Sharbett assume parfaitement les jeux de mots pourris et les allusions à tout et n'importe quoi dans ce topic.
Quelque part dans le AL du mois dernier, un monsieur sans vêtement tenait, l’air farouche, une grande plaquette de bois devant lui d’une main, et brandissait un balai de l’autre.
« Marrant, cette impression de déjà-vu. Pourquoi c’est une impression de déjà-vu ? C’est vraiment familier, comme truc, pourquoi ? »
L’équivalent temporel d’un voyage Massalia-Lutèce par char à bœufs plus tard, Minerve, ayant compris que je n’y arriverais pas seule, daigna me filer un coup de main, et l'illumination me tomba dessus comme Icare dans la Méditerranée :
« Mais par Jupiter, c’est un légionnaire ! Il a la pose du mec au combat, bouclier rectangle et pilum plus solide que le sternum ! Oh làlà, cette illustration me désopile tellement que je m’en esclaffe à grand bruit ! Je VEUX ce manga ! »
Chose autopromise, chose autodue : je quittai une librairie au nom latin avec les deux livres dans un sac.
Thermae Romae! De quoi ça cause ?
Lucius Modestus, malheureux au boulot et en ménage, ne sait pas comment fabriquer de nouveaux thermes, ces bains publics où l’on se lave avec de l’eau chaude et/ou froide. Or, lors d’un bain, la vie parfois fait plouf*, et par une aberration que l’on peut se permettre parce qu’on fait ce qu’on veut dans les histoires, Lucius se retrouve plongé là où nous rêvons tous d’aller : dans de l’eau chaude moderne japonaise**. Notre architecte va en profiter pour apprendre encore plus de raffinement dans les jeux d’eau !
Lucius, il est sympathique. Il est cultivé : il a fait ses études à Athènes, comme tout Romain bien né et érudit. Il est intelligent : il analyse vite les choses. Et surtout, il est tellement romain : il ne cesse de clamer la supériorité de Rome sur le reste du monde.
Cette manie pourrait devenir très vite agaçante, surtout si on ne connaît pas l’orgueil culturel romain plus ou moins justifié, mais à vrai dire, ce n’est qu’une plaisante boutade de plus parmi un tas d’amusants quiproquos à la façon des Rois mages des Inconnus. Au fond, chaque fois qu’il loue la grandeur et la magnificence de Rome, il est impossible de ne pas entendre tous les compliments adressés au Japon pour l’excellence de sa tradition thermale et les progrès de sa civilisation. Et lesdits compliments, prononcés par la personne la moins probable au monde, possèdent une saveur et une drôlerie irrésistibles.
En fait, Thermae Romae est un documentaire sur le bain japonais, commenté par un architecte de l’Antiquité. C’est une idée brillante ! Lucius découvre et interprète tout avec ses propres codes, et le décalage donne un manga hilarant. Je précise au passage qu’il a beau voyager en immersion totale (si je puis dire), la barrière de la langue ne tombe pas, et c'est tant mieux : il garde ses propres idées jusqu'au bout.
L’histoire prend un tour plus dramatique à la fin du tome 2 avec de nouveaux défis, notamment sauver la pax romana en gardant les citoyens en bons thermes ! Lucius va-t-il réussir, pour Rome et pour l’empereur Hadrien ? Nous l’espérons.
En conclusion, nous remercions les neuf Muses pour avoir inspiré cette œuvre légère, divertissante tout en formant un joli pont vers des cultures étrangères, et félicitons Mari Yamazaki pour son remarquable travail de reconstitution historique. Admirez donc:
*Même si la chanson des Wriggles ne veut pas dire ça du tout.
**Vous ne saviez pas que vous en rêviez ? Ben je vous l’apprends.