Double peine pour les Japonais ! Outre Akira Toriyama, une seconde légende la pop-culture vient de disparaître, la voix iconique de Chibi Maruko-chan, rôle qu’elle incarnait depuis plus de trente ans.
Quand on se penche sur l’enfance de Tarako Isono, on comprend pourquoi elle correspondait au personnage de Momoko Sakura, Maruko. Tout comme l’héroïne de fiction, la fillette hyper dynamique multipliait les activités extra-scolaires. La musique tout d’abord : après avoir pris des leçons de flûte à bec vers huit ans, elle se tourne vers le piano à l’âge de dix ans, juste après que sa famille a déménagé de Tokyo vers la préfecture de Gunma, plus au nord. Au lycée, l’adolescente se tournera vers la guitare, instrument avec lequel elle composera ses premiers morceaux. Autre passion, le sport ! Après avoir exploré les sports de raquette (ping-pong, tennis, badminton) et le volley-ball à l’école primaire, Tarako s’inscrit au club de basket-ball au lycée. Mais les entraînements la font rentrer trop tard selon sa mère, qui lui demande d’arrêter cette activité sportive – ce qui la pousse à reprendre la musique et la guitare, donc.
Dernière passion pour Tarako : les dessins animés. Née en décembre 1960, elle connaît durant son enfance l’expansion incroyable de l’animation à la télévision japonaise. Parmi ses séries fétiches, Lupin III, qui la pousse à créer un club autour des anime au lycée. Inscrite durant ses premières années à Tokyo dans une troupe de théâtre pour enfants, Tarako reprend une activité de comédienne en retournant à la capitale, après avoir abandonné ses études. Hélas, elle peine à percer dans le doublage, et doit cumuler les petits jobs pour gagner sa vie. Tout comme une de ses connaissances, qui travaille dans un bar, où elle peut se produire accompagnée de sa guitare. C’est là qu’elle est repérée par le président de Troubadour Music Office, qui lui met le pied à l’étrier. Il lui présente notamment Shihegaru Shiba, directeur du son sur Urusei Yatsura, qui l’invite à tenter le casting pour le rôle de Lamu. Recalée, elle reviendra pourtant régulièrement jouer des petits rôles tant sa voix plaît à l’équipe.
De là, sa carrière décolle peu à peu avec un rôle plus régulier (celui de Chill) dans Combat Mecha Xabungle en 1982, et un premier album solo en 1983. Mais tout bascule réellement en 1990, quand elle est sélectionnée pour prêter sa voix à l’héroïne de Chibi Maruko-chan. Dès la diffusion de la première série (142 épisodes), son nom de scène, le plus souvent écrit en majuscules, TARAKO, est sur les lèvres de tous les Japonais. Élément crucial du succès de l’anime, une grande partie du casting vocal rempile pour la seconde série, entamée le 8 janvier 1995… et toujours en cours actuellement ! Monopolisée par ce phénomène de société dépassant les 1500 épisodes, Tarako devient une vedette incontournable connue sur plusieurs générations. Reconnaissante, elle continue d’enregistrer pour Chibi Maruko-chan malgré la maladie foudroyante qui la frappe subitement au début de l’année 2024. En février, une photo circule où on la voit au micro dans un fauteuil roulant, et elle s’annonce prête à enregistrer depuis l’hôpital. Elle n’en aura pas l’occasion. Son décès, survenu le 4 mars, est annoncé le 9 mars à un pays déjà ravagé par le décès d’Akira Toriyama. Le lendemain, une compilation spéciale est diffusée, et le 24 mars marquera la diffusion de l’ultime épisode sur lequel elle aura travaillé. On ignore encore qui la remplacera dans ce rôle, mais la pression sera immense pour sa remplaçante, qui devra suivre les pas d’une icône pop-culturelle.
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