Fêter le trentenaire de l’adaptation animée de la série qui a propulsée Tohru Fujisawa est l’occasion rêvée de rappeler combien le public français perçoit différemment la pop-culture nippone.

À ma gauche, Eiichi Onizuka, grande gueule au cœur d’or. À ma droite, Ryuji Danma, castagneur sensible. Ensemble, les deux amis forment l’Onibaku Combo, un duo redouté dans leur lycée de Shonan, y compris par les élèves plus âgés. Pourtant, les rois de la baston finissent par regretter leur image de durs à cuire… qui fait fuir les jeunes filles en fleur ! Avec l’été, les deux lascars partent loin de leur fief, dans une île reculée où ils trouvent un petit job de vacances. Sur place, nos énergumènes bien décidés à perdre enfin leur pucelage se font passer pour des étudiants en médecine auprès de ravissantes jeunes femmes avec qui ils sont sur le point de conclure, Ayumi et Mariko. Mais chassez le naturel, il revient au galop ! Quand des voyous locaux leur collent aux basques, nos terreurs dévoilent leur vraie nature. Un malheur n’arrivant jamais seul, quand l’Onibaku Combo rentre au bahut, c’est pour découvrir qu’Ayumi et Mariko y enseignent

Au début des années 90, le Shonen Magazine s’est fait une spécialité du manga de loubard. Mais, jusqu’ici, chaque série se concentrait sur un seul aspect : de la castagne et des guerres de territoire extrêmement sérieuses ; de l’humour tournant ces grandes gueules en ridicule ; de l’action débridée où l’on pardonnait la marginalité des héros prompts à aider leur prochain… Avec Shônan Jun’ai Gumi, Tohru Fujisawa fusionne ces atmosphères et réunit tous les lectorats, et va jusqu’à détourner les genres en insufflant sérieusement de la comédie romantique à ces coups de sang, de poing et de cœur. Publiés entre 1990 et 1996, les 31 volumes de Shônan Jun’ai Gumi se vendront à 45 millions d’exemplaires, et imposeront les figures de Ryuji Danma et, surtout, d’Eikichi Onizuka. Tohru Fujisawa reprendra en effet ce personnage dans GTO, qui remportera un succès planétaire au début des années 2000, porté notamment par son adaptation en série animée.

C’est d’ailleurs via ce titre que beaucoup de Français ont découvert l’existence d’Onizuka, dans une démarche entamée à rebours : d’abord l’anime, puis le manga GTO (disponible chez Pika Éditions) et enfin le manga d’origine, Shônan Jun’ai Gumi, publié a posteriori en France par Pika sous le titre… Young GTO ! Il ne s’agit pourtant en rien d’un prequel, mais bel et bien des premiers pas de cette figure iconique du manga. L’absence de série TV est probablement l’atout qui avait manqué au premier titre d’une saga toujours en cours : Shônan Jun’ai Gumi n’a en effet bénéficié à l’époque que d’une adaptation en OAV, entamée le 21 janvier 1994 et terminée trois ans plus tard… pour seulement cinq épisodes ! Le mal sera à moitié rattrapé en 2020 avec un drama en huit épisodes disponible sur Amazon. Aujourd’hui encore, d’ailleurs, en Occident et notamment en France, seul Onizuka est connu du public, alors qu’au Japon, Danma est indissociable ! Preuve que les marchés, les publics et les histoires éditoriales n’ont souvent pas grand-chose en commun, finalement…

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon