Jouant avec la peur de l’an 2000 et les codes du shôjo, Kamikaze kaitô Jeanne a su, en toute discrétion, se créer une solide fanbase il y a ving-cinq ans.
Le pouvoir de Dieu est bloqué dans la beauté de certains cœurs humains. S’il ne la récupère pas d’ici l’an 2000, l’être divin disparaîtra. Une aubaine pour le Diable, qui envoie ses propres agents afin de collecter le pouvoir à la place de son adversaire de toujours, en les camouflant dans des œuvres d’art. L’ange Finn Fish fournit alors une mission sacrée à Maron Kusakabe, gymnaste de 16 ans… et un pouvoir hors du commun pour l’accomplir. En se réincarnant en Jeanne d’Arc, notre héroïne peut affronter les sbires démoniaques et récupérer l’énergie divine, incarnée en pièces de jeu d’échecs. Mais quand elle scelle un démon, l’œuvre d’art le contenant s’efface ! Ces disparitions la font passer pour une cambrioleuse aux yeux de la police, notamment l’inspecteur Nagoya, père de Miyako, meilleure amie de Maron !
Depuis l’âge de cinq ans, Arina Tanemura dessinait du shôjo. Dès ses débuts professionnels en 1996, à 18 ans, son amour du genre lui permet de conquérir les lectrices : alors que sa première histoire courte est publiée dans un magazine dérivé du Ribon (le bimestriel Ribon Original), elle reçoit plus de 500 lettres enthousiastes ! Cela suffit pour qu’elle se fasse la main sur une série courte (6 chapitres, soit un volume relié) dans la revue mère en 1997, avant de passer aux choses sérieuses. Et quand on dit « sérieuses », on ne plaisante pas : les 7 volumes de Kamikaze kaitô Jeanne, publiés entre 1998 et 2000, se vendront à 5,5 millions d’exemplaires ! Le manga, disponible en France aux éditions Glénat, évoque Sailor Moon pour les transformations de son héroïne, et Card Captor Sakura avec des pièces d’échec au lieu de lames de tarot. Loin de plagier ses deux succès, Kamikaze kaitô Jeanne développe son propre univers, notamment à travers le passé des anges, et en particulier de Finn Fish.
Cet aspect sera hélas absent de l’adaptation en série animée, produite par Toei Animation. Diffusés à partir du 13 février 1999 sur TV Asahi, ses 44 épisodes réalisés par Atsutoshi Umezawa (Gokinjo) respectent néanmoins l’esprit du manga, renvoyant à une image idéalisée de la France. Outre les clins d’œil comme l’appartement de Maron et Miyako (l’Orléans), notre héroïne aime narguer la police en leur lâchant un « Adieu ! » en français dans le texte, tandis qu’à chaque eyecatch, une voix enfantine proclame « Jeanne de la cambriole » avec un délicieux accent. Inédite dans notre pays, la série a remporté un joli succès en Allemagne sur RTL 2… au point de convertir certaines spectatrices françaises ayant découvert l’anime dans la langue de Goethe via le câble/satellite à l’époque ! Vingt-cinq ans plus tard, force est de constater que l’anime accuse son âge, alors que le manga reste toujours aussi efficace. Et si c’était l’occasion d’un remake pour faire un hold-up sur une nouvelle génération d’animefans ?
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