Lors du dernier salon Paris Manga qui s’est tenu en octobre 2013, la série Casshern Sins était loin d’être sold-out que ce soit en DVD et Blu-ray sur les stands. En revanche, les présentoirs de Darker Than Black, Mushishi ou Sword Art Online étaient, eux, presque vides. S’il serait injuste de comparer Casshern Sins à ces titres, il est évident que la série de Madhouse souffre d’une notoriété moindre. A moins que la longue attente avant sa commercialisation n’eut été comblée par le téléchargement illégal…
Une série qui divise
La raison est peut-être tout autre. Anime à l’identité visuelle forte, Casshern Sins est de nature à diviser les spectateurs : une production est-elle de qualité sans un scénario solide et/ou original ?
Coupable d’avoir tué le soleil nommé Luna, Casshern a répandu « la ruine », un mal qui tue toutes formes de vie, robots compris. Amnésique, notre héros robotique immortel ne sait plus que penser et partira en quête de réponses, dérouillant le premier qui s’approche pour le « manger » et ainsi gagner la vie éternelle, comme le raconte la rumeur…
Disons le tout de suite, la trame ne subira pas de grande évolution. Cette dernière est plutôt propice à servir d’arène pour y développer des affrontements. Se battre pour vivre, vivre pour sa battre, ou se battre pour se sentir vivre. La réflexion n’est pas aussi profonde que le suggère l’animé, porte-parole du « c’est parce que l’on meurt, qu’on aime vivre ».
Mangez Casshern
En revanche, en matière de mise ne scène et poses classieuses, Casshern a des arguments à faire valoir. En dépit de l’ancienneté de la série, le travail est de qualité (avec plusieurs français dans le staff de quelques épisodes). Le design du tant décrié Yoshihiko Umakoshi (Saint Seiya Omega, Berserk) est ici gagnant en ne s’écartant que très peu du modèle d’origine des années 1970. Les personnages gagnent en finesse, exposant un vrai dynamisme lors des combats. Nerveux et violent, Casshern tue de sang-froid, comme tout bon robot. Ses remords ne ressortent qu’après, une fois la tension retombée. L’univers mêle couleur sobre et pastels, symbole de cette bascule entre poésie et mélancolie. La beauté du geste est un parti pris que l’on doit au réalisateur, l’expérimenté Shigeyasu Yamauchi, qui a surtout travaillé pour la Tôei Animation.
Plaire, mais à qui ?
La fin en queue de poisson ainsi que les quelques temps faibles ne plaident pas la cause de Casshern, d’autant que la série n’atteint pas le génie graphique d’un Afro Samurai ou la folie magique d’un Dead Leaves, même si le format est différent. Plus récemment, le film Into The Void de Gaspare Noé avait suscité la polémique en préférant la forme au fond. Rien n’est inscrit dans le marbre en matière de choix de réalisation. Mais si plaire au plus grand nombre, c’est plaire à n’importe qui, Casshern Sins choisit ses cibles. Un péché mignon, rien de plus.
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