Personnalité de la semaine : Oh ! Great

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Année fêtant ses trente ans de carrière, 2023 marquait également la fin de Bakemonogatari pour Oh ! Great, qui s’apprête à revenir sur le devant de la scène avec un nouveau manga !

Rares sont ceux qui remercient le démon du jeu d’avoir chamboulé leur vie. C’est pourtant le cas d’Ito Ôgure ! Né le 22 février 1972 dans la ville de Hyuga (préfecture de Miyazaki), l’adolescent trompe son ennui grâce aux mangas. Outre le Shônen Jump, alors en pleine ascension, il se tourne également vers les bandes dessinées érotiques, où il apprécie le trait d’auteurs tels que U-Jin ou Eiji Otsuka. Il fait en effet preuve d’une véritable sensibilité artistique, en s’inscrivant notamment au club d’art de son lycée, mais doit abandonner ses rêves de Beaux-Arts (section peinture) pour raisons financières. Car Ito Ôgure joue beaucoup au pachinko. Trop, même. Sa carrière réduite à celle d’un employé de bureau bien casé menace de voler en éclats sous ses dettes, tout comme ses projets de mariage réduits à néant après que sa fiancée l’a plaqué.

Pris à la gorge, il tente donc le tout pour le tout afin de se renflouer, et participe à un concours de manga en 1993. À défaut de remporter le premier prix, il empoche une récompense de 100 000 yens (600 €) qui l’incite à persévérer dans cette voie. Il prend alors le pseudo de Oh ! Great, jeu de mots avec la prononciation de son nom (Ôgure Ito), et débute une longue carrière dans les pages du magazine érotique qui l’a repéré, Hot Milk. Triolisme, sado-masochisme, zoophilie, le dessinateur ne se pose aucun tabou pour les histoires pornographiques qu’il publie. Cette période lui sert surtout de laboratoire scénaristique et graphique : Oh ! Great aborde tous les genres (fantasy, science-fiction, tranches de vie…) et multiplie les expérimentations (dessins sans trame, encrage épais rappelant le graff…). Prenant de plus en plus d’assurance, le dessinateur tente une première œuvre hors du champ érotique, l’adaptation en manga de l’OAV Burn-Up W en 1997. Ce galop d’essai l’incite à proposer à Shueisha un titre original la même année : Enfer & Paradis (disponible aux éditions Panini).

La fresque fantastique qui mêle bastons de lycéens et conflits centenaires s’étalera au final sur 22 tomes jusqu’en 2010, avec une adaptation en série animée de 24 épisodes en 2004 – elle lui ouvre également les portes du jeu vidéo, où il créera des personnages pour les jeux de baston Tekken 5 et 6 ainsi que Soulcalibur IV. Le public s’extasie devant le talent d’Oh ! Great pour représenter les corps masculins et féminins, mais aussi sa maîtrise des perspectives et des (contre-)plongées, autant d’éléments hérités de sa carrière érotique. En parallèle, le mangaka propose un titre plus léger et joyeux, Air Gear, chez la maison d’édition concurrente Kôdansha. Entre 2002 et 2012, cette ode aux rollers et à la liberté cumulera 37 tomes (disponibles aux éditions Pika) ainsi qu’une adaptation animée en 26 épisodes en 2006. Avec ces deux titres, le dessinateur s’impose comme une nouvelle vedette au Japon comme à l’international. Si Biorg Trinity (2012-2017) reste plus confidentiel, cet exercice de style qui permet à l’auteur de fusionner les corps humains avec à peu près tout et n’importe quoi s’étale quand même sur 14 tomes (disponibles chez Crunchyroll). Mais c’est avec son adaptation de Bakemonogatari (2018-2023) qu’il laisse exploser son talent graphique pendant 23 volumes (disponibles chez Pika), lui offrant l’adhésion d’une nouvelle génération de lecteurs. Le suivra-t-elle à nouveau sur son nouveau projet Kaijin Fugeki annoncé dans le Shônen Magazine de Kôdansha ? Réponse à partir du 29 mai !

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A propos de l'auteur

Matthieu Pinon