Manga à bon potentiel dont je suis très curieuse de découvrir la suite, je vous présente Red Raven. La publication française a commencé avec la sortie simultanée des tomes 1 et 2 pour Japan Expo ; peut-être, si vous y étiez, avez-vous remarqué les immenses panneaux Red Raven qui habillaient le stand Kana. Récemment est sorti le troisième tome, que j’ai beaucoup apprécié. De simple série sympathique, ce titre est définitivement passé dans la catégorie de ceux que je vais suivre.
Certes, c’est formidable, mais Red Raven, ça cause de quoi ?
L’action se situe en Italie, dans un monde ultraviolent dominé par la mafia. Les paysages méditerranéens, qu’on devine très ensoleillés, sont ici moins producteurs de vin que maculés de sang. Le pays est morcelé en territoires, placés sous la houlette de différentes familles qui s'allient ou s’opposent les unes aux autres. Chaque chef conçoit la mafia à sa façon : certains se donnent pour mission de défendre une vision du monde et de la famille, d’autres ne souhaitent que semer la peur et se remplir les poches. Au milieu de tout ça, on trouve l’énigmatique mafia blanche, qui répand les armes à tous les camps et attise les conflits. On trouve aussi les Red Raven, bourreaux du gouvernement et agents régulateurs, chargés d’exécuter les sentences officielles.
Nous suivons les pas de l’un d’entre eux, le Red Raven IV, Andy. Chargé d’un lourd passé, il se définit comme une simple « force » au service du gouvernement, dénué de sentiments et simple machine à exécuter. Au fond, il combat surtout la haine qui l’habite, tournée vers la famille disparue Sccaggs, et leurs armes exceptionnellement puissantes qui pullulent toujours un peu partout…
De prime abord, l’histoire personnelle d’Andy, ses traumatismes d’enfant et son désir de vengeance rappellent Kuroshitsuji. Le cadre de la mafia pourrait, lui, évoquer Reborn. Pourtant, on s’aperçoit vite qu’on est très loin d’une vision idéalisée de ce milieu, mais au contraire immergés dans un monde sans aucune pitié…
L’intérêt est vite attisé par l’univers et notamment par ces armes numérotées que sont les Sccaggs, chacune présentant des caractéristiques uniques. L’ombre de cette famille plane toujours, et avec elle le mystère : qui sont-ils ? Sont-ils toujours actifs ? Quel but poursuivaient(poursuivent ?)-ils ?
En parallèle, les différentes conceptions de la mafia se heurtent par le biais des familles. Délaissés par le gouvernement, les citoyens ont fait confiance au système mafieux pour assurer leur protection. Qu’en est-il réellement ? Défendent-elles vraiment les valeurs dont-elles se targuent ? Ou ancienne et nouvelle mafia sont-elles les mêmes visages d’un pouvoir corrompu et oppresseur ?
De leur côté, les mal-aimés Red Raven sont puissants, mais montrent vite leurs limites. Plongés dans le chaos, on se demande quelles sont leurs réelles perspectives. Leur destin semble court et sombre, au milieu de luttes et d’enjeux qui les dépassent…
Le manga se lit bien et devient de plus en plus intéressant à mesure qu’on avance. Il déploie à mon goût tout son potentiel avec le troisième volume. Le rythme y est effréné, les affrontements nombreux. Attention cependant, attendez-vous à une lecture où les balles pleuvent, et beaucoup d’hémoglobine avec elles.
Dans un tel monde, on se demande quelle est la place de chaque personne et tant qu’être humain. Que l’on soit d’une famille mafieuse, un Red Raven ou un simple citoyen, quelle est la place de l’Homme au milieu de la violence et des armes ? Ce manga offre une réflexion, de prime abord déroutante, sur l’utilisation de la « force » qui, loin d’être un moyen pour atteindre un idéal, est ici devenue l’idéal.
Outre les mystères de l’histoire en elle-même, l’envie de connaître l’évolution des personnages, le questionnement de fond que ce titre offre est très intéressant à suivre. J’ai hâte de voir comment tout cela va évoluer !